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Immortel ad Vitam
Film français de Enki Bilal (2004)
23 mars 2004

***



Genre : science-fiction
Durée : 1h42

Avec Linda Hardy (Jill Bioskop), Thomas Kretschmann (Alcide Nikopol), Charlotte Rampling (Elma Turner), Frédéric Pierrot (John), Thomas M. Pollard (Horus), Yann Collette (Froebe)

New-York, 2095. Un dictateur manipulé (le sénateur Allgood), une multinationale aux pouvoirs contestés (Eugenics Corporation), un passeur extraterrestre (John), une inclusion étrangère imperméable à toute exploration, une pyramide de Dieux égyptiens en quête de carburant, des humains modifiés, des mutants ou des aliens camouflés, bref, tout un petit monde entre vie et survie avant la grande extinction prévisible. Champ de ruines, état de déliquescence avancé et prémonitoire, épuisement des énergies et des envies, le salut ne pourra venir que du Dieu Horus (futur condamné aux 7 jours de liberté sur Terre), de l’énigmatique Jill (héroïne bleu azur) et de Nikopol (l’humain du passé et voie/voix du futur possible).

Reprenant en filigrane la trame du couple BD “La foire aux Immortels” et “La femme piège”, Enki Bilal et Serge Lehman ont tenté de donner un aspect cinématographique à une œuvre hybride et mutante par excellence. Si le mélange personnages 3D, acteurs réels, surprenant de prime abord s’avère plutôt acceptable, si l’histoire est en soi tout à fait supportable et lisible, si les acteurs (réels et virtuels) font correctement leur travail, on ne peut s’enthousiasmer pour un résultat aussi ambigu. Pas un chef-d’œuvre, pas un échec. Ni l’un, ni l’autre et c’est bien ce qui gène aux entournures. On voudrait vibrer et l’on frémit à peine. On voudrait rêver et l’on somnole parfois.

Avec des moyens avoués enfin à sa disposition, Bilal réussit-il son pari ? Oui et non, serions-nous tenter d’avouer... Une étrange déception accompagne la digestion de cette œuvre. On voudrait s’extasier sur les qualités graphiques du projet mais n’étaient-ils déjà pas mieux et directement aboutis dans les BD d’origine ? On voudrait se replonger avec bonheur dans une intrigue savourée plusieurs fois et malgré quelques nouveautés originales (John, l’inclusion alien, un étrange mutant-requin-tueur rouge sang, un flic sorti tout droit des polars des années quarante Elma Turner -Charlotte Rampling excellente en médecin, chercheuse de vérité) on remarque surtout les absences (Gogol le chat, tous les seconds rôles des BD donnant de la vie et de la consistance au récit).

Finalement, dans cette mégalopole du futur où humains modifiés, mutants en liberté et extraterrestres “jouent” l’avenir à chaque instant, seule transparaît une étrange mélancolie rythmée par des extraits de poèmes. On voulait du Bilal et on se retrouve avec Baudelaire !

En ne s’attachant pas à travailler sur une trame simplifiée de l’histoire symbolisée par les Dieux égyptiens, Nikopol (la révolte) et Jill (l’espoir), Bilal a sans doute volontairement choisi de continuer à créer, vaille que vaille, en se refusant à prendre les sentiers battus et rebattus qu’auraient emprunté le premier réalisateur anglo-saxon venu pour “faire” un succès populaire et planétaire. L’effort est louable, appréciable et plein d’honnêteté mais cette volonté de surfer sur les ailes du rêve s’accomplit sans doute au détriment du résultat cinématographique (malheureusement).

Et s’il s’agissait là, en fait, de la seule et grande réussite du projet : s’inscrire dans une œuvre tout entière centrée sur les concepts de ruines et de renaissance. L’extinction inéluctable et la mort ou la révolution douce et l’espoir, tels sont une fois de plus les thèmes abordés à travers un film étrange, qui promet beaucoup (parfois), offre peu (souvent) et donne cependant à réfléchir (tout le temps).

De Bunker Palace Hôtel, film à petits moyens mais maîtrisé et réussi, à Tykho Moon ambitieux, intéressant et... raté, tout le monde attendait avec impatience ce qui devait être LA grande réussite de Bilal.

Au final, en fonction de l’humeur du spectateur (peut-être ?), la déception ou le plaisir l’emporteront, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi ou comment.

Cependant, ne nous y trompons pas, à voir absolument tant les réalisateurs-créateurs qui acceptent de prendre des risques avec leurs idées sont si rares à nos époques dollardisées à l’extrême.

Au cinéma comme en football, l’art du contre-pied improductif peut aussi avoir ses admirateurs, surtout quand il ne s’agit que d’un acte esthétique et gratuit !

Attachant et... énervant !

FICHE TECHNIQUE

Réalisation  : Enki Bilal

Scénario : Enki Bilal et, Serge Lehman d’après les bandes dessinées de Enki Bilal

Producteurs : Dominique Brunner, Charles Gassot

Musique originale : Goran Vejvoda
Image : Pascal Gennesseaux
Montage : Véronique Parnet
Distribution des rôles : Bernard Savin Pascaud
Création des décors : Jean-Pierre Fouillet
Création des costumes : Mimi Lempicka
Technicien du son : Pierre Lenoir

Production : TF1 Films Productions, CiBy 2000, RF2K Productions, Force Majeure Productions, Medusa Film S.p.a., Téléma
Distribution : Herald Film Company, UGC-Fox Distribution (UFD),
Effets spéciaux : Duran


Stéphane Pons
23 mars 2004



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