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Jamais Je Ne Reviendrai
Brian Freeman
Pocket, Thriller, n°13474, roman traduit de l’anglais (USA), procédure policière, 569 pages, décembre 2008, 7,80€

La ville de Duluth est en émoi suite à la disparition de la jeune Rachel, écho à celle, un an plus tôt, d’une autre ado. L’inspecteur Stride découvre un coupable désigné : Graeme, trahi par une photo osée de Rachel sur son ordinateur.
Malgré l’absence de cadavre, Stride décide d’aller au tribunal…

Trois ans plus tard, l’affaire rebondit suite à la découverte d’un cadavre à Las Vegas…



Disons-le tout net, même si ce n’est pas très politiquement correct : le polar US se porte bien mal. Nos critiques éternellement transis d’admiration pavlovienne devant tout ce qui vient d’Amérique ont beau s’ébaubir d’un commun accord devant les baudruches à la mode (Ellroy, récemment Lehane, et éventuellement Connelly pour ceux qui lisent un peu. Soit trois auteurs en vingt ans. Quel signe évident de vitalité et de supériorité génétique !), on reste coincé entre des éditeurs frileux et les diktats des agents prompts à exploiter les derniers filons.

Avec ce roman, Brian Freeman semble viser les sagas psychologiques de Jonathan Kellerman, mais en oubliant que celui-ci appuie ses intrigues sur des personnages vivants et complexes qu’on a plaisir à découvrir. Là, si l’intrigue prend son temps pour s’installer, aidée par un style supérieur à la moyenne (et, on présume, un excellent travail de traduction), ces mêmes personnages sont réduits à leur fonction : si les rapports haineux entre Rachel et sa mère sont bien dessinés, cette victime reste cantonnée au rôle de « la garce » (TM ?) et le suspect au cliché du « méchant arrogant » (qui, pour changer, n’est pas européen, c’est déjà ça).
Dans ce contexte, le soudain basculement vers le roman de procès, où l’on dissèque jusqu’à la tenue des disparues, semble plutôt là pour rallonger la sauce. De même, la seconde partie « trois ans après » semble venir d’un autre roman, et ce n’est que par un artifice scénaristique que le héros est déchargé d’une éventuelle faute professionnelle (dans ce type de bouquin, un accusé est forcément coupable de quelque chose et l’erreur judiciaire n’existe pas…).
Inutile de dire que la résolution est beaucoup plus simple que tout ce qui l’a précédée et justifie mal un tel pavé.

Une fiction dont les rebondissements interviennent conformément au manuel d’écriture basique, et qui souffre surtout d’un manque de développement des protagonistes. C’est un peu comme la énième grosse production des studios hollywoodiens : beaucoup de bruit, beaucoup de budget et peu de substance. En attendant la prochaine…

PS : on passera sur le procédé consistant à sortir en poche sous un autre titre un roman publié par “France Loisirs” sous celui de « Immoral ». Le cochon de payant doit-il éplucher chaque livre qu’il veut acheter pour s’assurer qu’on ne lui a pas déjà servi sous un autre emballage ?


Titre : Jamais Je Ne Reviendrai (Immoral, 2005)
Auteur : Brian Freeman
Traduction : Jean Charles Provost
Couverture : Zefa/Jupiter Images
Éditeur : Pocket
Collection : Thriller
Numéro  : 13474
Site internet : fiche du roman (site éditeur), site auteur (en anglais).
Pages : 569
Format (en cm) : 11 x 18
ISBN : 978-2-266-17677-4
Prix : 7,80€



Thomas Bauduret
20 avril 2009


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