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Terre Sauvage (La) , Intégrale volume I
Julia Verlanger
Bragelonne, Les Trésors de la SF, 491 pages, juin 2008, 25 €

Cette dame (de son vrai nom Héliane Grimaître 1929-1985), qui a laissé son nom à un fameux Prix de SF francophone, a surtout publié sous le pseudonyme de Gilles Thomas, au Fleuve Noir Anticipation, entre 1976 et 1982.
La réédition par Bragelonne de son œuvre complète est un événement.
Ce premier volume regroupe trois romans parus au FNA et quelques unes de ses premières nouvelles.



Les trois romans (L’Autoroute sauvage, FNA 1976, La Mort en billes, FNA 1977, L’Île brûlée, FNA 1979) forment une suite, une trilogie post-cataclysmique ou post-apocalyptique

Sans connaissance a priori de la réelle identité de l’auteur, il est impossible d’imaginer que ces romans ont été écrits par une femme. Le point de vue du héros narrateur Gérald est carrément machiste. Ses réflexions sur les bonnes femmes, leur façon de penser, leur bavardage et leur logique, et ce à quoi elles peuvent servir pour satisfaire ses besoins sexuels est souvent limite. Supposons que l’auteur(e) s’amuse, surtout que ces livres ont été publiés à la fin des années 70.

Gérald est un solitaire, élevé à la dure par un père adoptif qui l’a recueilli à 6 ans après la mort de sa mère et qui en a fait un “loup”, dur au mal et ultra rapide au lancer de couteau. Une nécessité pour survivre dans cette France d’après la guerre. Une guerre bactériologique, chimique mais pas nucléaire, qui a laissé le pays dans un état épouvantable. On imagine que plus des 9/10 de la population a succombé à la peste bleue. La civilisation n’est plus. Ne restent que des groupes d’humains ou des solitaires qui survivent de chasse (peu, puisque les animaux aussi ont dégusté pendant la guerre) et de pêche (l’eau est pure et les poissons abondants). Le plus souvent c’est l’anthropophagie qui permet la survie.
Gérald rencontre Annie, une belle blonde de 19 ans, et parcourt avec elle cette France sauvage, se sort des pièges tendus par les autres humains, va jusqu’à Paris envahi par les rats géants pour récupérer un dossier qui contiendrait le remède à la peste.

C’est vraiment de la littérature d’action. Tout va vite, l’écriture aussi. Le style est très particulier, cousin de celui d’un San-Antonio, avec des expressions et des mots inventés ou inconnus (le “mal pot” pour la malchance, “fouinasser”, “dito” pour itou, “mourronner”, “canulant”, …).

C’est de la SF post-cataclysmique, dure et noire, à l’image de l’humanité quand la civilisation disparaît (on peut penser au début à “La Route” de Cormac McCarthy, écrite des décennies plus tard) mais allégée par le fait que le héros finit toujours par s’en sortir, tomber sur les bonnes personnes (il en reste) au bon moment et se faire des copains aussi « loups » tueurs et sympathiques que lui (pas comme ses “moutons” qui n’aiment rien tant que l’esclavage des petits chefs sadiques et violeurs).
Les trois romans sont dans le même ton. Malgré des situations inextricables (une gelée « intuable », ou presque, des ennemis télépathes, des plantes et des animaux mutants extrêmes) le héros et ses copains (et sa “gosse” Annie) s’en sortent toujours et, avec les Suisses et d’autres, finiront par faire repartir la civilisation.

Les nouvelles (Les Bulles, 1956, Le Recommencement, fin optimiste alternative inédite de la précédente, Nous ne vieillirons pas, 1961, Les Derniers jours, 1958) qui suivent les romans sont (sauf la seconde) d’une noirceur et d’un pessimisme total.

Les postfaces de Laurent Genefort et Serge Perraud viennent éclairer le lecteur sur l’auteur, sa personnalité et son influence dans la SF francophone.

Titre : La Terre sauvage, intégrale volume I
Auteur : Julia Verlanger
Couverture : Benjamin Carré (sans rapport avec le contenu !)
Éditeur : Bragelonne
Collection : Les Trésors de la SF
Directeur de collection : Laurent Genefort
Pages : 490
Format (en cm) : 23,5 x 15,5 x 3,5 (broché)
Dépôt légal : juin 2008
ISBN : 978-2-35294-198-9
Prix : 25 €


Hervé Thiellement
29 juillet 2008


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