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Derniers Jours du Monde (Les)
Film Français de Jean-Marie et Arnaud Larrieu (2009)
19 août 2009

****



Durée : 2h10
Genre : drame, SF

Avec Mathieu Amalric (Robinson), Catherine Frot (Ombeline), Karin Viard (Chloé), Sergi López (Théo), Omahyra Mota (Laetitia), Clotilde Hesme (Iris), Sabine Azéma (la marquise d’Arcangues), Bertrand Burgalat (musicien dans un chateau), etc.

Alors que des pluies de cendres tombent sur Biarritz, que les nappes phréatiques sont contaminées, que d’étranges virus déciment la population, que des tremblements de terre secouent la planète et que des explosions diverses et variées s’abattent sur toutes les villes du globe, Robinson Laborde (Mathieu Amalric) se souvient.
Amoureux de l’étrange Laetitia, il a divorcé de sa femme avant que sa maîtresse ne le quitte sans aucune explication et disparaisse sans laisser d’autres traces que des souvenirs.
La fin des temps qui s’annonce n’est-elle pas le moment idéal pour essayer de retrouver celle qu’il aime toujours ?

Jean-Marie et Arnaud Larrieu sont deux frères, réalisateurs Français de films atypiques, aux tons très personnels et à nul autre pareil (cf. « Le Voyage aux Pyrénées »).
Depuis plusieurs années, ils avaient ce projet d’adaptation d’un roman de Dominique Noguez, une forme de road movie sur fond d’apocalypse planétaire.
Ils en tirent aujourd’hui un film passionnant, d’une grande émotion, ode à l’amour éternel.

Il s’appelle Robinson (parfaitement interprété par Mathieu Amalric) et cherche à retrouver Laetitia (l’étrange Omahyra Mota) dont il est tombé raide amoureux lors d’une rencontre qui doit autant au hasard qu’à la destiné. Au travers de son périple, il va traverser des régions où les hommes tentent de vivre -comme si de rien n’était- alors que le chaos s’installe tranquillement autour d’eux.
Robinson quittera Biarritz lors de l’évacuation de la région. Il débarquera en Espagne pour les fêtes de la San Firmin à Pampelune (on devine), reviendra en France dans une cité toulousaine devenue capitale de l’hexagone et passera par les vallées du Lot et du Célé s’attardant avec Iris près des grottes du Pech-Merle (comme s’il fallait payer un tribu symbolique à l’un des berceaux de l’humanité préhistorique). Ensuite, il fera une courte halte dans un château devenu le lieu d’une partouse de grands bourgeois (tendance rétro sixties) à la conclusion hilarante, puis tentera de rejoindre Paris, l’espoir chevillé au corps.

A scooter, à vélo, à pieds, en train, en voiture, Robinson va tout particulièrement croiser les chemins sentimentaux de trois femmes et d’un homme.
Ombeline (Catherine Frot lunaire et décalée) qui a aimé son père et avec qui il fera aussi l’amour ; son ex femme, Chloé (avait-on vu Karin Viard aussi épanouie dans un rôle ?) qui se débat dans ce qu’il reste des hautes sphères d’un gouvernement Français replié à Toulouse et enfin l’étonnante Iris (diaphane Clothilde Hesme qui rend parfaitement la fatalité de son rôle).
Et enfin Théo (Sergi Lopez), l’ami de toujours, chanteur d’opéra qui lui avouera son impossible passion avant d’en finir avec la vie.
D’évacuations forcées en scènes d’attentats terroristes imprévus, Robinson va également nous plonger dans son passé récent, celui où il a rencontré Laetitia. Le spectateur comprenant réellement, grâce à de nombreux flashback, ce qu’est vraiment une passion amoureuse.

« Les Derniers Jours du Monde » est aussi un film totalement immergé dans des musiques sensitives : Manuel de Falla, Bertrand Burgalat, Daniel Darc et principalement Léo Ferré. Il convient de souligner ici à quel point la mélancolie permanente ainsi que la solitude quasi misanthropique qui émane de chaque chanson colle à la peau du film comme à celle du spectateur. On notera d’ailleurs que la première chanson entendue par Robinson à la terrasse d’un café de bord de mer plante le décor mental du scénario dès les premières minutes (cherchez l’auteur du poème ainsi que son thème et vous comprendrez).

