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Panda Sex
Mian-Mian
Au Diable Vauvert, Littérature Générale, étude de mœurs - fantastique, roman (Chine), traduction du chinois, 183 pages, Janvier 2009, 17€

Dans la scène « branchée » du Shanghaï des années 90, des jeunes gens sans visages s’interrogent et se croisent pendant qu’un mystérieux « virus du panda » -animal qui ne fait l’amour que deux fois par an- sévit.



En ces temps de frilosité par rapport à tout ce qui est jugé comme « l’autre », un brin d’exotisme est toujours bon à prendre…
Même si l’auteure, lancée avec son premier roman « Les Bonbons Chinois » comme une savonnette à grands coups de dénominations ronflantes -égérie d’une jeunesse post-maoïste, chef de file d’une nouvelle génération et tous les clichés d’une presse germanopratine avec la caution d’une « interdiction en Chine » (paraît-il inventée de toutes pièces)- et si on veut être méchant, on remarquera aussi que l’année de publication en Chine passe de 2003 sur la quatrième à 2004 en pages intérieures qui flatte les bonnes consciences occidentales.

Difficile donc de passer le cap du second roman en traînant de telles casseroles… Le mieux est encore d’ignorer la hype et de le prendre pour ce qu’il est : une étude de mœurs et de milieu, une génération à la fois néo-bourgeoise et émotionnellement déboussolée.
Alors que fait-on à Shanghaï lorsqu’on est jeune et apparemment aisé ?
On écoute Joy Division et Depeche Mode, on philosophe à l’arrière des taxis, on regarde passer le temps, bref, tout ceci impose une conclusion évidente : serait-il pas Dieu possible que ces « fourmis » de Chinois soient comme nous autres ?

Car ce roman est excessivement proche de la vague « blank generation » façon Easton Ellis et tous ceux qui ont choisi de transformer leur vacuité en sport de combat avec une influence d’un certain cinéma (on pense à « Mauvais Sang » de Leos Carax et à son virus tuant quiconque fait l’amour sans amour -et les têtes de chapitre ressemblent fort à des « extérieur jour »-) ou même Duras de la bonne époque.
Bien sûr, on n’est pas vraiment dans la littérature de l’imaginaire : tout comme dans l’injustement oublié film de Carax, ce « virus du Panda » est avant tout une métaphore.
Désappétence sexuelle, mal de vivre de ceux qui ont trop vécu… Rien de révolutionnaire (si j’ose dire) pour une auteure qui a elle-même vécu la caricature de l’excès, mais égréné sans misérabilisme ou boursouflure autosatisfaite typique de cette soi-disante « autofiction » chère aux tiroirs-caisses des éditeurs.
Volontairement évasif, faisant se croiser des personnages souvent limités à leur plus simple expression (« l’Acteur » ou même « l’homme N°1 » et « l’homme N°2 ») et rédigé majoritairement en dialogues (les descriptions sont rares), branché sans être branchouille, entre gravité et gadget, ce roman se conclut sur une métaphore sans appel : et si la civilisation elle-même était un virus ?

Mais quelle civilisation ? Celle du rejet des valeurs traditionnelles ou celle qui n’a pas su recréer d’autres valeurs un tant soit peu humaines pour opérer une transition en douceur ?

On peut regretter une annexe un peu vaine visant à rattacher le tout à l’autofiction, mais il est facile de se prendre au charme de ce « Panda Sex », roman à la fois grisâtre comme une chanson d’un Morrissey émigré à Shanghaï et léger comme une bulle de savon.
Mais qui n’éclate pas si l’on souffle dessus…


Titre : Panda Sex (2003 ou 2004 ?)
Auteur : Mian-Mian
Couverture : Olivier Fontvieille, photo David Warren
Traduction (du chinois) : Sylvie Gentil
Éditeur : Au Diable Vauvert
Collection : Littérature Générale
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 183
Format (en cm) : 20 x 13, format moyen (broché)
Dépôt légal : 22 janvier 2009
ISBN : 978-2-84626-177-7
Prix : 17€



Thomas Bauduret
15 mars 2009


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