Crée aux USA en 1969, Blade le voyageur de l’infini est sorti en France en 1974. Toujours sous le pseudo collectif de Jeffrey Lord, les trente-sept premiers épisodes sont des traductions, puis la série est devenue autonome jusqu’à atteindre 186 numéros en Janvier 2009. À raison de six tomes par an, ses aventures ne cessent de s’enrichir. Cette belle longévité montre que Richard Blade a de la ressource et surtout un public.
Depuis 2007 et « Le Pays de l’autre côté de la guerre » (Blade 180), les illustrations sont signées par Nemo Sandman, Loris Kalafat étant l’auteur de toutes les autres jusqu’à sa disparition.
Rien que le titre, puis l’entame nous ramènent vers les œuvres de Howard Philips Lovecraft, ainsi que de Clark Ashton Smith dans une moindre mesure. D’ailleurs à l’évocation de la citadelle de Kadath, Richard Blade songe aussi au reclus de Providence. Le clin d’œil est limpide et notre héros se demande même si, à travers ses songes, Lovecraft n’aurait pas voyagé à travers la dimension X et découvert ce monde, s’en inspirant alors pour ses écrits. En effet, bien des similitudes existent et Blade rencontre et reconnaît un shoggoth. L’histoire mêle allègrement science-fiction et dark fantasy.
Notre héros intrépide part sans savoir où il se rend, s’en accommode très bien et ses extraordinaires facultés lui permettent de se faire remarquer par le roi de Klarkash-Ton. Puis en bon macho, après une journée de travail il passe par la taverne, avant de rentrer profiter de la cuisine et des faveurs d’une servante. Le bougre s’empâte même !
Mais quand il s’agit de risquer sa vie, il n’est pas le dernier, s’échappant d’issues fatales par les hasards de la translation qui le ramène en Angleterre ou le trimballe à travers le royaume. Dans cet épisode, elle s’avère d’ailleurs bien imprévisible.
Vous l’aurez compris, ça bouge ! Blade est l’archétype même du héros qui se tire de toutes les situations, plaît aux femmes… Ça ne vous rappelle rien ?
Blade est de la littérature de gare par excellence, sans qu’il n’y ait rien de péjoratif dans cette classification. « L’Empire des Nécromanciens » se lit très vite. Pas besoin de chercher de midi à quatorze heures, c’est du pur divertissement, sans prise de tête. Il suffit de suivre les pas de Blade, rien d’autre.
En fin de volume, les scientifiques du projet DX parlent de mécanique quantique, sans que ce soit barbant, et tout se finit autour d’une bière.
Comment ne pas s’identifier par moment au personnage ? S’imaginer dans sa peau, alors qu’il est aux bons soins d’une belle femme ? Ma foi, c’est le but poursuivi : s’évader, oublier que la réalité est bien différente.
Les amateurs se satisferont des facilités prises par ci par là dans l’histoire, les autres, plus exigeants, ouvriront de grands yeux et se détourneront sûrement de cette collection.
« L’Empire des Nécromanciens » ne laissera pas un souvenir impérissable, mais le cadre est sympathique, nous replongeant un peu dans les créations de grands anciens. La lecture distrait, amuse et quelques heures passent comme par magie.
Sans que ce soit de la grande littérature - tel n’est pas la raison d’être de la collection -, Richard Blade a sans doute encore de belles années devant lui.
Notons qu’il est possible de s’abonner pour 6 numéros sur le site de l’éditeur.
Titre : L’Empire des Nécromanciens
Auteur : Jeffrey Lord
Couverture (souple) : Nemo
Éditeur : Gérard de Villiers
Collection : Blade
Numéro dans la collection : 182
Pages : 221
Site Internet : Roman (site éditeur)
Format (en cm) : 10,7 x 17,7
Dépôt légal : juillet 2008
ISBN : 978-2-7443-1468-1
Prix : 6€
