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Le cyberespace de l'imaginaire




Si j’étais Toi
Film fantastique français de Vincent Perez (2005)
10 octobre 2006


Genre : Fantastique
Durée : 1h33

Avec Olivia Thirlby (Samantha Marris), David Duchovny (Dr Benjamin Marris), Lili Taylor (Hannah Marris),etc.

Un couple modèle, Benjamin et Hannah, la quarantaine bien sonnée, issu de la petite bourgeoisie anglo-saxonne classique. Toujours amoureux l’un de l’autre, ils sont aussi les parents d’une jeune fille, Samantha, adolescente de 16 ans qui a des envies de liberté et d’indépendance.
Mais voilà, alors que rien ne prédisposait cette famille à un destin tragique, un accident de la circulation plonge Hannah et Samantha dans un étrange coma. Seule Samantha en sortira, la maman ne survivant pas au drame.
Les choses de la vie... et de la mort, dansant de concert une valse réglée au millimètre depuis que l’homme est l’homme.
Fin de l’histoire ? Non ! Dès que Samantha émerge de son long sommeil, ce n’est plus la personnalité de l’ado légèrement rebelle qui surgit, mais celle d’Hannah, femme amoureuse de Benjamin, son mari !
Que s’est-il passé ? Nul ne le sait. La médecine officielle parle de choc post-traumatique, le père en perd les pédales, noyé entre l’amour qu’il doit à sa compagne de toujours et la passion filiale qu’il ne peut éliminer de ses gènes. Que faire alors ? Accepter ce transfert de personnalité, crier au fou, à l’usurpatrice ou tout simplement survivre aux événements en essayant de les comprendre ?

À dire vrai, cela fait bien longtemps que l’on surveille attentivement la carrière d’acteur et de réalisateur de Vincent Perez. Mixant avec une rare intelligence films grand public par chez nous (« Cyrano de Bergerac », « Fanfan la Tulipe », « Indochine », etc.) mais aussi productions plus intellectualisées (« La Reine Margot », « Ceux Qui m’Aiment Prendront le Train », « Par-delà les Nuages »), il n’hésite pas à se lancer dans une carrière US (« Au Cœur de la Tourmente », « Je Rêvais d’Afrique ») souvent placée sous le signe de l’entertainment fantastique et intelligent (« The Crow : La Cité des Anges » ou « La Reine des Damnés »), autant de productions qui sans être des chef-d’œuvres absolus sont pourtant respectables et s’avèrent même “cultes” auprès de nombreux fans.
Le bonhomme ne se limite pas à ce palmarès déjà honnête, il participe aussi à quelques aventures fantastiques hexagonales (« Le Pharmacien de Garde », un bon thriller fantastique injustement sous évalué) et se lance dans la réalisation via quelques courts et un premier film en forme de drame intimiste (« Peau d’Ange ») très Français (passage stylistique obligé pour acquérir un diplôme cinématographique hexagonal ?) et déjà au centre de son sujet.
Bref, bon acteur, mec visiblement intelligent et réalisateur sérieux, Vincent Perez nous revient avec un drame fantastique tourné en Amérique du Nord, « Si j’Étais Toi » (The Secret), remake officiel d’un film japonais (pas vu à ce jour par chez nous) intitulé « Himitsu ». Une histoire de réincarnation qu’il adapte visiblement avec grand respect pour le sujet original.
Petits moyens et ambitions raisonnables (Vincent Perez est intelligent, on l’a déjà précisé), « Si j’Étais Toi » accumule les bonnes surprises. Tout premier point positif, un trio d’acteurs touchants : David Duchovny (Mister « X-Files » pour ceux qui arriveraient de Mars) est un père perplexe et paumé convaincant, Lili Taylor (Hannah) une mère-épouse sensible dont on tomberait facilement amoureux et, pépite sur le gâteau, la jeune Olivia Thirlby (Samantha) pour son premier film avant son apparition dans « Vol 93 » (tourné après mais sortie avant par chez nous) sur laquelle la Yozone pose déjà une option de future grande star du cinéma US si Hollywood ne la croque pas bêtement.

Film d’ambiances troublées, de regards perdus, de sentiments profonds, de dialogues incompris ou trop bien compris, « Si j’Étais Toi » utilise les codes du cinéma fantastique pour nous parler -très justement- du grand amour, de l’ambiguïté d’être un père, des difficultés de l’adolescence et d’une multitude de travers que la vie pose sous nos pieds afin d’en mesurer notre grandeur d’âme.

Réalisation simple, claire, bien pensée, sans mauvais effets d’esbroufe, Vincent Perez offre une œuvre limpide, fine et profondément sensible. On est pas très loin d’une ascèse filmique tout à la fois décontractée et très pensée que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, vu que la dernière fois que le cinéma français s’était penché sur le sujet c’était avant-guerre, grâce à de très grands réalisateurs (Duvivier, Clair, Carné, Renoir et Cie). Gens de talents qui n’hésitaient pas à manier tous les registres des thématiques à leur disposition (étude de mœurs, comédie, drame, fantastique, etc.) pour parler au plus grand nombre.

