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Neurotwistin’
Laurent Queyssi
Les moutons électriques, roman (France), SF, 272 pages, avril 2006, 15€

« Neurotwistin’ » est a priori une uchronie puisque dans ce monde-là on a inventé le réseau, « l’instanciel », et la possibilité d’y voyager avec des implants neuronaux vers la fin des 50.
On a même fait plus fort, on a modifié des animaux pour qu’ils parlent et pensent comme des humains.
Le narrateur est une grenouille améliorée qui écrit des romans d’espionnage à succès.



Il y a essentiellement deux lignes narratives : les histoires racontées par Harry la grenouille, qui se passent dans les années 60, avec de belles espionnes (et, entre autres, les Beach Boys), et le journal et la correspondance de l’écrivain qui nous fait part de ses plaisirs et de ses difficultés à vivre son drôle d’état de grenouille pensante.

Il est tout seul dans son cas et n’a que quelques collègues animaux modifiés comme lui : un singe, une vache, une chienne et un lapin.

Dans les romans d’Harry, les gentils sont les espions du monde occidental, associés aux soviétiques pour l’occasion, qui combattent des terroristes. Ces méchants cherchent à faire disparaître le réseau et les animaux modifiés. Ils pensent que ce monde est un faux, un univers parallèle dont il faut détruire les aberrations pour retrouver le vrai.

La construction est celle d’un roman tel qu’il est conseillé de les écrire aujourd’hui : plusieurs lignes narratives, des correspondances, un scénario de pilote de série télé, et même une chanson des Beach Boys (vraie ou fausse je n’ai pas vérifié) en anglais, avec des aventures dans l’instanciel comme un jeu vidéo plein de couleurs.

L’ensemble est assez réussi et la fin, qu’on voit quand même venir de loin, est bien amenée.

Mais, et c’est sans doute affaire de sensibilité ou d’empathie, ce roman se lit « de l’extérieur », sans éprouver aucune émotion et sans jamais se projeter dans les personnages. Ceux-ci sont soit étranges (la grenouille) soit stéréotypés (les belles espionnes). On a du mal à y croire et on ne se laisse pas emporter. C’est peut-être aussi la conséquence de certaines incohérences.
Comment ce genre d’exploits technologiques ou biologiques, impossibles en 2007, auraient pu être réalisés dans les années 60, même en y reversant les moyens financiers de la conquête spatiale ? Que l’on modifie de cette manière des mammifères, passe encore, mais des batraciens ?
Plus anecdotique, les personnages des années 60 utilisent le parler familier d’aujourd’hui (« On se calme, mec. Tu t’es mangé une attaque à distance »).

Mais c’est bien fait et on va jusqu’au bout sans s’ennuyer.

Il y a aussi des questionnements sur l’écriture, le roman dans le roman, la réalité et la fiction, qui, sans être originaux, sont traités sans lourdeur.

Il faut dire que, pour son premier roman, Laurent Queyssi, outre son éditeur André-François Ruaud, s’est entouré de « pointures » comme Xavier Mauméjean, Ugo Bellagamba et Pierre-Paul Durastanti, pour n’en citer que quelques uns.

Je ne dirai rien des illustrations car j’ai téléchargé ce roman gratuitement.
Je félicite et remercie l’éditeur et l’auteur pour cette excellente et courageuse initiative.

Titre : Neurotwistin’
Auteur : Laurent Queyssi
Couverture (souple) : Gynux
Directeur de collection : André-François Ruaud
Éditeur : Les moutons électriques
Site Internet auteur : http://www.laurentqueyssi.fr
Pages : 272
Format (en cm) : 20 x 13
Dépôt légal : 14 avril 2006
Diffusion : CED
Distribution : Les Belles-Lettres
ISBN : 978-2-915793-17-8
Prix : 15 €

Téléchargement gratuit : ici

Lire également sur la Yozone : Laurent Queyssi (mini interview) & News sur la sortie « Internet » du roman


Hervé Thiellement
9 mai 2007


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