Genre : Drame
Durée : 1h40

Interdit au moins de 12 ans

Avec Viggo Mortensen (Nikolai Luzhin), Naomi Watts (Anna Khitrova), Vincent Cassel (Kirill), Armin Mueller-Stahl (Semyon), Jerzy Skolimowski (Stepan Khitrov), Sinéad Cusack (Helen), Donald Sumpter (Yuri), Sarah-Jeanne Labrosse (Tatiana), etc.

La nuit, dans les bas-fonds de Londres, une jeune fille en sang s’écroule dans une pharmacie. Elle va accoucher puis mourir, laissant un bébé et un carnet intime écrit en Russe pour seules traces de son passage sur terre.
Que lui est-il arrivé, d’où vient-elle, quel est le père de l’enfant, etc ?
Autant de questions que se posent Anna (Naomi Watts), la sage-femme qui recueille temporairement l’enfant. Ses recherches la mener vers un aimable et charmant grand-père, Semyon (Armin Mueller-Stahl), patron d’un restau Russe typique. Elle va aussi croiser son grand fils, Kirill (Vincent Cassel) et son chauffeur Nikolai (Viggo Mortensen), mais eux sont clairement différents et sentent le souffre.
Semyon lui propose de lui traduire le carnet si elle veut bien lui confier. Anna, méfiante, ne lui en donne que des photocopies et en demande également la traduction à son oncle.
D’abord réticent, celui-ci commence à lui lire la vraie histoire d’une pauvre immigrante, trompée, violée puis prostituée par la mafia russe.
Étrangement, Semyon lui raconte tout autre chose...

Après le superbe « A History of Violence » qui, sous couvert d’un thriller hypnotisant s’avérait être une métaphore sur les mythes constitutifs et sanglants de la création des États-Unis, David Cronenberg nous livre un second film tout aussi puissant.
Ici, c’est l’Europe qui est passée au crible de la vision du maître canadien dans un exercice stylistique d’une puissance rare. Œuvres complémentaires, « A History of Violence » et « Les Promesses de l’Ombre » (Eastern Promises) parlent finalement de la même chose à travers deux univers culturels différents. Au final, le constat est similaire, ces deux films sont marquants et superbes.
D’une part, David Cronenberg passe son sujet à travers ses filtres émotionnels intimes, obsession de la métamorphose des corps et des âmes, passion de la chair sous toutes ses formes (blessures, tatouages et grains de la peau sont particulièrement ciblés par la caméra), d’autre part, il ne renie en rien l’art cinématographique en ne corrompant pas son sujet via des artifices inutiles.
Le thriller est présent, l’enquête d’Anna possède toute sa logique, les événement s’enchaînent avec une force interne propre au récit incontestable.

Vrai réalisateur, David Cronenberg dirige sa distribution avec un brio certain. Naomi Watts (Anna) est toute à la fois solaire et les pieds sur terre avec une force mémorable, Vincent Cassel (Kirill) interprète parfaitement le fils sous estimé qui cherche la reconnaissance de son père (Semyon) et transfère inconsciemment son dépit amoureux sur Nikolai (V. Mortensen), Armin Mueller-Stahl (Semyon) incarne l’horreur implacable et la sensibilité de l’être humain avec une grande intelligence, quant à Viggo Mortensen (Nikolai), c’est... Inexprimable, grandiose, époustouflant. Il se hisse au niveau des plus grands acteurs avec une facilité déconcertante et une ténacité hors norme.

Situé dans un monde réel mais tout aussi imaginaire, les décors, l’éclairage, sont les plus pures expressions d’un théâtre des ombres Shakespearien, entre murs suintant d’humidité, rues mal éclairées et intérieurs miteux ou lumineux.

Rien n’est “solide” dans ces « Promesses de l’Ombre », chaque scène transpire le cauchemar ou le rêve éveillé, et paradoxalement, on ne sent jamais aussi impliqué par la tangibilité des événements contés.

Formidable leçon de cinéma que l’on n’oubliera pas de sitôt, David Cronenberg signe içi et sans aucun doute le meilleur film de l’année 2007.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Eastern Promises
Réalisation : David Cronenberg
Scénario : Steve Knight

Producteur : Paul Webster, Robert Lantos

Photographie : Peter Suschitzky
Musique : Howard Shore
Directeur artistique : Nick Palmer, Rebecca Holmes
Décors : Carol Spier
Costumes : Denise Cronenberg
Maquillage : Stephan Dupuis
Cascades : Julian Spencer, Paul Herbert
Mixage : Stuart Wilson
Montage : Ronald Sanders

Production : Serendipity Point Films (USA), Focus Features (USA), BBC Films (Grande-Bretagne), Kudos Productions Ltd. (Grande-Bretagne)
Distribution : Metropolitan FilmExport (France), Focus Features (USA)
Presse : François Frey (Paris)

SITE INTERNET

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