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De la Terre à la Lune - Autour de la Lune (coffret)
Jules Verne
LGF, Livre de Poche, coffret, deux romans (France 1865 & 1870), SF - astronautique, 254 & 248 pages, juin 2009, 10,50€

« De la Terre à la Lune » débute quelques années après la fin des hostilités qui opposèrent les états du Nord et du Sud des États-Unis. Fanatiques de l’artillerie, les membres du Gun Club de Baltimore s’ennuient.
Sous l’impulsion de leur énergique président Impey Barbicane, ils décident donc de construire un fabuleux canon qui permettra d’envoyer un obus sur la Lune.

Dans « Autour de la Lune », nous retrouvons Impey Barbicane, le capitaine Nicholl et le Français Michel Ardan dans l’espace. Ils ont survécu au tir, mais ont un gros problème sur le dos : le retour sur Terre est plus compliqué que prévu !



Afin de fêter dignement les quarante ans du premier alunissage de l’homme (sur la Lune donc), le 24 juillet 1969, le Livre de Poche a édité un sympathique coffret comprenant deux classiques du grand Jules Verne.
Parus en 1865 et 1870, « De la Terre à la Lune » et « Autour de la Lune » forment toujours un des plus célèbres diptyques de la série des Voyages Extraordinaires.

Et reconnaissons-le, malgré quelques idées parfois loufoques ou surréalistes avant l’heure, bien que directement issues des connaissances scientifiques de l’époque, on est encore et toujours séduits par la joyeuse inventivité distillée par ces deux romans. Loin de nous l’idée de vous apprendre quoi que ce soit d’inédit au sujet de l’écrivain et de ses œuvres, mais le plaisir tout simple de lire avec grand plaisir un « classique » de la littérature d’anticipation ne se refuse jamais.

Outre le fait de proposer une prose pas aussi stylistiquement neutre qu’on le dit dans les cercles instruits et cultivés, il faut une fois pour toute reconnaître à Jules Verne une faculté inégalée d’étonner ses lecteurs, du plus jeune au plus âgé.
Moteur central de la totalité de sa production, la curiosité intellectuelle est l’élément primordial autour duquel tout s’articule et fonctionne.
Entre les explications scientifiques longuement documentées, vulgarisées avec un brio évident rarement ennuyeux, son histoire est une aventure hors normes menée tambour battant.
Certes, on en n’attendait pas moins d’une intrigue qui propose d’aller dans l’espace dans un obus propulsé par un canon géant, idée déjà surprenante en 1865, mais il faut en plus un réel génie de la narration pour rendre tout cela passionnant et presque crédible en 2009.
Jules Verne y parvient en usant d’un humour permanent qui lui sert tout autant à désamorcer des situations romanesques volontairement mal engagées, qu’à gérer les relations parfois orageuses que connaîtront les trois principaux personnages sur lesquels il va focaliser son récit.

Il y a tout d’abord Impey Barbicane, président du Gun Club de Baltimore, initiateur du projet, dont le but premier est de réveiller de leur torpeur les membres de son association, englués dans l’ennui provoqué par la fin de la Guerre de Sécession. Il y a aussi le capitaine Nicholl, son ennemi juré et futur compagnon de voyage, qui n’a pu prouver la suprématie des armes défensives sur les armes offensives... car l’armistice est arrivé trop tôt. Et puis, last but no least, il y a l’aventurier Français Michel Ardan -dont le nom est un hommage au photographe Nadar, ami et contemporain de Jules Verne- qui va réconcilier les deux ennemis et les transformer en alliés indéfectibles.
Si de savoureux dialogues entre les membres de ce trio improbable vont « tenir » ces deux romans, il faut aussi souligner l’étonnant pouvoir de divination scientifique de Jules Verne ainsi que sa faculté à retourner logiquement les situations les plus compromises sans que le lecteur n’en soit jamais choqué.

