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Mémoires d’un Maître Faussaire
William Heaney
Bragelonne, roman traduit de l’anglais (G.-B.), fantastique ?, 334 pages, février 2009, 20€

Sous une belle couverture sobre, Bragelonne nous propose ce livre étonnant, de mémoires donc, où le narrateur est l’auteur lui-même. Comme c’est remarquablement écrit et que William Heaney n’a jusqu’alors laissé aucune trace, il doit s’agir du pseudonyme d’un auteur maison. Le secret est aujourd’hui éventé ...



William Heaney a la cinquantaine élégante et charmeuse et ne boit que du vin. Mais il a une particularité : il voit les démons qui sont partout autour de nous. Sa femme l’a quitté pour un rustre et il voit rarement ses trois enfants. Fonctionnaire, il soutient financièrement le GoPoint, une association qui aide les sans-abris à se réinsérer. Il a deux copains avec qui il a monté une arnaque : vendre des faux vieux livres rares à de riches imbéciles.

Sa capacité de voir les démons lui est venue depuis une expérience qu’il a eue lorsqu’il était étudiant. Il a dû alors tout quitter, la fac et la femme qu’il aimait. Malgré son mariage quelques années après puis son divorce, il ne s’en est toujours pas remis et traîne sa nonchalance et sa tristesse dans les pubs londoniens en buvant du vin. Et il rencontre Yasmin. Il en tombe amoureux mais ne veut surtout pas succomber à ce terrible démon qu’est l’amour.

Ce roman est difficile à résumer mais surtout difficile à partager. L’émotion est au détour de chaque page, la légèreté aussi, comme la finesse dans les relations humaines et dans la description des attitudes.

La construction est remarquable, le passage entre la vie d’aujourd’hui de William et son passé qui remonte au détour des événements, la façon dont il regarde Yasmin et sa bretelle ou la petite veine bleue de son poignet, les réflexions qu’il fait sur ce monde et l’admiration qu’il éprouve pour ceux qui font le bien, tout dans le ton de ce roman est d’une parfaite justesse.

La conclusion en demi-teinte est à l’image du reste, subtile et sensible.

Le fantastique a beau être comme une ligne de basse tout au long du livre, il est aussi une façon de raconter d’une autre manière la réalité à la fois douloureuse et jouissive des sentiments.

Ces “mémoires” sont celles d’un quinquagénaire, avec les codes, la musique, les mauvaises habitudes de sa jeunesse, mais aussi l’expérience d’une vie déjà longue, avec l’espoir que ce sera compris des jeunes générations.

Lire ce livre vous rend plus heureux.

Merci Graham Joyce.


Titre : Mémoires d’un Maître Faussaire (Memoirs of a Master Forger, 2008)
Auteur : William Heaney
Traduction de l’anglais : Mélanie Fazi
Couverture : Fabrice Borio
Éditeur : Bragelonne
Pages : 334
Format (en cm) : 23,5 x 15,5 x 2,2 (broché)
Dépôt légal : février 2009
ISBN : 978-2-35294-266-5
Prix : 20€



Hervé Thiellement
29 mai 2009


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