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Spin
Robert Charles Wilson
Denoël, Lunes d’Encre, roman (Anglais, Canada), SF, 560 pages, février 2007, 25€

Un mystère initial bouleversant notre vie, un monde en décomposition ou fourmillent des cultes millénaristes, tout cela sur fond d’histoires familiales et de prosaïques turpitudes quotidiennes, la formule si particulière de R. Charles Wilson est au rendez-vous.

Ce livre a été justement couronné du dernier Prix Hugo.



Du propre aveu de l’auteur, ses derniers romans sont aussi ses préférés. On partagera cette opinion à la lecture de « Spin », car si Robert Charles Wilson fait partie de ces auteurs qui réécrivent -ou retravaillent- inlassablement la même histoire, de roman en roman, « Spin » apparait comme le récit de la maturité tant le thème et son développement sont parfaitement maitrisés.

Tout comme les séries fantastiques de dernière génération (« Lost-Les Disparus », « Carnivale-La Caravane de l’Étrange », « Earth 2 », etc), « Spin » réconcilie la SF avec la quotidienneté, celle des événements quotidiens de la vie de famille, des relations filiales, du travail, du temps qui passe, de l’amour et des désillusions.

Ici, aucun futur insolite et grandiose, aucun contrebandier galactique au grand cœur, mais “un monsieur tout le monde” en prise avec son histoire personnelle. Un monde bouleversé dans lequel la vie ne s’en trouve pas facilité, et où les différents protagonistes se trouvent malgré eux face à des évènements dépassant l’imagination.
Trois enfants assistent à la disparition des étoiles. “Le Spin”, membrane mystérieuse, entoure désormais la Terre et y ralentit l’écoulement du temps : pour chaque minute passée sur terre, plusieurs millénaires s’écoulent maintenant dans l’univers. À ce rythme, la Terre se trouvera dans quelques décennies (subjectives) condamnée à être rôtie par son soleil.
Jusqu’ou le “Spin” protégera-t-il l’humanité de l’inéluctable ? Qui sont les hypothétiques entités à l’avoir créé et dans quel but ? Telles sont les premières questions induites par l’intrigue.
En fait, la narration va aussi se focaliser sur les trois enfants qui seront marqués, chacun à sa manière, par le “Spin”.
Alors que Jason le rationaliste deviens l’artisan de “Périhélie”, organisme créé par son père pour la recherche d’une solution à l’apocalypse, Diane sa sœur se tourne vers la foi millénariste. Tyler, leur ami commun et cadet, oscillera entre les deux, sans certitudes absolues.

Et, peu à peu, le monde va s’assombrissant, glissant vers sa fin supposée. Pourtant, tout continue à fonctionner, tant bien que mal.
Cependant, le “Spin” à aussi des avantages. En accélérant (pour les Terriens) les évènements cosmiques, il rend possible l’ensemencement de Mars, sa terraformation, à une vitesse jamais imaginée. De contrainte implacable, le temps devient un ferment miraculeux et permet de démultiplier l’effet des fusées emportant avec elles le matériel nécessaire à la colonisation de la Planète Rouge.

La race humaine semble pouvoir être sauvée et des colons sont très vite envoyés sur cette nouvelle planète sœur. Quelques jours terriens après leur départ, des milliers d’années se seront déjà écoulées pour leurs anciens contemporains, et la civilisation martienne sera déjà plurimillénaire pour les Terriens !
Mais voilà qu’une membrane “Spin” apparait aussi autour de Mars....

Robert Charles Wilson jouait déjà avec le temps dans « Les Chronolites », en renouvelant le thème du paradoxe temporel, mais de rebondissements en rebondissements, « Spin » n’en épuise jamais les conséquences, et nous livre, tout comme dans « Darwinina », une révélation à l’échelle cosmique.

Pour toute rationnelle qu’elle soit -nous sommes littéralement sur le terrain de la « science » fiction- cette révélation finale a des accents de transcendance. Loin des constats parfois cyniques sur la nature humaine d’un Ian Banks dans le Cycle de la Culture, ou d’une approche anthropologique à la Ursula K. LeGuin, la SF de R. C. Wilson réenchante l’univers, lui redonne du sens.

La vision récurrente de cet auteur canadien d’origine américaine n’est pas sans rappeler la “noosphere” de Pierre Teilhard de Chardin. Ce père jésuite français, en réconciliant science et religion par sa théorie du développement d’une conscience collective cosmique, dont Internet à été considéré comme le premier développement “spontané”, avait ainsi connu un accueil très favorable en Amérique du Nord au milieu du XXe siècle.

Funambuliste de la SF, Robert Charles Wilson n’a pas son pareil pour passer du microsome, par exemple celui d’une séparation amoureuse, au macrocosme d’échelle galactique, ouvrant, dans le cas de « Spin », toutes grandes les portes de l’exploration de l’univers à nos contemporains.

Il ne manque plus que la mention « à suivre »...

Patience !

Titre : Spin
Auteur : Robert Charles Wilson
Traducteur : Gilles Goullet
Couverture : Manchu (illustration)
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’Encre
Directeur de collection : Gilles Dumay
Site Internet : Denoël - Spin
Site Internet auteur : Robert Charles Wilson (en Anglais)
Pages : 560
Format (en cm) : 14 x 21
Dépôt légal : 15 février 2007
EAN : 9-78-2207258040
ISBN : 2207258041
Prix : 25€

EXCLU


Interview Exlusive Yozone : Robert Charles Wilson
Vous saurez tout sur « Spin » (ou presque !), sur Robert Charles Wilson, son œuvre, sa vie, etc !

Bibliographie (France) disponible :

Denoël, Lunes D’Encres : « Blind Lake », « Les Chronolithes », « Darwinia », « Spin ».

Folio SF (poche) : « Darwinia », « Bios », « Le Vaisseau des Voyageurs », « Les Fils du Vent ».

Revue « Bifrost » numéro 45 de janvier 2007 (Le Bélial). Un dossier spécial et un excellent travail pour ce numéro centré sur cet important auteur mais également sur Greg Egan. Comme d’habitude du côté de chez « Bifrost », c’est plein d’infos, d’analyses et d’opinions que l’on a le droit de partager ou pas. Sérieux, costaud, plein d’humour et toujours instructif, en somme.

Pour les collectionneurs : officiellement épuisées, les plus anciennes éditions au format poche chez J’ai Lu SF sont « trouvables » sur le marché de l’occasion ou sur les site spécialisés Internet, voire chez votre libraire préféré !
J’ai Lu SF (poche) : « Mysterium », « Vice Versa », « Le Vaisseau des Voyageurs », « Les Fils du Vent ».

Aménagements graphiques, bibliographie : Stéphane Pons
Critique : Maître Sinh


Stéphane Pons
Maître Sinh
16 mai 2007


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Robert Charles Wilson lors de son passage en France (Aix en Provence, 2007)



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Axis, la suite de Spin, à paraître dès juin 2007... mais en version originale !



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