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Taras Boulba (T1)
Jean-David Morvan, Frédérique Voulyzé & Igor Kordey
Delcourt

Taras Boulba, cosaque des temps héroïques, fête l’arrivée de ses deux jeunes fils, Andreï et Ostap, de retour de l’académie de Kiev. Leurs études désormais achevées, il faut penser à leur initiation guerrière. Taras Boulba s’empresse de les conduire à la Setch, un vaste campement militaire. Là, ils devront apprendre à combattre vaillamment au nom de la foi orthodoxe, sans laquelle mieux vaut qu’ils périssent, qu’ils disparaissent à jamais d’ici-bas. (texte Delcourt)



Après plusieurs adaptations cinématographiques de cette œuvre de Gogol, c’est avec réussite que la BD s’y colle. Il m’apparait évident qu’après la version cinématographique très hollywoodienne (en 1962 avec Yul Brunner et Tony Curtis), seul le 9e art pouvait donner une version plus honnête d’un roman jugé très dur : « La réussite du récit, écrit par Gogol quand il a à peine vingt-six ans, tient à ce que le souffle épique y côtoie sans cesse la truculence de la fête des beuveries cosaques, mais aussi l’évocation poétique d’une Ukraine primitive. » (critique littéraire)

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C’est Jean David Morvan (« Sillage »,« Troll ») et Frédérique Voulyzé (« Les Aventures de Tom Sawyer ») qui s’affairent sur une adaptation très réaliste et sans concessions du roman. Au travers d’un récit clair et parfaitement orchestré, ils nous décrient, sans complexe, la dure vie de l’époque. Un monde où les hommes vus comme des héros par certains, étaient vus comme des êtres ignobles et sanguinaires par d’autres. Des soldats avides de batailles et de saoûleries.
Un monde où les femmes n’auraient eu que pour seule réalité d’existence la procréation de futurs soldats. Pourtant en l’absence de leurs maris elles feront preuve de courage et d’abnégation pour remplir leurs devoirs quotidiens. Un monde où Taras Boulba incarne à lui seul la témérité et la stupidité de l’être humain. Lui qui veut transmettre à ses fils la fibre de l’honneur dans la guerre, au travers de la foi orthodoxe et de la lutte contre l’envahisseur polonais. Il n’apparait ici que comme une ancienne figure de l’armée cosaque qui court après son passé glorieux où il n’avait jamais ressenti ni empathie, ni pitié envers ses ennemis.

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C’est au travers d’un somptueux flash-back de plusieurs pages que l’on découvre l’antagonisme entre le souhait de Taras de retrouver son ancien univers et les souvenirs personnels de ses deux fils. Ostap n’a pour désir que de dépasser son père dans la barbarie et Andreï de découvrir les merveilles du monde moderne et de l’amour.

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Ce passage est carrément génial et Jean David Morvan le décrit d’une manière parfaite : « Dans le roman, il y a trois flash-back, de Taras et de ses deux fils. Bien sûr, ils sont écrits successivement dans le livre, mais dans la bande dessinée j’ai choisi de traiter ce passage en trois strips, chacun consacré aux souvenirs d’un des personnages. J’ai voulu en faire une scène qui ne puisse être réalisable qu’en bande dessinée. Les pages peuvent donc être lues classiquement de gauche à droite et de haut en bas, mais on peut également décider de suivre de manière horizontale l’histoire de l’un, avant l’histoire des autres. » .

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Côté graphisme c’est Igor Kordey (« Empire », « L’histoire secrète ») qui nous fait voyager au cœur de ces vastes étendues, rudes et magnifiques.
Son passé d’ancien soldat durant la guerre d’indépendance de la Croatie, lui donne une indéniable (et dramatique) expérience pour le rendu visuel de la guerre. Son héritage slave lui permet d’offrir une véritable vision de la dure existence dans ces pays d’Europe de l’est. Au travers de ses acquis, il s’est façonné une idée claire sur les conflits militaires tout au long de l’histoire de l’humanité : « J’ai l’habitude de dire que ce n’est pas l’histoire qui se répète d’elle-même mais la stupidité des hommes. » . Son trait est précis et franc. Les effets de mouvements sont cash, comme les retrouvailles entre Taras et Ostap son fils ainé.

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Son dessin, aussi dur que l’écrit, nous balance en pleine figure la quintessence d’une Ukraine primitive. Les couleurs de Wang Peng renforcent cette mise en images déjà riche en détails.

Ce très beau premier volume nous livre une adaptation bien construite d’une vision réaliste de la révolte cosaque tout en pointant de manière crue la dure condition de la femme ukrainienne. Un récit accrocheur au visuel remarquable qui nous fait languir de la suite.


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(Les citations sont tirées de « Taras Boulba - Interview croisée » parue sur le site des éditions Delcourt)


Taras Boulba, de Nicolas Gogol 1
- Scénario : Jean-David Morvan & Frédérique Voulyzé
- Dessin : Igor Kordey
- Couleur : Wang Peng & Studio 9
- Éditeur :Delcourt
- Collection : Histoire & Histoires
- Dépôt légal : février 2008
- Format : 32 x 23 cm
- Pagination : 48 pages couleur
- ISBN : 978-2-7560-0468-6
- Prix public : 12,90 €




Bison 13
10 mai 2008




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Volume 1



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Taras Boulba



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