Construire un canon géant pose forcément un problème insoluble pour une petite association d’artilleurs à la retraite, mais pas de souci ! Vision prémonitoire placée sous la contrainte des faits financiers, une grande souscription mondiale permet la concrétisation matérielle du projet tout en anticipant avec plus d’un siècle et demi d’avance les conditions économiques contemporaines de l’aventure spatiale.
Le lieu d’implantation du canon est quant à lui résolu grâce au raisonnement scientifique. La Floride est choisie et la démarche expliquée. Proche de l’équateur terrestre qui va favoriser, grâce à la vitesse de rotation de notre planète, un tir moins dispendieux en énergie, Jules Verne tient exactement le même raisonnement qui verra la Nasa s’installer dans le même état, à Cap Canaveral.
Le retour sur Terre paraît impossible sans risquer la mort des trois explorateurs ? C’est un amerrissage en plein océan, comparable à ceux des missions Apollo, qui vient au secours de nos héros.
Fait du hasard ou de la logique, la durée du voyage est aussi très proche de celle des premières missions Apollo comparables (aller et retour Terre-Lune avec orbite lunaire). Jusqu’à l’équipage présent dans l’obus et limité à trois personnes, tout comme les Américains mettront trois astronautes dans leurs capsules spatiales, les coïncidences sont multiples et ne cessent de surprendre.
Et ce n’est pas tout, en situant le projet aux États-Unis, Jules Verne pressent -rétrospectivement pour le lecteur contemporain- l’émergence d’une civilisation technologiquement surpuissante. À une époque où seules la Grande-Bretagne et la France semblaient en mesure d’accomplir de tels exploits, et où les États-unis sortaient d’une guerre fratricide épuisante, la proposition n’était pas évidente.

Et par-dessus tout, il y a cet art d’éveiller la curiosité scientifique de chacun en provoquant une lecture euphorisante en diable pour nos petits neurones.

Nos amis intellos pourront toujours pinailler, il faut bien admettre que dans la pléthore des grands écrivains français du XIXe siècle, Jules Verne est, à l’égal de Victor Hugo, celui qui projeta par son seul et réel talent sa prose au cœur des temps futurs.
Et si son succès mondial et permanent n’en est pas la preuve absolue, on se demande bien alors où il faut chercher les raisons de cette reconnaissance universelle.
Aujourd’hui comme hier et comme demain, « De la Terre à la Lune » et « Autour de la Lune » n’ont pas fini de séduire des millions de lecteurs.

Cette double édition proposée par le Livre de Poche est emboîtée dans un coffret rigide orné d’une des plus célèbres photos de la mission Apollo 11. Les deux ouvrages reprennent évidemment le texte original des éditions Hetzel et comportent bien les quarante-deux illustrations de Montaut pour le premier volume et les quarante-quatre de Bayard et De Neuville pour le second.
La même biographie de huit pages (non signée) conclut les deux ouvrages et s’avère fort utile.

Conseillée de 7 à 77 ans évidemment.


Coffret : Jules Verne (1969 Ils ont marché sur le Lune 2009)
- Deux romans
Auteur : Jules Verne
Éditeur : LGF
Collection : Le Livre de Poche
Couverture : Nasa (photo)
Maquette : Christophe Bouillet
Site Internet : fiche coffret (site éditeur)
Format (en cm) : 18 x 2,5 x 11
Dépôt légal : mai 2009
EAN : 9 782253 088820
ISBN : 978-2-253-08892-0
Prix : 10,50€


Titre : De la Terre à la Lune, Trajet Direct en 97 Heures et 20 Minutes (roman, 1865)
Première édition (France) : Éditions Hetzel - Bibliothèque d’Éducation et de Récréation (1865)
Collection : Les Voyages Extraordinaires
Couverture et illustrations originales : Montaut (41 dessins et 1 carte)
Maquette : Christophe Bouillet
Pages : 254

Titre : Autour de la Lune (roman, 1870)
Première édition : Éditions Hetzel - Bibliothèque d’Éducation et de Récréation (1870)
Collection : Les Voyages Extraordinaires
Couverture et illustrations originales : E. Bayard & A. De Neuville (44 dessins)
Maquette : Christophe Bouillet
Pages : 248



Stéphane Pons
25 septembre 2009


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Un coffret anniversaire pour deux œuvres « classiques » de Jules Verne (Livre de Poche, 2009)



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