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Saigneur des Loups
Pierre Grimbert
Baleine, Club Van Helsing, roman (France), fantastique, 203 pages, mars 2008, 9,90€

Grande première, un auteur d’héroïc-fantasy (ou de « médiéval-fantastique » pourrait-on dire à la française) vient jouer dans la cour du Club Van Helsing.

Résultat un peu en dessous des espérances.



Avec ses propres armes

Pour cette nouvelle chasse, Pierre Grimbert met son talent d’auteur de fantasy (la “Malerune”, le cycle de “Ji”) au service du Club Van Helsing. Puisant dans la mythologie nordique, il exhume une vielle rancœur opposant Loki à Odin. Pour empêcher le Ragnarok, ce dernier a emprisonné le malicieux Loki et l’un de ses fils, le loup Fenrir. Ces deux-là hors d’état de nuire, l’apocalypse semble évitée, ou du moins fortement retardée. C’est sans compter sur la rancœur d’un autre fils de Loki, dépossédé de son nom et changé en loup par Odin, qui pendant des millénaires va s’employer à libérer sa famille et provoquer la chute des divinités d’Asgard. Sa dernière trouvaille : acheter de l’uranium à des terroristes indo-pakistanais, et attaquer à la bombe A le sommet du G20. Si ça ne suffit pas à déclencher la fin du monde des hommes…

Pour l’en empêcher, Vilar, un Ase à l’exact opposé de Loki, a conféré à un homme la puissance nécessaire pour affronter et vaincre ce loup divin, de se battre contre lui sur un pied d’égalité, loup contre loup. Et au cas où son champion Berserker viendrait à échouer et mourir au combat, il aura la possibilité de transmettre son pouvoir à d’autres.
C’est qui arrive à Rémi Tiberger (cherchez l‘anagramme), auteur à succès, qui est mordu par un fan quinquagénaire lors d’une séance de dédicaces. Les instincts du loup ne tardent pas à se réveiller en lui, à sa plus grande horreur, le contraignant à réviser son idée première de casser la figure à son agresseur pour au contraire exiger des explications. Incapable de contrôler ses actes lors de ses crises de lycanthropie, il acceptera rapidement l’aide de Van Helsing. Et si sa guérison passait par l’accomplissement de son rôle de champion d’Asgard, et l’élimination de sa Némésis ?

Un étrange mélange qui peine à captiver

Plusieurs bonnes idées se télescopent dans « Saigneur des loups ». L’auteur semble se refuser à en faire un simple techno-thriller, de le limiter à la traque de l’ennemi sur Internet, puis sur le terrain, pour un duel final à la hauteur des deux adversaires. D’où une forme surprenante : partager le récit en deux, alterner les chapitres entre cette traque finale et le récit de Rémi de sa contamination (toutes les deux racontées à la première personne, les souvenirs en italique).
On s’interrogera sur le pourquoi de ce choix. Le suspense ne dure en effet pas longtemps, même le lecteur qui n’a pas lu le résumé de 4e de couverture comprendra dès le premier chapitre, et le réveil de Rémi, que le héros est atteint de lycanthropie. Tandis qu’au présent la recherche d’indices sur Internet s’éternise, on en apprend plus sur les origines de la malédiction de Rémi, dans un récit de ses souvenirs d’une précision absolue.
C’est finalement cette partie de l’histoire qui s’avérera la plus intéressante. Suite à sa morsure, Rémi sent des instincts sauvages s’emparer de lui, sans qu’il puisse se contrôler. Des actes qui vont rapidement détruire son train-train douillet d’auteur, faire fuir sa fiancée, et le contraindre à prendre contact avec son agresseur pour comprendre ce qui lui arrive. Sa descente aux enfers ne s’arrêtera qu’à sa rencontre avec Van Helsing et une chambre blindée où il pourra dormir sans crainte d’aller dévorer un voisin.
Néanmoins, cette construction casse le rythme de l’action, passée ou présente. Les 100 premières pages se traînent en une interminable introduction, les 100 dernières peinent à captiver, nous faisant aller et venir d’une époque à une autre, d’un combat physique à un autre plus intérieur.

Modeste contribution

Le tout, sans être dénué du talent de l’auteur, reste relativement classique. On retrouvera assez de gadgets et d’armes haute technologie pour concurrencer les James Bond des années 2000 (époque Pierce Brosnan), le tout saupoudré d’un peu de fantastique, mais rien qui transcende le genre. Le duel final offrira son lot de coups douloureux, de craintes justifiées du héros devant la pression sur ses épaules, et un dernier coup de Jarnac apte à sauver le monde. Car comme vous avez pu le constater si vous lisez cet article, le Bien a gagné. Une fois de plus le Club a rempli son œuvre. Une petite anecdote finale, à moitié attendue, nous arrachera un dernier sourire.

Pour n’avoir pas lu « Mastication » de Jean-Luc Bizien dans la saison 1, je ne me risquerai pas à comparer ces deux histoires de loup-garou. « Saigneur des loups » remplit correctement son devoir, nous faire passer deux-trois heures.

Deux erreurs à signaler :
- une phrase page 91 n’est pas en italique.
- le résumé en 4e de couverture désigne Fenrir comme adversaire, alors qu’il s’agit de son demi-frère sans nom.


Titre : Saigneur des Loups (France, 2008)
Auteur : Pierre Grimbert
Couverture : www.2visudesing.com
Editeur : Baleine
Collection : Club Van Helsing
Directeurs de collection : Guillaume Lebeau & Xavier Mauméjean
Pages : 203
Format (en cm) : 17 x 11,5 x 1,5
Dépôt légal : Mars 2008
ISBN : 978-2-84219-451-2
Prix : 9,90 €


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Nicolas Soffray
1er avril 2009


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