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Larmes d’Artamon (Les) – T1 : Seigneur des Neiges et des Ombres
Sarah Ash
Le Livre de Poche, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), fantasy, 736 pages, novembre 2008, 7,50 €

Dans le sud du continent, Gavril Andar, jeune artiste peintre, mène une vie tranquille jusqu’au jour où il apprend l’identité de son père : Volkh Nagarian. À la mort de ce dernier, il lui est révélé qu’il est l’héritier du royaume d’Azhkendir, terres hivernales du Nord.
Refusant cette charge, il est enlevé par les gardes de feu son père, les druzhina, qui l’emmènent dans le Nord pour qu’il assume son statut de Drakhaon, seigneur protecteur.
Prisonnier, Gavril découvre petit à petit la réelle signification du rôle qu’il est appelé à endosser. Cela ne lui plaît pas du tout et il aimerait changer le cours des choses…



Après trois premiers récits, Sarah Ash, anglaise et musicienne, a écrit la présente trilogie : Les Larmes d’Artamon, dont voici le premier tome : « Seigneur des Neiges et des Ombres ».

Contrairement à la grande majorité des auteurs, elle ne se cantonne pas au seul cadre de type Moyen Âge. Si l’Azhkendir répond à ce critère, les autres royaumes du continent apparaissent plutôt évolués et font penser à nos XVIIIe – XIXe siècles.
C’est ainsi que Gavril tombe d’une villa au soleil dans un château glacé. Il y refuse la charge héréditaire de la dynastie paternelle des Nagarian. A-t-il seulement le choix ? Au décès de son père, le Drakhaoul l’a quitté et a investi le corps de Gavril, lui conférant alors le statut de Drakhaon.
Le Drakhaoul est une espèce de symbiote octroyant le pouvoir à son hôte de se transformer en dragon. La puissance de l’Azhkendir tient bien moins à la puissance de son armée qu’aux terribles pouvoirs de son seigneur, capable à lui seul d’anéantir les ennemis. Revers de la médaille : petit à petit il perd son humanité et se transforme. Le besoin d’ingérer du sang de victimes innocentes devient toujours plus pressant.
Tout cela nous ramène bien sûr au mythe du vampire. Rien que le nom, proche de celui de Dracula, plus ce besoin de sang, et le parallèle est immédiat. Dans un cadre moyenâgeux, Sarah Ash place donc une figure récente. Pour enrayer cette malédiction, Volkh puis Gavril en appellent à la science. Les apparences sont donc trompeuses, l’auteure aime mélanger les époques.
Dans le royaume évolué du Tielen, sous la coupe du prince Eugène, un mage officie et va donc à l’encontre de son temps. Avec des détails de la sorte, Sarah Ash brouille volontairement les pistes et fait fi des conventions du genre, afin d’enlever les idées préconçues des lecteurs en termes de fantasy.

De même, l’auteure se plaît à nous pousser à l’interrogation quant au rôle de certains protagonistes. La plupart d’entre eux montrent plusieurs visages et complexifient le récit.
Gavril se débat au milieu de tout ce monde. Il n’a jamais rien demandé et n’aspirait qu’à des jours paisibles. Entre conflits d’intérêts, personnel et d’état, son cœur balance. Il hésite sans cesse, regrette ses choix et la qualification d’anti-héros n’est pas usurpée.

Assez nombreux, les personnages apportent tous leur pierre à l’édifice. Il faut dire que ce tome est épais (plus de 700 pages) et qu’il faut de quoi donner l’envie au lecteur d’aller jusqu’au bout. Ce en quoi Sarah Ash réussit parfaitement. Le volume se lit très vite car, dès qu’on est pris dans l’histoire, on ne désire qu’avancer pour en savoir la fin.

La volonté expansionniste d’Eugène qui veut dominer les cinq royaumes du continent de Rossiya constitue un des éléments clés du récit, car cela entraîne toute la chaîne des évènements décrits. À l’image du grand Artamon, il veut coiffer la couronne aux cinq rubis, les larmes d’Artamon, le symbole de l’unification.

Là où Sarah Ash n’est pas à l’aise et ne convainc pas, c’est justement dans les batailles. Pas de revue d’effectifs, on n’a pas l’impression que beaucoup de monde soit concerné. Les troupes du Drakhaon semblent se résumer à une poignée de soldats. En ce domaine, elle oublie la crédibilité. Dommage qu’elle n’ait pas pris la peine de traiter ce pan de l’histoire aussi bien que le reste.

En conclusion, Sarah Ash a su instaurer un cadre dépaysant dans un récit de fantasy, elle a construit une histoire touffue (reconnaissons-le !), intéressante et prenante, avec des personnages complexes, loin d’être pétris d’assurance.
« Seigneur des Neiges et des Ombres » mérite donc le détour et entame de belle manière Les Larmes d’Artamon.


Titre : Seigneur des Neiges et des Ombres (Lord of Snow and Shadows, 2002)
Série : Les Larmes d’Artamon (The Tears of Artamon)
Auteur : Sarah Ash
Traductions de l’anglais (Grande-Bretagne) : Michèle Zachayus
Première édition française : Bragelonne
Couverture : Didier Graffet
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Fantasy
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 736
Format (en cm) : 17,8 x 11
Dépôt légal : novembre 2008
ISBN : 978-2-253-08789-2
Prix : 7,50 €



François Schnebelen
15 septembre 2009


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Illustration de Didier Graffet



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