Shin aurait pu être un simple potier, avec une femme aimante et un enfant adorable. Mais le destin joue avec lui comme avec une marionnette. Après avoir réussi sa meilleure affaire depuis une éternité, il a le malheur de rencontrer un inconnu, qui lui confie une étrange épée. L’homme lui ordonne de l’amener au seigneur Kagema et de surtout ne pas en faire usage. Mais sa famille étant mise en danger par un démon, Shin cède à la tentation et utilise l’Aroïchs, devenant par là même son esclave. Le jeune homme tombera de Charybde en Scylla. Son village est attaqué, son enfant tué et sa femme enlevée. Pour faire face à des ennemis aux pouvoirs démoniaques, Shin se laissera imprégner par la fureur et la soif de sang de l’épée. Mais a-t-il une chance de retrouve sa femme saine et sauve ?

“Shin” oscille entre manga médiéval japonais et le fantastique pur et dur. Les premières pages donnent tout de suite le ton : « les hommes me craignent car là où mes pieds foulent la terre, la mort triomphe de leurs paisibles espoirs ». Cette citation qui ouvre et clôt le premier tome de “Shin” nous révèle tout ce qui attend notre héros. Mais peut-on appeler héros, un être rempli de haine et découpant tout ce qui bouge ?
L’histoire zappe entre le passé et le présent, nous contant la métamorphose du potier en machine à tuer. Entre samouraïs et démons, Shin s’intéresse peu à qui il a affaire. Sa lutte est aveugle et son avancée inexorable.
“Shin” est aussi l’histoire d’un destin irrémédiable. Outre la tragédie à laquelle il doit faire face, c’est surtout un passé maudit qui rattrape le jeune homme. Vous découvrirez que Shin était prédestiné à devenir la proie du mal. Pessimisme exacerbé, Lylian nous offre un conte où l’homme ne peut changer sa nature, où le mal sera toujours plus fort que le bien. Pour retrouver son amour, Shin laisse libre cours à la barbarie contenue dans l’épée, mais n’est-ce pas plutôt sa propre barbarie qui profite de cette magnifique occasion pour faire surface ?
Gore, violent, Gens ne nous épargne rien et pousse les atrocités commises par Shin aussi loin que celles commises par ses ennemis. Toutefois, on sent une forte influence du dessin franco-belge dans l’usage, parfois excessif, du crayonnage, et il finit par obtenir un négatif d’une œuvre toute en couleur. Cette tendance a aussi la conséquence de donner des planches inégales, pas toujours aussi fouillées que l’on pourrait attendre. Mais ne soyons pas trop sévère avec ce jeune dessinateur et attendons plutôt de voir comment évoluera son graphisme.
L’épilogue de ce premier tome est dans la continuité du manga : pessimiste et ne laissant pas beaucoup de lumière à laquelle Shin pourrait se raccrocher.
Shin (T1) : Chaos
Scénario : Lylian
Dessin : Jeremy Gens
Éditeur français : Les Humanoïdes Associés
Collection : Shogun shonen
Format : 127x182, noir et blanc
Pagination : 176 pages
Date de parution : 24 septembre 2008
Numéro IBSN : 2-7316-2122-8
Prix : 6,95 €
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