Une machine à tuer qui échappe au contrôle de ses créateurs. Voilà une idée qu’elle est bonne, encore faut-il bien l’exploiter.
Le premier fait frappant de cette BD est que, bien que l’on soit en présence d’un premier tome, les personnages ne nous sont pas clairement présentés. Comme Liu Wei a choisi une construction de récit un peu compliquée pour nous faire pénétrer dans ce thriller futuriste, il devient alors difficile pour le lecteur d’investir cet univers.
Les effets de vision du subconscient du héros pourraient être un point positif s’il ne rendaient pas la lecture si laborieuse. Il n’est pas rare tout au long de celle-ci de reprendre les deux ou trois pages précédentes pour se repositionner dans l’histoire.
Intrigue cybernétique, conflits amoureux ou d’intérêts politique, ces arguments scénaristiques différents font long feu tant la narration est saccadée et par trop élliptique.
Le graphisme du même Liu Wei ne permet pas plus une meilleure immersion car le trait par trop imprécis rend les personnages péniblement identifiables. Les décors, lorsqu’ils existent, sont réduits à leur plus simple expression : une table, un mur, un arbre... Avec des couleurs de Dong Yuan qui jouent d’une extrême sobriété annihilant les jeux d’ombres (même si certains effets à la Mignola sont intéressants).
À la fin de la lecture, je me suis finalement rendu compte que l’histoire n’était pas si compliquée que ça, mais qu’elle avait une complexité évidente (et inutile) due au style de narration et à la qualité du coup de crayon. En fait elle est même un peu creuse et la fin est plate sans prémisse d’intrigue pour le tome 2 (6 tomes sont prévus pour cette série).
Souvent lorsqu’une BD ne vous accroche pas,il reste néanmoins des points positifs qui émergent. Mais pour Hibernation , je reste désespérément à sec. Par contre, et sans être sarcastique, la qualité du papier est un vrai régal de par son épaisseur et sa texture...
Dommage d’être passé à côté d’une idée originale si prometteuse.
Bison 13
J’ai trouvé cette BD plus proche du traitement des comics américains (avec d’ailleurs quelques clichés renvoyant au ciné ou à des auteurs comme Mignola pour les aplats de couleur, l’utilisation du noir).
Liu Wei a choisi un procédé de narration original mais très peu maîtrisé ce qui déstabilise la lecture de l’album. Il manque de constance également dans son graphisme. Par contre, la gamme de couleurs volontairement réduite s’ajoute à cette spécificité « comics » et volontairement décalée.
Il est effectivement difficile de s’accrocher à cette première, mais il est également possible (et souhaitable) que les auteurs soient à l’écoute des critiques.
À vérifier sur le second tome.
Fabrice Leduc
Hécatombes
Série : Hibernation (T1)
Scénario : Liu Wei
Dessin : Liu Wei
Couleurs : Dong Yuan
Éditeur : Xiao Pan
Dépôt Légal : mars 2007
Format : 30 x 22 cm
Pagination : 78 pages couleur
ISBN : 978-2-940380-39-8.
Prix public : 12,50 €
Droits photos et illustrations : Éditions Xiao Pan et ayant-droits originaux (2007).
