Bon, c’est les vacances, hein, alors je pourrais ne rien dire, m’abstenir d’écrivailler pour vous casser les neurones (qu’y-a-t-il entre les oreilles et les pieds ?). Mais non, je profite de cette tribune libre pour faire mon billet d’humeur hebdomadaire.
Alors, oui, comme d’hab, j’ai lu des trucs cette semaine, mais j’en ai un peu marre de dire du mal. J’ose espérer que les quelques rares allumé(e)s qui suivent - ben oui, j’ai le droit de rêver, comme tout le monde - auront noté que la tendance, dans les derniers biftons, était plutôt au dithyrambe qu’à la vomissure. Ce doit être un effet de l’âge et de la maladie et de la toussa. Et pourtant...
Il y a quelqu’un dont j’ai dit du bien, pas plus tard que la semaine dernière, parce qu’il avait rendu un hommage appuyé aux thèses libertaires. Ben il a pondu une suite qui m’a énervé (vous me direz : ce n’est pas difficile). Crachez sur les tombes, c’est pas mon truc. Même si ce furent des sales cons, ils sont morts, foutons donc la paix à leurs cendres.
Quand la soixantaine pointe son nez couperosé à l’horizon, on se dit que ceux qui vous ont précédé dans ce monde de merde méritent, si ce n’est le respect, au moins la tranquillité de l’indifférence. Imaginez-vous mourrus-crevés avec les asticots qui vous boulottent, genre gore de la tronçonneuse des morts-vivants même pas vampires. Faut-il que, en plus, on vous glaviotte dessus, juste parce que ça fait cultivé ? Ben non, je ne suis pas en phase avec Johan Heliot (La lune vous salue bien, chez Mnémos). Autant j’avais grave kiffé l’ode à la liberté de La lune seule le sait (D&D 61), autant j’ai vraiment eu du mal avec ce roman d’espionnage où moult célébrités - surtout américaines - des années 50 sont ridiculisées dans des rôles grotesques. Même le héros Boris Vian alias Vernon Sullivan (d’où le titre de ce D&D) est transformé en personnage à la Jean Bruce, vulgaire et qui pense comme un beauf. Evitez si possible cet exercice de style assez raté, sauf si dézinguer les icones mortes vous ravit, évidemment.
Pour ceux que l’Histoire avec une majuscule fascinent au point de la rendre différente, en pratiquant l’uchronie, comme Heliot, la Yozone vous concocte un dossier ad hoc. Bientôt vous saurez tout grâce à Maître Sinh, manitou Stéphane Pons et les autres.
J’ai lu aussi La Brèche de Christophe Lambert. C’est bêtement classé dans le genre uchronie (parce que c’est tendance et vendeur ?). Pour moi c’est une histoire de SF avec une machine à remonter le temps. Des journalistes vont dans le passé couvrir le débarquement du jour J, font des conneries qui pourraient modifier le futur mais rafistolent le truc quantique à la fin.
Ce gus Lambert a la technique, le lecteur ne s’ennuie pas et va au bout du bouquin. Malheureusement, quand on se pose et qu’on analyse, on se dit qu’on ne retiendra pas grand-chose de cette énième dénonciation de la télé-réalité mercantile, pubeuse et audimatique, combinée à cette énième dénonciation, preuve à l’appui, des horreurs de la guerre.
Bon, c’est sympathique, bien pensant et bien écrit. Mais ça apporte quoi à qui ? Ça instruit les p’tits nienfants qui n’ont rien lu, rien vu, rien entendu et rien compru ? P’têt ben. Soyons tolérants sur ce coup.