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Stigma
Kazuya Minekura
Ki-oon

Un jeune homme s’est réveillé nu, ensanglanté, dans une décharge publique. Incapable de se souvenir de son passé, il erre comme une âme en peine avant de rencontrer un enfant solitaire qui souhaite voir un coin de ciel bleu et un oiseau.
Il faut dire que le monde que l’on va découvrir est post-apocalyptique, tout entier baigné par la fadeur d’un ciel perpétuellement gris dont tous les oiseaux ont disparu depuis longtemps...

La rédemption est-elle dans la recherche des souvenirs dangereux ou dans un futur lumineux, un rien hypothétique ?



On sait finalement peu de choses de Kazuya Minekura, pseudonyme officiel d’une mangaka dont personne ne connaît le vrai nom.
En se documentant un peu, on découvre qu’elle est déjà auteur d’une série reconnue, « Saiyuki », également déclinée en animation TV et long métrage. Elle bénéficie également d’une réputation certaine au Japon auprès des jeunes lectrices, surtout pour des mangas mettant en scène de beaux et jeunes hommes. Un genre en soit appelé “Yaoi” et racontant des histoires homosexuelles clairement sexualisées, destinées à un public féminin (Ah, les Japonais !).
Bon, dans ce « Stigma », ce n’est pas vraiment le cas et on est plus clairement dans le registre du “Shônen Ai”, un terme surtout utilisé par les occidentaux afin de nommer le versant soft des mêmes romances masculines (merci Internet et Wikipedia, c’est fou ce que l’on peut apprendre en se renseignant un peu !).

A dire vrai, « Stigma » est surtout une œuvre hors norme et hors du temps, entièrement en couleur (et quelles couleurs !), aux ambiances mélancoliques et très troubles.
Il vaut mieux le savoir et ne pas mettre l’objet entre toutes les mains, l’amitié narrée entre le jeune homme et l’enfant navigant dans un clair-obscur moral très borderline.
Néanmoins, ne sortons pas les grands mots qui fâchent inutilement, le brio de Kazuya Minekura s’exerce à plein régime en ne faisant jamais basculer son histoire du côté obscur et détestable.

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Stork, le jeune homme sans passé et Tit, un enfant aux rêves inaccesibles (© Kazuya Minekura, Ki-oon 2007)


Roman graphique étonnant, proche du concept album ou de l’œuvre aux ambitions artistiques avouées, « Stigma » propose de très belles séquences, tout simplement époustouflantes.
Beaux textes aussi, parfois très (trop ?) longs qui risquent de lasser les adeptes de la lecture rapide.

Au finish, en multipliant les figures religieuses chrétiennes en arrière plan de ses dessins et de son scénario, Kazuya Minekura n’est pas très loin d’un feeling proche du film « Mort à Venise », sans jamais verser dans l’irrévocable.

Triste, mélancolique, torturé, ce « Stigma » séduit beaucoup, fatigue un peu, mais laisse des traces durables. Ki-oon, maison d’édition sérieuse qui nous avait déjà fait découvrir le remarquable « Manhole » (3 vol.) de Tetsuya Tsutsui édite parfaitement ce très bel objet (beau papier légèrement brillant, couleurs justement percutantes).

Pas parfait mais incontestablement original et risqué, souvent émouvant et très sensible aussi, une poésie certaine émane de l’ensemble.
À lire en écoutant du Mahler la nuit venue ?


Stigma
- Titre original : Stigma (Japon, 2000)
- Genre : Manga
- Scénario, dessin et couleur : Kazuya Minekura
- Traduction : Ryoko Akiyama
- Adaptation graphique : Ki-oon
- Éditeur : Ki-oon
- Site Internet Manga : Stigma - Ki-oon
- Site Internet auteur : Nitro (en Japonais)
- Pagination : 136 pages couleur
- Format : 15 x 21 cm
- Dépôt légal : avril 2007
- Parution : 10 mai 2007
- ISBN : 978-2-915513-54-7
- Prix public : 10,95€


© illustrations : Kazuya Minekura (2000) et Ki-oon (2007)



Stéphane Pons
14 juin 2007




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« Stigma », un manga one-shot émouvant et risqué.



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Avec Tit, le gamin à l’avenir incertain



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Et Stork (la cigogne), l’homme au passé trouble.



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Un manga tout en couleurs, au scénario et au graphisme très travaillé.



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