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Mort London (T3)
Rodolphe et Isaac Wens
Le Gardien des Ténèbres (Glénat)

Mort London et Bram Stoker voudraient bien savoir pourquoi le grand Charles Darwin a brutalement arrêté sa carrière scientifique. Un mystérieux secret sans doute... Oui, mais lequel ? La seule pièce à conviction pouvant les aider est un carnet intime en partie indéchiffrable...

Entre petits malfrats attirés par le vol du carnet et d’étranges comploteurs dont les buts sont plus obscurs, Mort London et Bram Stoker vont-il arriver à solutionner la grande énigme ?
Et puis, le silence de Darwin ne s’explique-t-il pas aussi par les bouleversements incroyables que ne manquerait pas de produire ce secret si bien gardé ?



Conçue comme un épisode unique mais pas sans rapport réel avec le second tome des aventures du héros Mort London intitulé Le Carnet Volé (2005), la BD Le Gardien des Ténèbres est recouverte d’un voile mystérieux et mélancolique totalement en rapport avec l’intrigue développée.
On comprend bien cependant la volonté de démarquer ce tome 3 des deux précédents. Presque dix-huit mois se sont écoulés entre la parution du tome 2 et de ce Gardien des Ténèbres... Alors qu’à peine six mois (mars et novembre 2005) avaient séparé la publication des deux premiers opus. Une éternité dans le monde de la BD qui oblige à prendre certaines précautions, on en convient...

Foin de la logistique éditoriale, dès les premières pages, une sensation de fin de règne ou de fin d’un monde transparaît et imprègne un récit tout entier enveloppé par le souffle affaibli d’anciens souvenirs aujourd’hui presque disparus. Travail sur la mémoire, travail sur l’histoire, le fond de l’intrigue est totalement crédible et passionnant.
Légèrement plus gênant, on a par contre du mal à cerner Mort London. Le héros, dandy sans illusion et sans grand moyen, dispose d’un train de vie qui frise l’opulence sans justification particulière.

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Le carnet intime du grand Charles Darwin est la source de toutes les questions ! (Le Gardien des Ténèbres, Glénat 2007).


Tout se passe dans une Angleterre victorienne et industrieuse, noyée par les brumes d’un automne éternel, submergée par le fog prégnant et omniprésent d’une société assise sur ses valeurs et sa puissance. Les affres d’un lumpen prolétariat obligé de trimer pour survivre n’engagent pas à la levée des grands secrets d’où, sans doute, une fin en forme de clin d’œil -exportée dans un autre pays avec des tonalités graphiques beaucoup plus lumineuses (dernière page).

Basé sur un graphisme très influencé par une approche picturale romantique et noire (type encres de Victor Hugo) mixée avec un pointillisme bien contrôlé, le scénario se développe sans secousse. Il déroule un climat, voire une certaine forme de langueur, qu’une narration classique sur le mode thriller n’aurait pas laissé deviner. Étrangement, il s’agit pourtant bien d’un thriller fantastique.
Bizarrement aussi, vers les pages 26/27, on observe une bascule du graphisme et de la palette des couleurs ambiantes dont on ne comprend pas très bien les raisons. On passe tout d’un coup d’une sensibilité chromatique milieu du XIXe siècle et assez sombre, à une gamme plus lumineuses doublée d’un trait plus affirmé et clairement influencé début du XXe siècle.
Les dix-huit mois de décalage dont nous parlions en préambule à cette critique, sont-ils aussi le résultat d’une écriture en deux ou plusieurs temps ? Le changement de style remarqué trouve-t-il sa justification dans ce facteur ? Mystère là encore...

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Ambiance de fin de règne et de fin du Monde...


À l’inverse, le scénario est cimenté par une approche navigant entre les grandes figures du roman gothique puis fantastique avant de se conclure avec un petit côté « Sherlock Holmes » justifiant la logique du récit.
Le Gardien des Ténèbres est une belle BD en forme de mémoires d’Outre-tombe où règne une douce mélancolie.
Attachant et émouvant, l’album porte en lui les germes d’une profonde empathie pour les personnages qu’il présente. Comme si les auteurs avaient été aveuglés par la destiné tragique des principaux sujets, en oubliant -volontairement ?- d’énergiser les cadrages.
Bien que le tout constitue un dernier tome lisible séparément de la série, il distille insidieusement une très forte envie de partir à la recherche des deux premiers opus.

Belle découverte à réserver pour les périodes d’insomnies nocturnes, à ces moments tangents où la journée s’enfuit et où la nuit n’est pas encore arrivée.
Où quand la lecture d’une BD aux qualités quasi hypnotiques s’inscrit en forme de murmures dans le silence d’un monde bien trop agité...


Le Gardien des Ténèbres
Série : Mort London (T3)
Ouvrages précédents : La Fenêtre Fantôme (T1, mars 2005) - Le Carnet Volé (T2, novembre 2005)
Scénario : Rodolphe
Dessin et couleurs : Isaac Wens
Éditeur : Glénat, BP 177, 38008 Grenoble Cedex
Collection : Grafica
Pages Internet : BD (puis recherche par le titre)
Pagination : 64 pages couleur
Format : 32 x 24 cm (cartonné)
Parution : juin 2007
Code Hachette : 73 4994 1
EAN/ISBN : 978-2-7234-5333-2
Prix : 12,50€


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Mort London de Rodolphe et Wens, une trilogie à découvrir.

© Illustrations et BD : Rodolphe, Isaac Wens & Editions Glénat 2007



Stéphane Pons
24 octobre 2007




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Troisième tome de la série « Mort London », lisible séparément mais totalement intégré aussi dans cette trilogie.



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Dans l’Angleterre victorienne, une énigme va surgir.



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Mort London et Bram Stoker vont enquêter !



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Puis découvrir un être bien mystérieux.



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Et aussi totalement effrayant !



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