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Du scotch et des amphèts : le rêve ?
Narcose de Jacques Barbéri
Délices & Daubes n° 113


La défonce, c’est pas très djeune comme concept, ça a fait ses preuves et laissé ses traces dans la littérature… et dans mes souvenirs et mes neurones cramés.
Avec tout le buzz en bien qui l’accompagne, je me suis trouvé contraint d’acheter “Narcose” de Barbéri, La Volte, 179 pages, avril 2008. À tort ou à raison, je n’en sais toujours rien.
J’avais lu une nouvelle très réussie du monsieur, “L’homme qui parlait aux araignées” dans une anthologie sur l’agro-alimentaire du futur. Sa contribution sortait nettement du lot.

Alors accrochez-vous aux branches : ça dépote sec. Un monde de oufs, des gens qui s’animalisent en se greffant des têtes de bêtes, qui se défoncent en permanence, aux amphétamines surtout, scotch-benzédrine ou amphécafé, qui ne savent bien sûr plus où est la réalité. En fait ils vivent dans un rêve, qui n’est pas forcément le leur.

Si j’ai bien compris (et il y a des chances pour que ce ne soit pas le cas) Anton le héros, qui est aussi Marc et le lapin, est un arnaqueur qui va se faire arrêter, alors il fuit. Sa fuite est un trip, un “voyage” comme dirait Henry (pas moi, le compositeur Pierre), où il rencontre Célia (Alice dans le désordre en fait, pour aller avec le lapin), qui lui révèle son pouvoir, celui de passer d’une réalité à une autre (ou d’un rêve à un autre). Comme il est grave défoncé en permanence il a du mal à suivre, et le lecteur aussi, forcément.

La fin du roman-délire retombe assez bien sur ses pieds et une vague explication est fournie (moyennant l’apparition de Spock et Kirk de “Star Trek,” ne me demandez pas pourquoi).

Mis à part les coquilles (existe-t-il encore des correcteurs dans le monde de l’édition en France aujourd’hui ? - dit celui qui en laisse passer de belles) l’écriture est puissante et inventive, indéniablement talentueuse, mais au service de quoi ? Bonne question à laquelle je n’ai pas de réponses. Chacun ses choix, ses goûts et ses plaisirs. L’histoire du mec qui vit dans le rêve d’un autre a un petit air connu de tout lecteur de Borgès. La dilution de la réalité dans l’imagination et la distanciation due aux produits chimiques, Dick l’a parcourue en long et en travers. Reste des questionnements sur l’identité et l’apparence et la grande qualité de l’écriture, quoique parfois on ressente un manque d’homogénéité, des ruptures de rythme et de style. Quoi de plus normal puisque ce roman est une ré écriture d’un Présence du Futur de 1989. Qui ne change pas en 20 ans ?

En plus, comme c’est La Volte qui édite, vous avez droit à un CD avec la zique de l’auteur pour écouter avec. Alors là, heu… Encore une fois chacun ses goûts. Pour moi vieux con c’est un peu trop boum boum transravique avec des klaxons et des synthés. J’aurais peut-être dû l’écouter en lisant plutôt qu’après ?


Henri Bademoude
20 juillet 2008


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