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Chambre de Sable (La)
Joëlle Wintrebert
Éditions Glyphe, roman (France), fantastique ?, février 2008, 182 pages, 16€

La petite Marie a onze ans.
Du haut de son âge, elle est à une période charnière où les rêves de l’enfance s’enfuient et doivent laisser la place à ceux de l’adulte en train de naître. Cet éternel combat qui va durer longtemps et que l’on appelle parfois l’adolescence.

Mais Marie a ses idées bien à elles, des désirs et surtout un besoin d’amour qu’une mère trop classique ne peut satisfaire.

Jusqu’au jour où elle rencontre un vieux monsieur, photographe et voisin, avec qui elle va tisser une relation étrange à l’ombre des tombes du cimetière.



Trois Prix Rosny aîné (nouvelle « La Créode » en 1980, les romans « Les Olympiades Truquées » en 1988 et « Pollen » en 2003), un Grand Prix de la SF Française (« Le Créateur Chimérique » en 1989), romancière, novelliste, scénariste, directrice de revue, etc, on ne devrait plus présenter Joëlle Wintrebert.
Et pourtant, l’état des littératures de genres est telle en notre bon pays (ne parlons même pas et seulement de la SF !) que d’être acteur de créations dans ces parages vous arrange définitivement une carrière grand public, si vous voyez ce que je veux dire.

O tempora, o mores, il est loin le temps où le bon peuple pouvait se délecter des littératures “imaginaires” sans subir la vindicte de la critique bien éduquée. Aujourd’hui, les “vrais” journalistes du premier magazine littéraire venu ou du périodique en vogue se gardent bien d’aborder le sujet (ou avec une pince à linge sur le nez !) alors qu’il y a de ça une quarantaine d’années, ils le faisaient encore.
Vous me direz, ils ne parlent pas non plus de poésie (à croire que les poètes ont disparu) ou confondent le premier slammeur vaguement doué avec Rimbaud... Ce qui est évidemment plus class et plan média. En fait, hormis les efforts de quelques héros bien solitaires (“Libé”, “Le Monde”), ils ne parlent que des mémoires d’obscurs concierges de stars à deux balles ou des états d’âmes d’un normalien en détresse dans le 6e arrondissement de la capitale.

Bref, Joëlle Wintrebert est mal barrée car elle écrit bien, ne raconte pas n’importe quoi et a souvent sévi dans nos eaux.
Partant de ce postulat réjouissant pour nos yeux (mais pas pour la gloire de l’auteur), la romancière s’adresse d’abord à notre cœur et pas à notre cerveau -même si mon premier fera fonctionner mon second ensuite- avec cet ouvrage.

Histoire de petite fille, dont la grande rigueur narrative de l’auteur nous évite les discours d’adulte dans la tête d’une gamine de onze ans -comme cela arrive malheureusement souvent dans bien des exercices de style actuels-, « La Chambre de Sable » serait un roman initiatique s’il ne s’agissait avant tout d’un grand roman d’amour.
Celui que l’on recherche auprès des siens et que l’on ne trouve pas toujours. Celui qui vous tombe dessus à l’improviste et que l’on n’attendait absolument pas. Celui qui fait très mal, mais vous transporte aussi au milieu des étoiles. Celui qui vous fait vivre pleinement...
Une histoire de femmes aussi. Multiples, complexes, absentes. Il y a une mère, sa fille (Marie), une amie, des ombres qui dansent au second plan et un père. Ailleurs.
Un vieux monsieur va passer et s’incruster. Photographe et promeneur mystérieux qui illumine la vie de Marie d’une lumière qu’elle seule peut voir et comprendre.

Évidemment, on pourra tout espérer d’une fin que votre humeur pourra tordre à sa convenance et il faudra simplement s’abandonner dans les bras de l’émotion intense générée par le récit. Dans une sensualité délicate (et trouble) qui oscille entre la féminité assumée et naturelle des personnages et l’étrangeté des situations décrites.

Joëlle Wintrebert signe un superbe roman, concis et touchant, dont on se fiche bien de savoir si on doit le classer quelque part (fantastique, réaliste, onirique ?) étant donné que la destination la plus judicieuse de l’objet est entre vos mains avec vos yeux délicatement posés dessus.
Il faut résolument savoir lire avec son cœur.

Titre : La Chambre de Sable
Auteur : Joëlle Wintrebert
Couverture : Daniel Arnault (maquette), Arnaud Hug (illustration)
Éditeur : Éditions Glyphe, 85, avenue Ledru-Rollin, 75012 Paris
Site Internet : site perso de l’auteur, page roman (site éditeur)
Pages : 182
Format (en cm) : 14 x 1,5 x 20,5
Dépôt légal : février 2008
Parution : 18 mars 2008
EAN : 9 782352 850335
ISBN : 978-2-35285-033-5
Prix : 16€


Stéphane Pons
9 juin 2008


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Joëlle Wintrebert lors du dernier Salon du Livre de Paris 2008 dédicace « La Chambre de Sable » (© Yozone).



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