Dis comme ça, la bête a de beaux atours. Ce qui est vrai. Le livre en lui-même a été fort bien travaillé avec une couverture rigide au milieu de laquelle trône un médaillon en relief et un intérieur avec papier jauni et illustrations au fusain du plus bel effet.
Un bel ouvrage, il va s’en dire.
Et l’histoire ? Elle tient ses promesses quelque part. Les héros sont mignons et blackboulés au milieu d’un maelström incroyable où se croisent bestioles et personnages plus loufoques les uns que les autres. Mais cet amas de péripéties, très ralenties par de la parlote à tout va, fait un peu too much.
Philip Reeve adore le steampunk, il l’avait prouvé avec son précédent « Mécaniques Fatales » (Gallimard, Folio Junior), et il remet le couvert à loisir ici avec des machines infernales et des vaisseaux loufoques qui l’ont fait apparenter à un certain Jules Verne. Mais la trame ressemble beaucoup à celle des « Aventuriers du Cercle » (Joshua Mowll, 2 tomes chez Flammarion) avec ce couple frère/sœur pris dans les éléments déchaînés malgré eux.
Et donc, même si en effet il a su redonner un lifting au père Verne, on a l’impression de se retrouver encore et toujours au même endroit.
Alors oui, ce « Planète Larklight » est efficace, il y a de l’action, du rythme, c’est joli à voir, toucher. Mais la succession des événements devient peu à peu lassante, et on se prend à lire les pages sans en retenir grand-chose.
Puis on ferme le bouquin : oui ça pulsait quand même, et on passe à autre chose.
(M. E.)
UN AUTRE AVIS
Fan du Grand Jules jusqu’au bout des ongles, je ne pouvais rater les clins d’œils volontaires (et involontaires) que Philip Reeve glisse tout au long de son « Planète Larklight ».
Un vrai régal pour l’amateur ou une reprise des bonnes vieilles recettes pour le lecteur plus madré et pragmatique.
En effet, le romancier use de tous les artifices Verniens. Longues séquences de dialogues explicatives, machines nombreuses, action quasi constante et utilisation d’un couple d’enfants pour faire tourner la machine à plein régime. Entre l’hommage littéraire évident et les renvois culturels à une série TV mythique comme « Lost in Space », l’écrivain s’est nourri d’une imagerie porteuse de promesses. Et ça le fait !
Il est clair que pour un enfant passionné de lectures et de belles histoires, le plaisir sera bien présent.
L’affaire est plus compliquée passé un certain âge où l’on commence à trouver que tout a déjà été écrit (plutôt en mieux, par ailleurs) et où la principale motivation est non seulement le plaisir de lire mais aussi la joie d’être surpris par une idée, une histoire ou un style.
Philip Reeve a écrit ce roman pour les « jeunes », c’est une évidence. Gallimard-Jeunesse l’a remarquablement édité et le plaisir que procure l’objet n’est pas à négliger tant la jouissance de posséder est aussi important en matière de lecture.
Et on se dit que suivant l’humeur du moment, on peut être un peu sévère avec le romancier ou tout simplement se borner à dire qu’il s’agit d’un bon roman d’aventures SF, distrayant et tout et tout.
Allez, c’est l’été (enfin !), les beaux jours, le soleil et si votre bambin veut lire ce « Planète Larklight » plutôt que de passer six heures par jour sur sa console, tout n’est pas perdu !
(S. P.)
Titre : Planète Larklight
Auteur : Philip Reeve
Traduction : Jean Esch
Couverture et illustrations : David Wyatt
Éditeur : Gallimard-Jeunesse
Site Internet de l’éditeur : Gallimard-Jeunesse.fr
Collection : Hors série littérature
Site Internet de l’auteur : philipreeve.co.uk
Pages : 448
Format (en cm) : 14 x 18
Dépôt légal : avril 2007
ISBN : 2070610551
Prix : 18€