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Mad Max
Film australien de George Miller (1979)
9 juillet 2008, reprise (13 janvier 1982)


Genre : SF - Action (post-apocalyptique)
Durée : 1h25

Interdit au moins de 16 ans

Mad Max à Paris et en copies neuves
La Bande Annonce en VOST sur la Yozone
Photos

Avec Mel Gibson (« Mad » Max Rockatansky), Joanne Samuel (Jessie Rockatansky), Hugh Keays-Byrne (Toecutter), Steve Bisley (Jim Goose), Tim Burns (Johnny the Boy), Roger Ward (Fifi Macaffee), Lisa Aldenhoven (L’infirmière), David Bracks (Mudguts), Bertrand Cadart (Clunk), David Cameron (Le mécanicien), Robina Chaffey (chanteuse), Stephen Clark (Sarse), Mathew Constantine (Toddler), Jerry Day (Ziggy), Reg Evans (Responsable de la Station), Howard Eynon (Diabando), Max Fairchild (Benno), John Farndale (Grinner), etc

Sur les routes quasi désertes d’une Australie au futur proche, l’ultra-violence sévit. Policiers et hors-la-loi se tirent la bourre en utilisant tout ce qui peut rouler à donf.
« Mad » Max Rockatansky (Mel Gibson) va crever l’écran et tous les méchants au passage.

L’extrême aridité des paysages, la pénurie exacerbée de la moindre goutte de carburant, les monstres automobiles customisés, l’implosion des rapports sociaux ramenant l’homme à son statut de loup pour lui-même, le premier « Mad Max » était déjà une œuvre anticipatrice et visionnaire. 2008, le réchauffement climatique est arrivé, la crise pétrolière plus qu’avérée et les signes d’une totale déliquescence de la société résonnent aujourd’hui comme le prélude contemporain et constructeur d’un possible monde à la “Mad Max”.

Rien que ça, évidemment, rendrait le film intéressant et nécessaire, mais il ne s’agit que de l’emballage, le choc est ailleurs. Dans une apparition imprévue et altière, celle d’un Mel Gibson déboulant en ange de cuir noir, hypnotisant le spectateur (masculin ou féminin) dès sa première scène.
Dire que le jeune acteur incarne la masculinité taciturne et contenue (peu de mots vains, peu d’actes inutiles, une violence totale) dans une interprétation de haut vol est un euphémisme.
Le personnage, associé à la découverte d’un continent somme toute inconnu du reste de la planète à l’époque (l’Australie), va marquer les esprits, infiltrer les inconscients et imprégner ad vitam la chose cinématographique.

Les détracteurs de l’objet n’avaient voulu y voir qu’une ode à l’ultra-violence salvatrice, qu’un travail aguicheur, ils ont évidemment eu tort.

Produit pour presque rien, rapportant trente fois la mise, « Mad Max » est au-delà des modes et des usages, un marqueur iconoclaste conceptualisé dans le bruit et la fureur des corps et des bagnoles, tentative de fusion impossible et quasi transgénique avant l’heure d’un concept man-machine depuis en vogue. Il y a de l’étrangeté suicidaire dans l’esthétique à toute berzingue qui propulse des caisses qui avalent l’asphalte et créent des nuages de poussières qui étouffent l’intrusion de la lumière. Il y a la vitalité séminale d’un premier film réalisé par George Miller (« Babe », « Les Sorcières d’Eastwick », « Happy Feet », etc) et mettant tout le monde KO pour quelques générations.
Il y a surtout cette vision hallucinée, faire-part de décès du mouvement Punk (C.A.D son passage dans la sphère grand public), avalisée par la présence d’un redresseur de torts à l’aura incommensurable. En soit, c’est une imagerie en forme de fuck off autoroutier qui s’appuie sur une antithèse vertueuse incarnée par un flic à sang froid.
Highway to Hell ? En quelques sortes, mais au-delà du bien et du mal survivra toujours ce sentiment étrange d’assister à l’émergence d’un phénomène destiné à irradier son époque.

« Mad Max » aura deux suites forcément inférieures (« Mad Max 2 : The Road Warrior » & « Mad Max 3 : Beyond Thunderdome ») mais quand même très jouissives. Elles n’apporteront rien à l’affaire sinon cet attrait forcément malsain (et donc vital) que l’on peut éprouver pour des petits plaisirs qui en rappellent de beaucoup plus grands.
C’est aussi et surtout la naissance d’un grand acteur (et futur réalisateur incompris).
Fidèle au fardeau que ce premier personnage fera peser sur ses épaules, Mel Gibson va ensuite naviguer au feeling avec un nez incroyable, alignant les blockbusters et les bonnes surprises, puis prenant le grand virage du créateur qui tente d’assumer ses traumas via une filmographie branchée en prise directe sur la souffrance.

Tout avait commencé dans la violence et le sang, aucune raison que ça s’arrête. Mortel !

