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Un exercice de style uchronique
La Vénus anatomique de Xavier Mauméjean
Délice & Daubes n° 75


D’accord, mes expériences précédentes avec l’uchronie et l’exercice de style étaient plutôt mitigées (D&D61, D&D62). Nonobstant, ne souhaitant pas mourir complètement inculte et benêt, j’ai lu La Vénus anatomique (Prix Rosny Ainé 2005) (Le Livre de Poche SF, 2006, 343 pages) du célébre Xavier Mauméjean, un des piliers de la SFF francophone, auteur et directeur de collections.

C’est Julien Offroy de la Mettrie qui raconte. Un style à la façon du 18e, un peu comme du Voltaire, pourtant honni par l’auteur, qui lui préfère Diderot et Rousseau. Chacun ses goûts !

Sous Louis XV, ce médecin chirurgien vivote à Saint-Malo. Il est convoqué par le Roi pour, avec le Vaucanson des automates et un Fragonard, cousin du peintre mais anatomo-physiologiste, représenter la France à une sorte de concours organisé par Fréderic de Prusse : créer le nouvel Adam.

Toute la première moitié du roman se passe en France, dans une ambiance à la Dumas, avec des complots à la Cour et des mousquetaires gris et noirs. Mais bon, on reste loin de la plume d’Alexandre.

La seconde partie se passe dans un Berlin vraiment uchronique, exacerbé à l’extrême de l’horreur avec des soldats « ni hommes, ni bêtes », qui parquent et humilient une population hébétée. Les savants français travaillent dans une gigantesque bulle de verre, le Panopticon (?). Ils finiront, non pas par créer un homme, mais par faire revivre une femme artificiellement, en l’occurence une copine à eux, morte devant leurs yeux.

Interviennent dans cette histoire Casanova et Jean-Sébastien Bach (les pauvres, que sont-ils venus faire dans cette uchronie ?) et un certain de Maupertuis. Ce dernier a des comportements parfaitement ignobles avec le bas peuple et les enfants mais apparaît comme un révolutionnaire qui veut une monarchie « démocratique ». Il y a certainement des choses qui m’ont échappées, mais c’est tellement cultivé et plein de références que je n’en suis pas surpris.
Le bouquin se termine par une lettre de Robespierre à Louis XVI. Pourquoi pas.

C’est sans nul doute un roman parfaitement maîtrisé par un professionnel de l’écriture. Le problème c’est que je n’en vois pas du tout l’intérêt récréatif. Les personnages ne me sont pas sympathiques (sauf le gros Vaucanson), les passages d’action sont rares, les nombreuses digressions philosophiques peu convaincantes, voire fatigantes, et je n’ai pas compris l’humour, sauf la dernière phrase.

Bref, pour amateurs d’uchronie et d’exercice de style, ce que je ne suis définitivement pas.
Mais il y en a plein qui aiment, tout le monde en fait, par exemple Ketty Steward


Henri Bademoude
19 octobre 2007


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édition originale, Mnémos 2004



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