Genre : Animation Fantastique (de 4 à 99 ans)
Durée : 2h04
Avec les voix (françaises) de Olivier Martret (Pazu), Manon Azem (Sheeta), Pierre Tessier (Mushka), Perette Pradier (Dora), etc,.
Par la grâce du succès de ses précédentes œuvres (Chihiro, Mononoké, etc,.), « Le Château dans le ciel » de Miyazaki est arrivé sur les écrans français avec 15 ans de décalage. C’est donc avec une étrange sensation de remontée dans le temps que la création du grand maître japonais de l’animation parvient à la connaissance du public hexagonal. « Le Château dans le ciel » est également le premier film de Miyazaki rattaché au Studio Ghibli. Cependant, le moins que l’on puisse dire, c’est que la patte du génie, découvert par le grand public plus tardivement, imprégnait déjà totalement cette réalisation.
Sauvée in extremis par Pazu, un jeune pilote d’avion originaire d’une cité minière, Sheeta qui vient de s’évader du dirigeable des pirates en se jetant dans le vide, est la descendante des souverains de la ville mythique de Laputa. Elle est également l’unique détentrice du secret de son royaume que le chef des armées, le cruel Muska, cherche à percer. Mais les pirates et un étrange homme à lunettes sont également à sa recherche... Et puis Sheeta possède aussi un étrange médaillon qui renferme une pierre aux mystérieux pouvoirs... On comprend très vite que Sheeta est la clef de l’avenir de la cité des airs et que le destin de Laputa est donc entre ses mains.
On pourra bien sûr gloser sur les évolutions techniques ou les améliorations graphiques séparant l’univers de ce film de 1986 avec celles du « Voyage de Chihiro » mais il sera vain d’y chercher de quelconques failles.
Miyazaki y maîtrise déjà parfaitement son style narratif. Sa création réjouit donc aussi bien les neurones d’un cerveau d’adulte que ceux des plus jeunes bambins.
Mêlant habilement une imagerie post industrielle assez européenne à travers le personnage du jeune Pazu, il intègre une bonne dose de mythologie japonaise avec ce qui deviendra plus tard une constante dans son œuvre, un personnage clef féminin symbolisé par la volonté et la candeur d’une jeune enfant. Il ajoute également au couple Pazu-Terre et Sheeta-Air, une analyse renversée de ce à quoi on peut s’attendre.
Pazu-Terre se rattache beaucoup plus à une recherche symbolique et merveilleuse de l’histoire alors que Sheeta-Air est la plus concernée par les événements militaros-politiques qu’ils doivent affronter. Une agréable manière de démontrer que celui qui a le plus les pieds sur terre ne sera pas le personnage que l’on aurait supposé au début.
Miyazaki ne rechigne pas non plus à exprimer certains traumatismes historiques du Japon à travers certaines scènes guerrières avec en filigrane les bombardements atomiques de la Seconde Guerre Mondiale. En partant de cette psyché martyre, il parvient à entraîner le spectateur dans une valse merveilleuse où les séquences les plus esthétiques et poétiques côtoient souvent des descriptions plus dures et réelles des affres de la guerre.
Le tout est un résultat d’une richesse imaginative éblouissante au service d’une juste cause : la dénonciation classique d’une science sans conscience et des méfaits de la déshumanisation des sociétés modernes qu’elle peut entraîner. A trop oublier ses rêves, on gâche souvent lamentablement son avenir.
Tant qu’il y aura des Miyazaki, rien ne sera perdu !
Stéphane Pons
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Tenku no shiro rapyuta
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario Histoire Originale : Hayao Miyazaki
Musique originale : Joe Hisaishi
Producteur délégué : Isao Takahata
Producteur exécutif : Yasuyoshi Tokuma
Production : Tokuma Shoten Studio Ghibli (Japon)
Distribution : Buena Vista International (Partenaires : Europe 2, MCM, MSN)
Relations Presse : BCG (Myriam Bruguière, Olivier Guigues, Thomas Percy)