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Mad Max
Réalisation : George Miller
Scénario : George Miller, James McCausland

Producteur : Byron Kennedy
Producteur associé : Bill Miller

Photographie : David Eggby
Musique : Brian May
Montage : Cliff Hayes, Tony Paterson
Décors : Jon Dowding
Costumes : Clare Griffin
Maquillages : Vivien Mepham, Ben Taylor
Effets spéciaux : Chris Murray
Casting : Mitch Matthews

Production : Crossroads (Australie), Kennedy Miller Productions (Australie)
Distribution (1982) : American International Pictures (AIP)
Distribution (2008) : Solaris Distribution (Paris, France)
Presse : Mission, Rodolphe Rouxel (Paris)

SITE INTERNET

http://www.solaris-distribution.com/MAD_MAX/site/accueil.htm (site officiel 2008)

UN AUTRE AVIS

Il convient avant tout de souligner les qualités purement techniques de l’oeuvre. Quand on entend filmer à cent à l’heure, on a intérêt à tenir la distance, sous peine que le public somnole en cours de route.

Pari tenu. La mise en scène est nette comme un couloir d’hôpital. L’utilisation du scope, en particulier, est remarquable, les scènes d’action (combats ou poursuites) se déroulant pour la plupart sur des autoroutes, l’écran large permet à la caméra de réaliser des tours de force vertigineux. Le spectateur est lancé tel une moto en délire, à la poursuite des méchants.
De plus, la précision et l’efficacité d’un montage extrêmement nerveux, permettent à certaines scènes d’atteindre leur pleine violence. La caméra est, par ailleurs, extrêmement mobile. Le spectateur participe à l’action, émaillée de péripéties imprévisibles qui provoquent en nous de fréquents « chocs » visuels et une tension permanente. La musique extrêmement riche en couleurs sait se faire agressive ou écrasante selon les images.

Le scénario, simple et direct, s’accorde bien avec l’esprit même du film, violent jusqu’à l’étouffement. Pourtant, jamais nous n’assistons réellement à une complaisance du réalisateur George Miller pour les scènes horrifiques qui, très souvent, ne sont que suggérées. Car si certaines images de Mad Max exhibent des mains coupées ou des corps carbonisés (images qui sont, de toute façon, la condition sine qua non du cinéma d’horreur), si tout au long du film l’on assiste à la mort de flics tués à bout portant, écrasés, brûlés, en revanche le malaise naît souvent du sous-entendu.

Il y a parfois peu de distinction entre un chef de la police désespéré à l’idée de ne pas arriver à faire des « héros » de ses hommes et certains marginaux terrifiés à l’idée de commettre leur premier meurtre... Où est la réelle différence ?

Dans le pouvoir, tout d’abord, entre les mains des policiers qui se sentent à la tête du régime (leur quartier général n’est-il pas justement un palais de justice délabré dont ils sont les seuls occupants ?). Et puis ensuite dans les insignes qu’ils portent, cette fameuse plaque de bronze qui, selon leur propre définition, est la seule chose qui les différencie des méchants.

Le film baigne dans une constante amertume, celle des policiers conscients que la population se désintéresse complètement de leur sort lorsqu’un méchant est arrêté et que personne ne daigne se présenter au procès ou porter plainte (« même les punks ne sont pas venus » disent-ils). Celle des loubards, mis au ban de la société pour leur dérangement mental et qui, de marginaux, deviendront tueurs par la force des choses.

La cassure entre le bien et le mal se produira finalement lorsque Max, brisé par sa douleur, puis rechargé à bloc par son trop plein de haine, caressera des doigts un masque de monstre en caoutchouc. Ce masque il va le porter dorénavant sur son visage déformé par son besoin de vengeance. Puisque la société semble de plus en plus admettre la folie furieuse comme état de fait, il va devenir fou, lui aussi, n’ayant plus ainsi à se plier à aucune règle pour parvenir à ses fins.

La rapidité de l’action, le réalisme forcené de la mise en scène et l’accent mis sur la violence étonnent, choquent, voire indisposent le spectateur. Mais George Miller s’interdit avec raison d’extrapoler, d’insinuer, de prétendre et de commenter son film.

Le sujet est certes allégorique (cela se passe dans un futur proche, sans doute après la 3ème guerre mondiale) mais rendons grâce à Freud de ne pas s’être déplacé. Le bon sens, bien sûr, cherchera à trouver un sens à cette violence : est-ce un film répugnant, racoleur ? Cette violence est tout autant psychologique que visuelle. Miller rejoint Tobe Hooper (« Massacre à la tronçonneuse ») dans sa manière de rendre les situations dramatiques vraisemblables et incroyablement réalistes dans leur horreur.

Certaines personnes ont bien tenté de désamorcer la mine en classant « Mad Max » film X, l’accusant d’apologie de la violence. Ici, point de fascisme primaire, ainsi que certains esprits « bien intentionnés » l’avaient proclamé, mais un nihilisme farouche, désabusé, où on ne peut que se demander si tout ceci finira un jour... Peut-être le seul vrai film authentiquement punk de son époque, le cri de désespoir d’une « no-future generation » qui remet tout en cause à force de vouloir reconsidérer le monde sans base structurelle.

Miller nous interpelle aux tréfonds de nous-mêmes, flattant l’instinct guerrier qui subsiste quelque part en nous, choquant de même l’esprit civilisé que nous tentons vaguement d’atteindre.
Une vision cataclysmique, bouleversante, d’une civilisation après LA catastrophe, où le péril ne réside plus dans les éléments, mais dans la nature humaine...

Christophe « Roy Batty » Benoist - Extrait des dossiers


Stéphane Pons
Christophe Benoist aka Roy Batty
10 juillet 2008



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