À Dawson City, Bonnie, l’enfant de la vengeance, est élevée dans le « claim » (l’exploitation de minerai d’or) acheté par Robert Lynch. En grandissant, elle deviendra une véritable « fille du Yukon », fiancée à un jeune amérindien. Sa nouvelle vie ne lui fera pourtant pas oublier son père et sa mère, qui n’échapperont pas à leur destin tragique. (Texte Dupuis)
« Eldoradores » conclut de manière romanesque le 1er cycle d’un western blanc original. Dans cet univers, habituellement très masculin, c’est la gent féminine qui porte l’aventure sur ses frêles épaules.
Au beau milieu d’un paysage tout droit sorti de « Jérémiah Johnson », Philippe Thirault nous fait vivre la dure existence des pionniers qui, attirés par la soif de l’or, n’hésitèrent pas à affronter la magnifique et cruelle nature du « Klondike ». Cette contrée du nord ouest canadien dont les immenses marches de glace ont permis aux hommes de conquérir, au prix de nombreuses vies, ces riches gisements . C’est dans cette nature hostile que l’auteur nous retrace la saga tragique de deux générations de colons. Sa narration haletante entrecroise les destinées de nombreux personnages. Pour ce 3ème opus, les effets flash-back sont omniprésents et apportent des éléments indispensables à la compréhension de la globalité de l’histoire.
- Ambiance Saloon
Au travers d’eux, la dure réalité de l’époque nous arrive en pleine face. La ruée vers l’or fut l’une des tranches de vie les plus dures de l’Amérique du nord. L’orchestration du récit est parfaite même si trop mélodramatique dans sa partie présente. Les enlacements passé/présent sont bien rythmés mais s’en trouvent trop contrastés. Le lecteur passe brutalement d’un univers hostile et concret, à une romance à l’eau de rose. Seule la dernière partie de la BD, en nous plongeant dans les tranchées de 14-18, parvient à réduire ce décalage.
Au bout du compte, on assiste à une véritable fresque romanesque dans le style de « Autant en emporte le vent ».
Le dessin de Sinisa Radovic associé, aux couleurs de Bertrand Denoulet, colle parfaitement à l’ambiance de l’écrit. Sa représentation de cette époque de grandes conquêtes n’est pas sans rappeler celle de « Dérib » et son « Buddy Longway ». Son trait bien travaillé est juste et envoûtant. Les scènes d’actions prennent une ampleur réaliste et l’ensemble paysages-décors nous délivre une vision splendide de ces grandes étendues.
À l’image des nombreux romans de Jack London, Philippe Thirault ferme superbement, et certainement provisoirement (un 2ème cycle devrait voir le jour), une magnifique saga romanesque sur fond de conquête du Grand Nord Canadien. Un excellent moment de détente et d’évasion.
La série
Eldoradores
Série : La fille du Yukon (T3)
Scénario : Philippe Thirault
Dessin : Sinisa Radovic
Couleur : Bertrand Denoulet
Éditeur : Dupuis
Collection : Empreinte(s)
Dépôt légal : novembre 2007
Format : 32 x 24 cm
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-8001-3937-1
Prix public : 13 €