Genre : Thriller fantastique
Durée : 1h42
Avec Carice Van Houten (Jane Morton), Jenn Murray (Dorothy Mills), Gary Lewis (le Pasteur Ross), David Wilmot (Colin Garrivan), etc.
Jane Morton, psychiatre, décide de se rendre sur une petite île située près de l’Irlande pour s’occuper du cas de Dorothy Mills. L’adolescente a frappé un bébé bien qu’elle clame son innocence. Dorothy a plusieurs personnalités et Jane espère découvrir les raisons de son état. Mais la jeune psychiatre se heurte à l’hostilité des villageois. Ils forment une communauté fermée et repliée sur elle-même. Le pasteur, qui est aussi médecin et instituteur, semble décidé à ce que Jane ne découvre pas les secrets de ce clan.
Onze ans après « Artemisia », la réalisatrice Agnès Merlet met en scène « Dorothy », tourné en langue anglaise. Elle y développe des thèmes qui lui sont chers, tels que l’adolescence et le syndrôme de la personnalité multiple.
D’une simple thèse policière dans les premières scènes, l’histoire glisse finalement vers le surnaturel.
La réalisatrice n’hésite pas à ‘maltraiter’ ses actrices : les personnages sont torturées, parfois faibles, toujours les victimes d’un destin difficile à assumer. Elles cherchent à s’en sortir mais les forces qui les entourent les obligent à se perdre et à toucher le fond. Lentement, elles parviennent à remonter la pente, mais au prix d’un effort surhumain, voire surnaturel.
Il existe un lien très fort entre Jane et Dorothy. L’une comme l’autre luttent pour s’en sortir ou pour se libérer du poids de leurs culpabilités. Dorothy a un don dont elle se serait bien passée : elle peut être possédée par l’âme d’un mort. Dans ces moments-là, Dorothy n’a plus le contrôle d’elle-même.
Pour Jane, cette virée dans la communauté la force à affronter ses propres démons : la mort de son fils. Avant d’être en paix avec elle-même, le cheminement est douloureux. Mais son passage sur l’île ne reste pas vain et a un impact relatif sur le clan. Les natifs n’en sortent pas indemnes. Ils ils ont du mal à se débarrasser de leurs fautes du passé.
Le spectateur est happé dans une intrigue dont il ne doute pas du développement. La fin est insoupçonnable et habilement menée. L’ambiance est de plus en plus pesante, la tension monte jusqu’au final, riche en émotions.
Si quelques séquences peuvent être perçues comme étant maladroites pour les personnes qui n’adhèrent pas au genre, les dernières scènes effacent les précédentes appréhensions.
S’il est à retenir une qualité à Agnès Merlet, c’est bien celle de conduire le spectateur et les personnages jusqu’au paroxysme.
Les actrices sont épatantes, elles donnent le meilleur d’elles-mêmes pour faire vivre des personnages difficiles à incarner. On peut attribuer une mention spéciale à Jenn Murray, inconnue jusqu’alors mais qui livre de Dorothy une prestation multiforme plus que réussie. La jeune Carice Van Houten, découverte dans « The Black Book », confirme avec ce rôle qu’une grande actrice est née.
Agnès Merlet signe un film dérangeant à la fin émouvante. Elle livre un message poignant auquel les spectateurs ne peuvent rester insensibles.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : « Dorothy Mills »
Réalisation : Agnès Merlet
Scénario : Agnès Merlet et Juliette Sales
Producteurs : Eric Jehelmann, Olivier Delbosc, Marc Missonnier
Chef opérateur : Yorgos Arvanitis AFC
Son : Simon Willis, Jon Stevenson, John Fitzgerald
Montage : Monica Coleman
Costumes : Suzanne Clave
Décors : David Wilson
Musique originale : Nathaniel Mechaly
Production : Fidélité Films, Wild Bunch, Octagon Films
Distribution : Mars Distribution, France
Attachées de presse : Laurence Granec et Karine Ménard
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