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La littérature « jeunesse », à quoi ça sert ?
Le Sablier Vert de Michel Jeury
Délice et Daubes n° 86


Ben oui, va falloir qu’on m’explique. À part que ça se vend bien et que ça fait manger les auteurs, j’aimerai bien qu’on m’informe plus avant sur ce phénomène, tendance lourde.

Quand j’étais gamin (oui il y a trèèèèès longtemps) j’ai commencé par lire Vernes (Bob Morane, toute la collec), Kipling et Verne, vers les 10-12 ans, environ. Peu après, je lisais Jean Ray, Poe, et, pour faire court, Lovecraft et Simak. Comme tout le monde, non ? Alors c’est quoi ce concept (juteux, j’ai compris, merci) de « littérature jeunesse » ?

Est-ce qu’une seule personne qui sort de temps en temps de son cocon, ne serait-ce que pour s’acheter du pain, a déjà rencontré un(e) ado d’aujourd’hui ? Pourquoi faudrait-il écrire spécifiquement pour cette catégorie d’humain ? Avec les médias omniprésents, il ne sauraient pas encore comment on fait pour baiser ? Ou pour tuer ? Qui va croire à ça ? Alors c’est quoi ce truc « jeunesse » ? De l’écriture simpliste ? De la morale propre ? De la philosophie propre ? Où on va, là ?

Ces prolégomènes parce que je viens de me cogner deux bouquins « jeunesse ». C’est la première fois de ma longue vie de lecteur que ça m’arrive (depuis ma jeunesse et Bob Morane). Deux c’est peu mais suffisant pour que la puce me pique l’oreille. Alors oui c’est plus simple, plus con et moins rigolo que le reste, si c’est possible. Mais, cette fois, mon éthique à la noix de cola et à géométrie variable m’autorise à vous parler d’un des deux, car celui-là est un super célèbre.

Le Sablier Vert, bouquin « pour adolescents » de Michel Jeury, date des années 70, l’époque où l’auteur publiait des romans de SF vraiment novateurs, en Ailleurs & Demain argentés, qui m’avaient laissé une excellente impression. Bon, faudrait que je relise.
Quand j’ai entrepris ce roman, je me demandais quand j’allais retrouver l’auteur que j’avais aimé. Et ben j’ai du être courageux et patient, ce n’est que dans les dernières pages que j’ai retrouvé cet univers où on ne sait plus où est la réalité, l’illusion, le présent, le futur.
Le reste du livre ne présente aucun intérêt. Taël, un jeune archéologue qui vit sur une planète qui a connu le cataclysme nucléaire et a rejeté la technologie, part à la recherche d’un mythique « sablier vert ». Avec l’aide de nombreux compagnons, qu’il rencontre juste au bon moment pour poursuivre sa quête, il va parvenir, après moult aventures aussi prévisibles que convenues, à son but. Je ne vous ferai pas l’affront de vous raconter ce qu’est ce sablier vert, mais dire que l’intrigue est mince est peu dire.
Quant au message, destiné aux ados, il est, amtocha, à gerber. Je résume : si les gens vivent libres et heureux avec de quoi manger, un toit et l’égalité, mefiez-vous ! Ils vont se ramollir, manquer d’énergie et il faudra leur insuffler du sang neuf, celui de malheureux agressifs et combatifs qui en veulent. Sympa, non ?

Non mais, qu’est-ce qui empêche un gamin de 12 ans de lire Stefan Wul, par exemple, ou même Roland C. Wagner ? Il n’y a même pas l’ombre d’un poil de pubis dedans, si là est la question.

Soit le bouquin est bon, et pourquoi faudrait-il être ado pour lire Dumas, Kipling, Verne, Leblanc, Conan Doyle, etc., soit il est mauvais, ou simplet, ou bébête, et pourquoi faudrait-il alors le vendre aux jeunes ? Pour qu’ils deviennent nigauds comme leurs parents ? Méfiez-vous des étiquettes, jeunes filles et jeunes gens, et achetez vous-mêmes vos bouquins, dans n’importe quel rayon !


Henri Bademoude
12 janvier 2008


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