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Vampirates T.1, Les démons de l’océan
Justin Somper
Hachette, Yokaï, traduit de l’anglais, aventure fantastique, 414 pages, février 2007, 10,50€

2505. Après la mort de leur père gardien de phare, les jumeaux orphelins Grace et Connor partent à bord de son bateau, mais font naufrage. Séparés, les jumeaux sont chacun recueillis sur un vaisseau pirate. Grace va vite découvrir que la comptine des vampirates que leur chantait leur père est l’expression de la réalité…



En littérature formatée, comme au cinéma, on appelle ça un « concept ». Les « Pirates des Caraïbes » ont subitement remis au goût du jour la flibuste ? « Twilight » casse la baraque ? Pourquoi ne pas mêler les deux ? « Vampirates » ! Top-giga-cool, coco !

Bon, bien sûr, il faut gratter 400 pages sur le thème, mais toujours selon la formule hollywoodienne, il suffit de faire un copier-coller de ce qui a déjà été fait. Tiens, pourquoi pas un frère et une sœur pour usiner deux histoires parallèles ? Comme ça, on attaque le public masculin ET féminin ! Ça, c’est du concept ! Et on en fait des orphelins façon Baudelaire, allez, hop ! Et on situe le bouzin en 2505, même si on oublie ce détail dès les premières pages tant l’univers fait XVIIIe.

Après un prologue laborieux ou, Dieu sait pourquoi, le créancier de leur père veut les adopter (retenez bien ce détail, car il n’aura rigoureusement aucune importance par la suite), voilà nos héros partis en mer. Evidemment, la probabilité que DEUX navires se trouvent juste au bon endroit pour recueillir chacun un orphelin est réduite, mais on écrit pour les 9-12 ans ! Pourquoi s’embêter de crédibilité ?

À partir de là, on a droit à un agglomérat de tous les clichés du récit de pirates (jusqu’à la piratesse chinoise ou assimilée !) depuis « L’île au trésor » sans même le côté distrayant de la trilogie disneyenne. L’ennui, c’est que pas un seul personnage n’a le moindre intérêt tant ils sont creux et les péripéties inintéressantes, dont une interminable leçon d’escrime (qui, apparemment, suffit au héros pour devenir bretteur d’élite…), plus un suspense interminable sur la nature des geôliers de Grace (comment dire, c’est un peu écrit sur la couverture…), tous ces éléments s’accumulent sans fournir le moindre flot narratif : on pourrait rajouter un ou deux épisodes ou en retirer sans que le fond du texte ne change — ce qui n’empêche pas l’auteur de se permettre des ellipses surprenantes où les événements s’accélèrent sans raison. Et bien sûr, pirates comme vampires sont consciencieusement édulcorés : s’il y a un abordage, il est vite conclu, et si Connor tue effectivement un adversaire, il a oublié sa culpabilité deux pages plus tard, trop content qu’il est d’être devenu un « vrai pirate » (quelle belle morale à inculquer à nos chères têtes blondes…). Quant aux vampires, oui, ils boivent du sang, mais on nous dit que somme toute, ce n’est pas si grave. Des « démons des océans », ça ? Lopettes, oui !

Le tout sous une écriture bâclée et sans relief, qui étire des épisodes sans intérêt pour expédier en deux temps trois mouvements d’autres passages. On ne peut guère blâmer la traduction tant on sent que la V.O. ne devait guère remonter le niveau…

Dans un article récent sur un éventuel quatrième « Pirates des Caraïbes », on reprochait aux scénaristes des deux derniers chapitres d’avoir compliqué à l’envi des histoires alors que le public voulait juste « voir Jack Sparrow ». Alors oui, dans cette optique commerciale, ce roman ne démérite pas : il y a des vampires et il y a des pirates. Mais pour peu qu’on soit plus regardant, on a surtout l’impression d’un mépris généralisé du lecteur transformé en consommateur…


Titre : Vampirates T.1, Les démons de l’océan (Vampirates, Demons of the Ocean, 2005)
Auteur : Justin Somper
Traduction : Catherine Guillet
Editeur : Hachette Jeunesse
Collection : Yokaï
Pages : 414
Format (en cm) : 13 x 20
Dépôt légal : février 2007
ISBN : 978-2-0120-1193-9
Prix : 10,50 €



Thomas Bauduret
26 juin 2009


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