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La Vénus des fourties
Océans de Vénus de Leigh Brackett
Délices & Daubes n° 129


Non ce n’est pas une pépée, juste un titre ambigu mais réaliste.

Dans ce bouquin des éditions Temps Futurs de 1982, on peut lire trois longues nouvelles de Madame Leigh Brackett dont je vous fis récemment l’éloge à propos de son Livre de Mars. Là, on est sur Vénus, une planète habitable mais vraiment humide, tellement nuageuse que l’on ne voit jamais le soleil ni les étoiles. Vraiment chaude aussi, ce qui fait que les gens sont très peu vêtus, et les femmes ont les seins nus. Cool. Les océans sont rouges mais ce n’est pas vraiment de l’eau de mer puisqu’on peut y respirer avec des poumons. C’est une autre planète, quoi, avec sa faune et sa flore bien particulières. Et ses habitants, des hommes venus de la Terre et des humanoïdes locaux, un peu reptiliens et un peu aquatiques.

C’est surtout un décor fantastique pour des aventures extraordinaires d’heroic fantasy, de la vraie avec des puissances primitives, des magiciennes et des héros formidables. Alors, après « Une jeune femme bronzée », la préface de Edmond Hamilton, le mari amoureux de Leigh, vous pourrez lire :

Lorelei de la brume rouge (1946), écrite en collaboration avec Ray Bradbury, qui raconte l’histoire de Hugh Stark, un voleur qui s’enfuit, a un accident d’avion et se retrouve dans la peau de Conan. Oui, lui-même le musculeux barbare. Il a donc une double personnalité. Et il doit louvoyer entre deux superbes créatures, chacune cheffe de clans ennemis, une magicienne – celle qui a collé Stark dans Conan – et une princesse farouche qui était la compagne de Conan avant qu’il ne la trahisse, elle et son peuple, manipulé qu’il était par la magicienne. Compliquée comme situation, n’est-il pas, mais avec le physique du barbare et l’astuce du voleur, et des armées de morts revivifiés …

La lune disparue (1948) concerne David Heath, loque humaine des bas quartiers, qu’un grand guerrier et une prêtresse viennent chercher pour qu’il les conduise là-bas, au fin fond de l’Océan Pourpre, d’où il est revenu en ayant perdu son amour et sa raison de vivre. Car dans cet endroit d’où (presque) personne ne revient, ce qui reste de la lune tombée sur la planète peut vous rendre fou... ou dieu.

Dans Magicienne de Vénus (1949) on retrouve Eric John Stark, le héros du Livre de Mars. Il se rend à Shuruun, là où a disparu son ami. Mais ce bled est vraiment affreux, les gens, la boue, mais aussi les maîtres de ce lieu, les Lahris dans leur château noir, qui cherchent le secret caché par un peuple disparu en enrôlant des esclaves pour fouiller sous la mer jusqu’à en mourir. Stark fera l’esclave mais son charme viril et sa puissance physique lui permettront de s’en sortir et de libérer ce territoire de ses aristocrates dégénérés.

Alors oui, c’est de la littérature distrayante, pas de celle qui prend la tête ou fait débat débile sur sa lisibilité dans les forums. Ça fait du bien, ça fait du plaisir, c’est bon. Et c’est formidablement raconté et écrit. C’est pas de la daube fantasique bas de gamme, c’est pas de la post-apo glauque à souhait, c’est pas de la hard imbitable écrite avec les orteils.

Ça c’est de la littérature de genre gouleyante. Vive les fourties et les fifties, nom de d’là !


Henri Bademoude
15 novembre 2008


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couv’ de Druillet, détail d’une illu plus grande en trois volets à l’intérieur.



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