Le thème est l’odorat, un sens peu exploré par la littérature mais riche de possibilités tant il est intimement lié à la notion de sensualité, de mémoire ou d’érotisme.

Ainsi, “Dernier Souffle” de Jean-Michel Calvez, où un employé des pompes funèbres recueille au sens propre le dernier souffle des morts, est une jolie réussite, pleine de sensualité morbide et malsaine.
Signé Anne Renard, “La Sentine” est un autre texte marquant, dans lequel l’obsession de la puanteur conduit progressivement une femme jusqu’aux portes de la folie.
Saluons également “Martha Tout Entière” d’Olivier Ka : l’idée est jolie (conserver des odeurs plutôt que des photographies pour garder le souvenir de l’être aimé), le texte est sobre et compact sans rien à ajouter ni enlever.
Nous restons dans la sensualité avec “Profumo Rosso »” de Serena Gentilhomme, où il est question d’initiation érotique. Le récit est réussi malgré un cadre assez classique (bourgeoisie italienne à la fin des années 1960).
Tant qu’à faire classique, je préfère l’Histoire du parfumeur Hallaï et du sultan Jadar de Patrick Eris, un petit conte des mille et une nuits dans lequel un puissant sultan, claquemuré dans son palais, désire respirer une dernière fois le parfum... de la liberté.
Claude Bolduc et Jean-François Patricola ont préféré emprunter les chemins de l’humour, plus inattendus étant donné le thème. Le premier avec “De l’Amour dans l’Air”, dont la morale pourrait être : N’utilisez pas à la légère les filtres d’amour, vous pourriez le regretter amèrement, et surtout suivez le mode d’emploi à la lettre. Le second avec “La Décharge Héroïque”, nouvelle dans laquelle humour et érotisme se conjuguent autour d’un fétichiste d’un genre très particulier.

Je ne ferai pas une revue exhaustive du sommaire, au risque de lasser le lecteur. À tous ces très bons textes s’ajoutent des nouvelles intéressantes de Gudule, Christian Robin ou Lili Bidault. Mais l’anthologie a aussi son lot de textes médiocres : ceux de Sylvain Montagne, Rémy Gallart ou Gérard Lenne souffrent notamment d’une écriture approximative, pour ne pas dire amateur, qui gâche parfois une idée potentiellement intéressante (c’est le cas du “Respire-moi Bien” de Gérard Lenne, une histoire d’espionnage originale).

Si « Parfums Mortels » commence et finit par deux textes parmi les moins réussis, choix peu judicieux pour le sommaire d’une anthologie, ne vous y trompez pas : voici un livre à mettre entre toutes les mains des lecteurs adeptes de fantastique moderne, et que l’on peut commander ici :
http://www.ed-malpertuis.com.

Titre : Parfums Mortels
Anthologiste : Anne Duguël
Auteurs : Jean-Michel Calvez, Sylvain Montagne, Olivier Ka, Gudule, Jean-François Patricola, Christian Robin, Rémy Gallart, Anne Renard, Claude Bolduc, Lili Bidault, Serena Gentilhomme, Patrick Eris, Ange-Emile Rivière, Béatrice Nicodème, Gérard Lenne.
Couverture : D’après une affiche d’André Wilquin
Genre : Fantastique
Éditeur : Malpertuis
Collection : « Brouillards »
Dirigée par : Thomas Bauduret
Site Internet livre : http://www.ed-malpertuis.com
Dépôt légal : avril 2007
Pages : 173
Format (en cm) : 15 x 23
ISBN : 978-2-917035-01-6