Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Donnie Darko
Film américain de Richard Kelly (2001)
30 janvier 2002

****



Genre :Inclassable
Durée
:1h47

Avec Jake Gyllenhaal (Donald J. ’Donnie’ Darko), Jena Malone (Gretchen Ross), Drew Barrymore (Ms. Karen Pomeroy), Mary McDonnell (Rose Darko), Holmes Osborne (Eddie Darko), Katharine Ross (Dr. Lilian Thurman), Patrick Swayze (Jim Cunningham), Noah Wyle (Dr. Monnitoff), Maggie Gyllenhaal (Elizabeth Darko), James Duval (Frank), Patience Cleveland (Roberta Sparrow/Grandmère la Mort)

Paranoïaque schizophrène pour son psychiatre, asocial perverti aux yeux de certains de ses professeurs et rebelle compulsif pour sa famille, Donnie Darko connaît indubitablement des problèmes d’intégration avec l’environnement réactionnaire dans lequel il végète. Psychopathe en recherche de sa voie, adolescent à l’imagination débordante ou visionnaire « élu » par quelques forces cosmiques, Donnie, également somnambule, rencontre, au cours d’une de ses escapades nocturnes, un étrange prophète voyageur. Sorte de lapin extraterrestre, ou démoniaque, à l’allure terrifiante, Frank, puisque tel est son nom, lui explique qu’il vient du futur et lui prédit la fin du monde pour très bientôt, la fin du mois, au lendemain d’Halloween.
Cette expérience, au-delà du réel, n’aurait pu être qu’une vision sans plus d’importance que les autres, si Donnie ne découvrait, au petit matin, qu’un réacteur d’avion s’est crashé sur le toit de la maison familiale, pulvérisant sa chambre pour s’écraser sur son lit. Dès lors, persuadé que ces circonstances sont liées à l’apocalypse annoncée, Donnie va suivre les conseils de son ami lagomorphe et, dans un élan rédempteur, démasquer les horreurs et la perversité d’un monde aveugle et totalement hypocrite.

Après un peu plus d’un an de galère et de refus, son projet étant jugé trop ambitieux pour une première œuvre par les têtes pensantes et financières hollywoodiennes, Richard Kelly rencontre Drew Barrymore. Emballée par son script, elle accepte de le produire et permet à ce jeune scénariste réalisateur de 26 ans, petit génie fraîchement sorti de l’école de cinéma, d’accoucher d’un film surprenant, étrange et fascinant, totalement inclassable.
Profitant du point de vue d’un adolescent perturbé, perdant pied dans un monde où les frontières des réalités défaillent, Richard Kelly nous brosse une critique acerbe et pertinente de l’Amérique de la fin des années 80 (on assiste aux échanges télévisées entre George Bush senior et Michael Dukakis dans leur course à la Maison Blanche).
Il rebondit sur l’intolérance, la solitude, la pédophilie, le machiavélisme d’un système éducatif aux valeurs morales perverties étouffant l’imagination et le libre arbitre, pour dépeindre une société sclérosée, puritaine et foncièrement conservatrice. Les textes de certains grands écrivains sont interdits d’étude (au grand dam du prof de littérature et productrice du film, Drew Barrymore), « La dernière tentation du Christ » est reléguée en compagnie de « Evil Dead » à l’affiche du cinéma bis de la ville, tandis qu’un gourou pervers (une composition jubilatoire de Patrick Swayze), qui résume l’existence à une dualité « Peur / Amour », se voit offrir le lycée comme terrain d’expérimentation de ses théories fumeuses.

A la façon d’un David Lynch, dont il évite les travers malsains aux goûts discutables en assaisonnant son propos d’un humour salvateur, Richard Kelly nous projette au cœur d’une dimension, celle de Donnie Darko (Jake Gyllenhaal, déconcertant et tout simplement formidable), qui peu à peu se déphase laissant s’entrouvrir un vortex vers le mystère, le fantastique et la science fiction. Car si la période pré-halloween, les manifestations de l’effrayant homme-lapin et les rencontres de Donnie Darko tendent vers l’absurdité aux accents horrifiques, le propos de Richard Kelly ne déborde jamais des théories quantiques sur les mondes parallèles et les voyages spatio-temporel (illustré par le personnage de Roberta Sparrow / Grand-mère la Mort, auteur d’un livre sur ce sujet lui passe dorénavant son temps à visiter sa boite à lettre désespérément vide) sur lesquels repose l’une des lectures de son récit.

Alliant la complexité d’un scénario à plusieurs niveaux de compréhension, à une dextérité narrative - enchaînant avec simplicité réflexion sur une porte de cave (« cellardoor »), théorie sur le pont Einstein-Rosen-Podolski (avec son prof de science, le très juste Noah « Urgences » Wyle) et circonvolution à propos de la sexualité des schtroumfs - et une étonnante virtuosité de mise en scène, qui alterne sobriété de bon aloi et effets spéciaux « abyssaux » - Donnie Darko, le film, perturbe nos sens, bouleverse nos habitudes et se joue des genres et modes cinématographiques.
Un petit chef d’œuvre, une frénésie thématique, visuelle et sonore (la bande étant habitée par Echo the Bunnymen, et oui encore des lapins, Joy division ...) qui devrait ravir les cinéphiles accrocs à l’imaginaire. 18 février 2002

FICHE TECHNIQUE

Titre original :Donnie Darko

Réalisation
:Richard Kelly
Scénario
:Richard Kelly

Producteur(s) :Adam Fields, Sean McKittrick
Producteur(s) exécutif(s) :Drew Barrymore, Nancy Juvonen, Casey LaScala, Hunt Lowry, Aaron Ryder, William Tyrer

Musique originale :Michael Andrews
Image :Steven B. Poster
Montage : Sam Bauer, Eric Strand
Distribution des rôles :Joseph Middleton, Michelle Morris
Création des décors :Alec Hammond
Création des costumes
:April Ferry
Décorateur de plateau :Jennie Harris
Maquillage : Lynn Barber
Effets spéciaux  : Robbie Knott

Production :Adam Fields Productions, Flower Films (Barrymore/Juvonen), Gaylord Films, Pandora Cinema
Distribution :Metropolitan Filmexport
Effets spéciaux :Amalgamated Pixels

INTERNET

http://www.donniedarko.com/


Bruno Paul
30 janvier 2002



JPEG - 9.2 ko



JPEG - 4.4 ko



JPEG - 5.8 ko



JPEG - 14.2 ko



JPEG - 6.3 ko



JPEG - 6.2 ko



Chargement...
WebAnalytics