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Bug : A Scanner Friedkin
Retour sur la carrière du Maître
15 février 2007


Le bruit d’un rotor d’hélicoptère au dessus de la tête, une sonnerie retentie au loin quand la caméra embarquée fixe un point lumineux à l’horizon et plonge vers un motel perdu au milieu de nulle part. A l’intérieur, une femme (Ashley Judd méconnaissable), accablée par la chaleur, décroche enfin le téléphone sous les pales d’un ventilateur de plafond.
Vous ne le savez pas encore mais vous venez d’être piégés par « Bug », la toute dernière expérience de William Friedkin. Un huit clos paranoïde extrême dans lequel rivalisent qualités d’écriture (le scénario est signé Tracy Letts, l’auteur de la pièce dont est tiré le film), virtuosité de la mise en scène (malgré l’unicité de lieu, l’absence d’action et un casting restreint, Friedkin parvient sans cesse à renouveler ses plans), direction d’acteur (La prestation d’Ashley Judd ou de Michael Shannon - qui reprend le rôle qu’il a créé pour la pièce - mériterait une nomination aux Oscars si un tel film était oscarisable) et sens de la narration (Bien qu’il ne se passe pas grand-chose, le spectateur est toujours sur le fil du rasoir tant il est incapable de deviner ce que sera le plan ou le geste suivant) pour vous offrir l’un des plus grosses claques cinématographiques de ces 10 dernières années.
A 67 ans, William Freidkin n’en est pas à son premier méfait et la rédaction ciné de la YOZONE (qui ne s’est pas encore remise) vous propose un rapide retour sur la carrière du Maître.

CITIZEN FRIEDKIN

Né le 29 août 1939 d’une mère infirmière et d’un père vendeur d’accastillages, William Friedkin décide de devenir cinéaste en découvrant le « Citizen Kane » d’Orson Wells. Son diplôme de fin d’étude en poche, le jeune homme, âgé de 17 ans, est tout d’abord embauché par WGN TV, où il réalise plusieurs documentaires remarqués, puis débarque 3 ans plus tard à Hollywood pour diriger des épisodes de séries de fiction, dont « Off Season » pour « Alfred Hitchcock Présente » (1965).

Il signe sont premier long-métrage, « Good Times », une comédie musicale mettant en scène Sonny and Cher, en 1967 et enchaîne avec 3 adaptations de pièces de théâtre pour le grand écran : « L’anniversaire » (1968), « The night they raides Minsky’s » (1968) et « Les garçons de la bande » (1970).

FRENCH CONNECTION

En 1971, il défraie une première fois la chronique avec un polar percutant situé dans les milieux de la drogue. « French Connection » rempote 5 Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur et lui vaut le Golden Globe du meilleur réalisateur et le Directors Guild Award.
Mais c’est avec « L’exorciste », en 1973, qu’il entre dans l’histoire du cinéma en dirigeant l’un des films les plus effrayants de tous les temps (10 nominations aux Oscars et un second Golden Globe du meilleur réalisateur).
Dès lors, les amateurs de films chocs vont suivre de près sa carrière.

En 1977, il revisite brillamment « Le Salaire de la Peur » de Henri-George Clouzot avec l’excellent « Sorcerer / Le Convoi de la peur » (sur une musique de Tangerine Dream et Roy Sheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal en tête d’affiche) et s’essaie ensuite sur le registre de la comédie policière (« Têtes vides cherchent coffre plein ») avant de revenir au film noir- « Crusing : La chasse » (1980) et « Police Federal Los Angeles » (1985) (qui remporte le Prix du Public au Festival du film policier de Cognac l’année suivante) - et de conclure les années 80 par un retour réussi au cinéma d’épouvante : « Le Sang du Châtiment », (1988) starring Micheal « Terminator/Aliens » Biehn), lui vaut d’être nommé au Saturn Award du meilleur réalisateur.

LOST IN THE 90’S

Beaucoup moins brillante, la décennie 90 est à marquer d’une pierre noire. Après « La Nurse » (1990), film d’horreur sanglant et sans intérêt, le cinéaste se tente dans le drame sportif. « Blue Ships » (1994) n’est pas, en soi, un mauvais film, mais comme « Jade », le thriller érotique, tendance « Basic Instinct », qu’il réalise en 1995, il n’est pas au niveau de ses anciennes productions.

FRIEDKIN RETURNS

Heureusement, comme les bonnes périodes, les mauvaises ont une fin.
Dès l’an 2000 et « L’enfer du devoir », thriller militaro-politico-judiciaire réunissant Tommy Lee Jones, Samuel L. Jackson et Ben Kingsley, William Friedkin amorce son retour sur le devant de la scène et récidive, en 2003, avec « Traqué » (2003), une chasse à l’homme dans laquelle Tommy Lee Jones (encore lui) affronte cette fois Benicio Del Toro. Mais il faudra attendre 2007 et la sortie de « Bug » pour que ses détracteurs comprennent que William Friedkin n’est pas has been. Avec cette adaptation de la pièce de Tracy Letts, le réalisateur de « L’Exorciste » délivre une œuvre d’une puissance rare, une grande leçon de cinéma.

LIRE ET VOIR SUR LA YOZONE
La critique du film
Bug, la bande annonce


Le Yo-Master
18 février 2007



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