Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Couvent (Le)
Film américain de Mike Mendez (2000)
2000


Genre : Parodie
Durée :
1h24

Avec Megan Perry, Jim Golden, Liam Kyle Sullivan, Jason Dax Miller, Adrienne Barbeau, Joanna Canton, Allison Dunbar, Kelly Mantle, Larrs Jackson, Richard Trapp, Coolio


En 1960, pendant la messe, une jeune femme armée d’une batte de base-ball, d’un fusil à pompe et d’une bonbonne de gaz débarque dans un couvent, et se met à tabasser le prêtre et les nonnes (« Je te croyais plus fort que ça, Batman », est-on tenté de murmurer) et à les mitrailler abondamment, avant de foutre le feu à la baraque.

Quarante ans plus tard, le couvent est à l’abandon. Une bande d’adolescents décide de s’y rendre en pleine nuit, histoire de tagger les murs en ruine, de se faire peur, de fumer quelques joints et de compter fleurette à sa petite amie. Vous voyez, le genre d’occupations auxquels se livre tout bon adolescent américain désœuvré qui se respecte. Toute la bande classique y est : le gros dur qui ne pense qu’à fumer un pétard et culbuter les donzelles, la blonde superficielle, le petit jeune qui veut entrer dans la bande de durs, la fille attirée par le macabre, la jeune américaine saine de corps et d’esprit... Bref, le groupe d’adolescents prédestinés à se faire massacrer par le premier serial killer, psychopathe ou créature surnaturelle venu dont les Etats-Unis semblent avoir fait leur patrie depuis « Halloween ».

Jusque là, ça ressemble au Cahier Des Charges Standard Du Slasher Movie De Base, et on en est déjà se demander qui va se faire massacre en premier et qui va survivre. D’ailleurs, c’est bien ce que semble promettre l’affiche du film : on voit la bande de jeunes, des éclairs, des créatures démoniaques. Ça fleure même le nanar (ce à quoi je m’attendais tout à fait en allant voir ce film) à plein nez car les créatures démoniaques en question sont des nonnes zombies ; on se dit que le film doit être complètement ridicule, et on se demande depuis quand les films de la Trauma sont diffusés en salles.

Remarquez, la scène de massacre dans l’introduction met tout de même la puce à l’oreille. La tueuse de nonnes semble tout droit sortie de « Pulp Fiction », c’est à la sulfateuse qu’elle zigouille l’assemblée, et c’est au ralenti, clope au bec, qu’elle fait son entrée tonitruante dans le couvent. On aurait demandé à Tarentino de filmer la scène qu’il n’aurait pas opéré différemment. Bref, c’est diablement, si j’ose dire, parodique. Et puis, franchement, le comportement des petits jeunes cons est fichtrement outré, même pour un mauvais slasher.
Et d’un coup, le film dérape pour prendre sa véritable ampleur. D’abord, Mo, une des jeunes filles se fait enlever par quatre satanistes : un qui prétend être le fils de Satan, son acolyte efféminé rescapé du « Rocky Horror Picture Show », et deux créatures plantureuses. Ils procèdent au sacrifice humain, comme tous satanistes qui se respectent. Et là, Mo se transforme en zombie et massacre les satanistes dans une scène complètement hystérique, filmée en accéléré avec plein de couleurs fluorescentes et sur fond de musique techno. Devant un décalage aussi soudain qu’inattendu, et passée la crise de fou rire, on se demande s’il l’on n’a pas rêvé, ce qu’a fumé le scénariste, et si par hasard il ne lui en resterait pas un tout petit peu.

Dès lors, la parodie s’envole et ça ne s’arrête plus. Toutes les scènes de massacres perpétués par les nonnes zombies sont filmées de cette manière déjantée et névrosée. Imaginez Wes Craven possédé par Tex Avery, et vous aurez une toute petite idée du résultat.
Puis une survivante va chercher Christine, la « tueuse de nonnes en série » qui quarante années auparavant a massacré tous les habitants du couvent. Car tous les cinq ans c’est la même chose : la nonnes buster doit reprendre du service !
Entre deux scènes d’action, on souffle un peu. Les bons mots fusent (« Mon frère va devenir un nouvel Antéchrist ? Maman va être furieuse ! »). Les acteurs s’en donnent à cour joie dans leur parodie d’adolescents de slasher movies, sauf que là, question subtilité, on est plus près des « Hot Shots »et autres « Y a-t’il un flic pour sauver.. ». que de « Scream ».
La scène où Christine (Adrienne Barbeau, excellente !) s’équipe pour aller casser de la nonne zombie ressemble à « Rambo » version « Hot Shots », ou encore à « Terminator » si Les Nuls avaient remplacé James Cameron pour d’obscures raisons.
Et tant pis - ou peut-être tant mieux - si les trucages valent trois euros cinquante : je n’avais encore jamais vu autant de couleurs fluo dans un film.

Presque tous les acteurs sont des inconnus et s’en tirent très bien dans leur rôle de mauvais acteurs de sitcom à qui on aurait donné de mauvaises répliques de sitcom. A leurs côtés, quelques têtes un peu plus connues : le rapper Coolio, hilarant dans le rôle d’un flic frapadingue, et Adrienne Barbeau qu’on aura pu voir notamment dans « New York 1997 ».

Radicalement surprenant, psychédélique et hilarant, « Le couvent » n’est pas sans faire penser au sublime « Galaxy Quest » sorti l’année dernière. D’une part parce qu’il s’agit d’une parodie, d’autre part parce qu’il est particulièrement jouissif, et enfin parce qu’il souffre d’une distribution en salle honteusement famélique (deux salles à Paris). Ce genre de film ne peut survivre que par le bouche à oreille. D’ailleurs, je viens de m’acquitter de mon devoir, au cas où vous n’auriez pas encore compris que je vous exhorte à aller le voir.

Philippe Heurtel

FICHE TECHNIQUE

Titre original  : « The convent »

Réalisation : Mike Mendez
Scénario : Chaton Anderson

Producteur : Jed Nolan
Coproducteur : Chaton Anderson

Musique originale : Joseph Bishara
Photographie : Jason Lowe
Montage : John Rosenberg
_


19 septembre 2000



JPEG - 7.7 ko



Chargement...
WebAnalytics