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Underground
Craig Spector
Bragelonne, L’Ombre de Bragelonne, roman (traduction), fantastique, 333 pages, juillet 2007, 20€

Vingt ans après une soirée très particulière dans la maison familiale des Custis, qui s’était soldée par un mort et une disparue, les survivants sont de nouveau réunis car leur ami Justin vient, lui aussi, de passer à travers le miroir, laissant derrière lui sa main droite, toujours vivante.



Craig Spector, pratiquement inconnu en France est, selon la quatrième de couverture, un scénariste et auteur de romans à succès. Son expérience est perceptible dans la construction du livre. Les premiers chapitres décrivent la vie actuelle des protagonistes, qui ont tous reconstruit leurs vies en essayant d’oublier cette soirée : Caroline vit en bourgeoise avec sa fille rebelle Zoé et son mari, Amy ne peut supporter ce souvenir qu’avec l’héroïne, etc.
Au faux enterrement de Justin -de sa main vivante, en fait- ils retrouvent Josh Custis, qui a organisé la cérémonie, et Seth, leur copain noir. Il y aura aussi des inconnus dans cette église, dont Joya une sorcière, son fils aux opinions radicales anti-blanc, et des porte-flingues.

Progressivement, au cours du roman, on apprend ce qui s’est passé lors de cette fameuse soirée. La maison est celle d’un des premiers et plus ignobles trafiquants d’esclaves du début de l’Amérique blanche, l’ancêtre de Josh. Mais cet horrible type n’est pas mort, il est devenu La Grande Nuit, un être de méchanceté qui se nourrit de la souffrance des autres, dans un monde parallèle au nôtre dénommé Le Milieu. Là les esclaves souffrent encore, brûlent encore, sont encore torturés, même morts. Leurs âmes sont prisonnières.

En passant par le miroir, par une magie plus noire que blanche, Justin est allé rejoindre Mia, sa fiancée disparue ce fameux soir. Avec l’aide de Joya, ceux qui étaient au faux enterrement vont aller chercher leurs amis dans le Milieu et libérer les âmes des esclaves.

C’est un roman fantastique (ou d’horreur) avec une trame assez originale et qui se lit facilement. Néanmoins on peut y trouver quelques défauts. La construction « technique » avec des questions en fin de chapitre ou des « mais le pire était à venir », pour faire tourner les pages, peut agacer. Des phrases « imagées » (dont on ne sait si c’est dû ou non à la traduction) peuvent sembler ridicules : « ...comme un homme marchant sur la pointe des pieds dans un champ de mines émotionnel. Caroline le regarda s’en aller, sentant mille fêlures se propager à travers l’épaisse carapace de défenses constituant son Kevlar psychologique. » (p.64). « Leur chair fourmilla, leurs poils minuscules se dressant comme un radar dermique, imités par le duvet sur leurs nuques. » (p.269).
Toujours pour faire entrer le lecteur dans son monde, Spector use et abuse des marques de vêtements, de chaussures, de matériels informatique et audio, sans parler des détails sur les carburateurs de voitures. Plus anecdotique, le sorcier africain est bizarrement appelé du mot espagnol brujo.

Contrairement aux romans de Graham Masterton, il n’y a pas du tout d’humour ni de distanciation. Et il y a un peu trop de personnages secondaires dont on se fiche complètement.

Un peu plus gênant, la cohérence du récit peut ne pas convaincre. Ce fameux Milieu c’est l’enfer pour les esclaves morts, surveillés par des gardes écervelés et leurs chiens, mais c’est aussi une sorte de purgatoire où errent les gentils non morts (Justin, Mia, un certain Louis) qui peuvent y survivre des dizaines d’années sans rencontrer les matons, mais en buvant du sang humain (?).
On peut se rendre dans ce Milieu par les vieux miroirs et la magie noire (que pratique aussi les gentils ?) ou par le « nganga », un brouet infâme qu’on alimente en chair humaine pour invoquer Le Mal, la Grande Nuit, qui donne son pouvoir aux vilains dans notre monde.

Le message de fond -la dénonciation des horreurs de l’esclavage et des esclavagistes- est, par contre, solidement argumenté et indiscutable.

Titre : Underground (Underground, 2005)
Auteur : Craig Spector
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Benoît Domis
Couverture (souple) : Photo RMN/Labat/CFAO - montage Fabrice Borio
Collection : L’Ombre de Bragelonne
Directeurs de collection : Stéphane Marsan et Alain Névant
Éditeur : Bragelonne, 35, rue de la Bienfaisance, 75008 Paris
Site Internet : http://www.bragelonne.fr
Pages : 333
Format (en cm) : 23,5 x 15 x 2,6 (broché)
Dépôt légal : juillet 2007
ISBN : 978-2-35294-083-8
Prix : 20 €


Hervé Thiellement
16 novembre 2007


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