Il y a dans « Les Derniers Jours du Monde » une poésie profonde, un amour de l’amour, une joie à montrer en permanence le naturel des corps sans dénaturer le plaisir de la chair, qui réjouit profondément. La répétition des scènes où les acteurs sont nus, loin de choquer ou de provoquer, entraîne d’intenses palpitations de l’âme.
Le tour de force des frères Larrieu est d’aller à contre courant des films apocalyptiques classiques -aussi réussis soient-ils (cf. « Les Fils de l’Homme »). Durant deux heures et dix minutes, le monde est beau, parfaitement filmé avec une photographie contemplative époustouflante.
Leur réalisation ne se pose pas de limite non plus. Quelques séquences (évacuations, décontaminations, attentats, un hôtel où tous les résidents sont morts, etc) solidifient et rendent crédible leur propos sans en rajouter dans la surenchère stylistique (les artifices pyrotechniques à la mode contemporaine).
Le monde se meurt, l’humanité disparaît, mais dans un calme apparent assez étonnant. Loin de chercher à empêcher tout cela, les principaux protagonistes pensent avant tout à se libérer des fardeaux posés sur leurs frêles épaules par cette chienne de vie.

Partir libres (« Enfin Libres ! » insiste l’affiche du film), s’alléger l’âme avant que l’esprit ne quitte son corps, semble bien être l’idée centrale du projet.

On ne peut qu’adhérer à l’originalité du propos. Plutôt que de sauver la planète, pensons à l’amour (et au sexe, aussi) ! Le discours est radical, novateur, surprend et fait si « Français » qu’il en devient délicieux dans un univers cinématographique mondialisé où l’on a trop souvent l’impression de voir toujours le même film.
Et si tout se termine sur une dernière chanson de Léo Ferré (« Ton Style »), qui dans son étonnante crudité (« Ton style c’est ton cul c’est ton cul »), loin de la trivialité que l’on voudrait y voir n’est que l’affirmation du désespoir d’un chant de pure sincérité, il faudra se souvenir que la philosophie de ces « Derniers Jours du Monde », est toute entière dans les derniers vers du poème du grand Léo :
- "Quand la nuit a jeté ses feux et qu’elle meurt
Ton style c’est ton cœur c’est ton cœur c’est ton cœur".

Et tout fut dit.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Scénario : Arnaud et Jean-Marie Larrieu
D’après le roman de : Dominique Noguez (« Les Derniers jours du Monde », publié aux éditions Robert Laffont)

Producteur : Bruno Pesery
Coproducteurs : Paco Poch, Aileen Li
Productrice associée : Hsieh Chinlin
Direction de production : Hervé Duhamel

Photographie : Thierry Arbogast (afc)
Assistant réalisateur : Arnaud Dommerc
Son : Olivier Mauvezin, Béatrice Wick, Stéphane Thiébaut
Décors : Ana Alvargonzales, Riton Dupire-Clément
Costumes : Caroline Tavernier
Maquillage : Delphine Jaffart
Distribution des rôles : Stéphane Batut
Montage : Annette Dutertre

Musiques (Liste non exhaustive) :
- Léo Ferré - Versions orchestrales : La Mort des Loups, Night and Day, Love - chansons : Jolie Môme, Ton style
- Bertrand Burgalat - Musique “live” au château : Aux Cyclades éléctroniques
- Manuel De Falla (extrait d’opéra) - La Vie Brève
- Daniel Darc - J’irai au Paradis

Distribution : Wild Bunch Distribution (France)
Production : Soudaine Compagnie (France), Arena Films (France), France 2 Cinéma (France), Mallerich Films (Espagne), Estrategia Audiovisual (Espagne)
Coproduction : Filmagic Pictures Co. (Taïwan)
Exportation & Distribution internationale : Memento Films International (France)

Presse : Agnès Chabot

SITE INTERNET

Le site officiel : http://www.lesderniersjoursdumonde.com



Stéphane Pons
15 août 2009



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