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Dark Water
Film japonais de Hideo Nakata (2002)
Sortie nationale le 26 février 2003

****



Interdit aux moins de 12 ans

Genre : Drame fantastique
Durée : 1h37

Avec Hitomi Kuroki (Yoshimi Matsubara), Rio Kanno (Ikuko Matsubara à 5 ans), Fumiyo Kohinata (Kunio Hamada),Asami Mizukawa (Ikuko Hamada adolescente), Shigemitsu Ogi (Kishida, l’avocat), Mirei Oguchi (Mitsuko Kawai), Yu Tokui , Isao Yatsu

Tout juste divorcée, en pleine « conciliation » pour la garde de sa fille, sans emploi ni toit, Yoshimi Matsubara lutte pour mettre en ordre le nouveau chaos de sa vie. Elle est fragile, instable, un peu dépassée par les évènements, mais la petite Ikuko lui permet de tenir le coup. Elle obtient un travail de correctrice, presque malgré elle, un appartement, et une place à l’école pour sa fille. L’horizon semble s’éclaircir... Mais les pluies torrentielles persistent, redoublent. L’étrange s’immisce dans le quotidien. C’est d’abord un petit sac rouge garni de jouets qui réapparaît sans cesse, puis des fuites, des gouttes qui perlent au plafond, et des bruits de pas, des pas d’enfant, alors que personne ne loge au dessus. Yoshimi, peu à peu, sombre, se noie dans une démence diluvienne...

« Ring », véritable tsunami du box office nippon et outsider remarqué en occident, a révélé Hideo Nakata. Il a suffit d’un film pour attirer sur lui les jumelles des gaijin professionnels et critiques. Hollywood a décidé d’entreprendre des remakes systématiques de sa filmographie (celui de « Ring » fut un succès, et on annonce déjà ceux de « Chaos » - de Del Toro avec De Niro - et de « Dark water »), et l’a même enrôlé pour un prochain « True believers ».
Avec Kyoshi Kurosawa« Kaïro », « Charisma », « Cure ») mais aussi M. Knight Shyamalan (« 6ème sens », « Incassable »), Nakata représente la nouvelle vague fantastique du cinéma, plus désireuse de suggérer, d’effrayer de l’intérieur, que de se vautrer dans les bains de sang et les grosses bébêtes.
Avec « Dark water », une nouvelle adaptation de l’écrivain Kôji Suzuki, le cinéaste nous convie davantage à un drame intimiste qu’à une abracadabrance terrifique.
Les vaseux prétextes techniques de « Ring » (une cassette vidéo tueuse) sont ici ignorés, laissent le champs libre à une exploration de l’âme humaine. En cela, il évoque légèrement le Roman Polanski de « Répulsion » et « Rosemary’s Baby ». Cette profondeur humaine, cet ancrage fort dans le quotidien brut de la société japonaise renforcent considérablement une intrigue un peu commune.

Convenons aussi que le fantastique de Nakata n’est certainement pas si doux et subtil que certains le disent ici et là. Beaucoup de ressorts techniques sont connus, les effets visuels et sonores (on a connu Kenji Kawaï plus lyrique...) n’ont rien d’inédits. Le cinéaste chausse souvent de gros sabots. On pourrait s’en moquer... et pourtant. Oui, et pourtant l’angoisse peu à peu s’installe, malgré nous, se blottit au creux de nos tripes. Nos pupilles se rivent à l’écran, nos réticences se liquéfient dans les eaux noires. Sans prétendre bouleverser les règles, mais par la simplicité, l’extrême classicté et l’épure, Hideo Nakata semble peu à peu redéfinir la quintessence du genre fantastique.
Oui, le cinéaste sait effrayer, mais il sait aussi émouvoir. Le crescendo de la terreur nous hisse jusqu’à une poignante apothéose, amère et tendre, sentimentale et cruelle, presque romantique. Il laisse en nous des traces, des eaux stagnantes de sueurs froides et de larmes.
L’étiquette « fantastique » en devient accessoire : le cœur ignore les genres et les sous-genres, se rappelle uniquement d’avoir pulsé devant une belle et forte histoire d’amour maternel.
Si « Dark water » était un liquide, il serait... l’eau, le plus simple et le plus précieux qui soit.
Cet avis, vraisemblablement, en engage d’autres que moi puisque le film a décroché trois récompenses, dont le Grand Prix, au Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2003.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Honogurai mizu no soko kara

Réalisation : Hideo Nakata
Scénario : Yoshihiro Nakamura d’après la nouvelle « L’Eau flottante » de Kôji Suzuki

Producteur : Takashige Ichnose
Musique originale : Kenji Kawai
Image : Junichirô Hayashi
Montage : Nobuyuki Takahashi
Création des décors : Katsumi Nakazawa
Son : Masayuki Iwakura, Kiyoshi Kakizawa
Lumière : Meichô Tomiyama

Production : OZ
Distribution:Diaphana Films



Fabien Tournel
26 février 2003



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