La claque ! Bravo Monsieur Bordage ! La France a la chance de disposer d’un Grand Maître de la SF. Beaucoup le savaient déjà : Pierre Bordage est un incontournable talent de notre microcosme. Mais, sale rouspéteur mécréant râleur que je suis, je n’en étais pas encore convaincu. C’est chose faite avec ce premier tome de La Fraternité du Panca (Frère Ewen, L’Atalante,novembre 2007, 446 pages).
Il s’agit d’un space opera grandiose à la gloire de l’humanité, et de ce qu’elle a de plus beau : les femmes.
Ewen, après une enfance difficile de mal aimé, devient un sale type avant de rencontrer son Maître et de devenir, après cinq ans de formation, un frère du Panca. Il reçoit son implant, par lequel il recevra ses instructions et où s’inscrira sa vie, et son chaka, une drôle d’arme symbiotique qui crache des cercles de feu inextinguible. Puis il va rencontrer la femme de sa vie et vivre avec elle dix années magnifiques. Il est soudain appelé par son implant et doit partir, et tout laisser, pour rejoindre le quatrième maillon de la chaîne quinte qui doit se reconstituer pour sauver toutes les espèces vivantes de la Galaxie. C’est à ce moment que débute le roman.
Une autre ligne narrative est constituée par le journal d’un jeune adolescent Olméo, issu d’une famille de paysans chassée de son village à cause de l’adultère de la mère. La religion, comme d’habitude, empêche de vivre... et déteste toutes les autres, même celles qui lui ressemblent. Olméo entreprend lui aussi un long voyage et va rencontrer l’amour, une jeune fille extraordinaire nommée Sayi, d’une autre peuplade et d’une autre religion (ils adorent un autre ange !).
Les deux voyageurs, Ewen et Olméo, vont se rencontrer peu avant d’entreprendre leur long périple de 80 ans vers leur planète de destination.
Je ne vous en dis pas plus. Il y a plein d’aventures, d’action, de surprises, de retournements de situation. Mais il y a surtout, en plus des descriptions de ces endroits magnifiques ou sordides des planètes et lunes visitées, une extrême humanité et une sensibilité formidable, une ode aux sentiments forts et à l’amour en particulier, amour perdu pour Ewen desespéré, amour naissant pour Olméo enthousiaste, curieux et rebelle. Une grande sensibilité sans un poil de sensiblerie. Remarquable, prenant, poétique, lyrique sans être gonflant, fluide, maîtrisé. Bon j’arrête, je vais vous faire vomir.
Dois-je encore vous rappeler qu’il ne s’agit pas là d’une énième resucée de choses déjà lues, ou de trucs dystopiques ou uchroniques où interviennent des personnages célèbres ? Non, c’est de l’invention, de la création, du jamais encore imaginé.
Lisez ce Frère Ewen de Maître Bordage, c’est un délice.