Aujourd’hui que le champ visuel s’est restreint comme peau de chagrin, il est évidemment un brin énervant de voir que l’exil a été nécessaire à la réalisation de l’objet.Il est aussi rassurant de constater qu’Europa Corp. est finalement la seule maison à risquer ses billes dans ce type d’entreprises (Merci Monsieur Luc Besson d’avoir mis la main sur le bon sujet et de l’avoir repassé au bon artisan). Il faudra d’ailleurs qu’un jour, votre Zone préférée avoue ses bons sentiments pour ce gars (bon réalisateur, quoi qu’on en pense, producteur intelligent et preneur d’initiatives couillues) malgré le tombereau d’insultes que les uns et les autres répandent dès qu’ils le peuvent sur lui.

D’ailleurs et comme à l’habitude, sauf grosse surprise, notre bonne vieille critique locale se contentera d’une moue dubitative, reconnaissant sans doute le talent d’Olivia Thirlby -comment faire autrement ?- plissera les lèvres en faisant semblant de tout comprendre, accordera au mieux un bon point mais ne ressentira finalement rien de ce qui était simplement à percevoir là-dedans, préférant s’esbaudir devant un film « indépendant » US de moindre qualité...
Une heure et trente-trois minutes de vrai cinéma maîtrisé, une ode à la brièveté de bon goût, doublée d’une BO en tout point parfaite, « Si j’Étais Toi » est plus qu’un bon petit film. C’est un TRÈS bon film qui nous parle de choses profondes avec le tact, la délicatesse et la sensibilité que requiert un beau sujet.

Diantre ! Loin de nous l’idée de refaire le monde ou d’en rajouter, on signale simplement qu’il y a des choses que l’on peut aimer en dehors des modes et que de temps à autres, on peut ranger son intellect sur l’étagère et simplement s’avouer touché et ému.

France as-tu du cœur ? « Si j’Étais Toi » vous en offre un gros comme ça ! une excellente surprise et le film du mois d’octobre à découvrir absolument.

Stéphane Pons


UN AUTRE AVIS

Sur la base d’un drame familial, « Si j’étais toi » se tourne très rapidement vers le fantastique-psychologique. Un genre malheureusement sous-exploité en Europe et aux U.S.A., propre au cinéma japonais... Quoi de plus logique que ce film soit un remake d’un long-métrage nippon de 1999. Seconde réalisation de Vincent Perez, l’histoire nous offre un très beau cadeau en nous faisant découvrir la magistrale Olivia Thirlby. Authentique de la première à la dernière minute, cette jeune actrice assume la performance d’interpréter deux personnages opposés : Sam, l’adolescente rebelle, et Hannah, sa mère, dont l’âme désincarnée a pris possession de son corps.

Lili Taylor nous offre également un rôle poignant, comme à son habitude. Il n’en est malheureusement pas de même pour David Duchovny, qui ne semble vraiment pas savoir ce qu’il fait là.

« Si j’étais toi » souffre d’un défaut de taille : il est moyen. La réalisation n’est pas mauvaise, mais pas bien originale. Les dialogues ne sont pas affligeants, mais assez plats. Le scénario est correct mais somme toute banal. Avec un sujet comme celui-là, on se serait attendu à autre chose. Le souci est là : pendant la majeure partie du film, on ne voit venir que ce qui nous serait venu à l’esprit en premier lieu. Rien de plus, rien de moins. Que découvre la mère sur sa fille ? Elle fume de l’herbe... elle couche... elle écrit dans son journal intime qu’elle n’aime pas sa nouvelle maison... J’en passe et des pires.

Vincent Perez était un Christian, on attend maintenant de lui qu’il devienne un Cyrano !

Tom Décembre

FICHE TECHNIQUE

Titre original : The Secret
Réalisation : Vincent Perez
Scénario : Ann Cherkiss
Remake du film japonais : Himitsu de Yojiro Takita (1999)
D’après le roman de : Keigo Higashino

Producteurs : Virginie Silla, Luc Besson, India Osborne, Vincent Perez

Photographie : Paul Sarossy
Musique : Nathaniel Mechaly
Décors : Serge Bureau
Costumes : François Barbeau
Effets spéciaux : Louis Craig
Son : Gilles Corbeil, Christophe Leroy, Alexandre Hernandez, Vincent Arnardi
Montage : Yves Beloniak
Casting : Billy Hopkins, Suzanne Crowley, Kerry Barden, Paul Schnee

Production : Europa Corp. (France)
Distribution : Europa Corp. Distribution (France)
Presse : 213 Communication (Émilie Maison et Laura Gouadain)

LIENS YOZONE

  • Le film annonce (vost)

    EXCLU YOZONE

  • Interview : Olivia Thirlby en 13 questions réponses

    SITE INTERNET

    Si J’étais Toi (The Secret) : Photos de Vincent Perez, BA, etc.
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  • Stéphane Pons
    Tom Décembre
    9 octobre 2007



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