Clete Purcel, détective privé, vétéran du Vietnam comme son ami de toujours Dave Robicheaux, n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Alors, lorsqu’une bande de voyous s’attaque à sa Cadillac Eldorado dans sa propre cour, Clete ne prend même pas la peine de passer un jean avant de sauter sur les trois types. Après une bagarre mémorable et avant qu’ils ne décampent, les trois voyous lui avouent qu’ils ont confondu sa voiture avec une autre. Les deux Cadillac ayant passé la même période dans la station de lavage : “Chez Eddy”. Le Eddy en question, “un mec fiable, mais pas honnête pour autant” selon les critères de Clete, confie à ce dernier que les trois types font partie d’un gang de trafiquants de fentanyl. Cet opioïde puissant qui fait des ravages aux États-Unis, l’ex-flic le connaît trop bien. Sa nièce étant morte d’une overdose de cette drogue quelques mois plus tôt. Poussé par un sentiment de revanche et de justice, il va se mettre en quête de cette autre voiture pour savoir ce que cherchaient les dealers. Dave Robicheaux ne sera jamais très loin, et les ennuis et les cadavres vont rapidement s’accumuler autour des deux hommes.

« Clete » porte, comme les précédents ouvrages de James Lee Burke, des thématiques chères à l’auteur : son obsession du passé, le deuil, l’addiction à l’alcool. On y retrouve aussi son amour pour la culture cajun, la musique, la nourriture, et bien entendu le bayou toujours aussi insaisissable et dangereux. Mais lire James Lee Burke, c’est aussi se confronter à l’écriture d’un homme blessé et en colère aux prises avec les maux de son pays, les États-Unis. Et s’il faut parfois s’accrocher pour rentrer dans la psyché de ces personnages tourmentés, la religion et la foi qui irriguent son œuvre laissent toujours une place à l’espoir et à la rédemption.

On l’a dit : ce nouvel opus prend le parti de nous faire découvrir Dave Robicheaux au travers des yeux de son partenaire, Cletus Purcel, dit Clete. Cet angle de vue permet de mettre en avant la personnalité de ce personnage secondaire, de le découvrir un peu plus intimement et de comprendre sa personnalité complexe et ambivalente qui l’a parfois poussé à faire des mauvais choix. Ça permet aussi de découvrir Dave Robicheaux au travers des yeux de son meilleur ami. Et de développer davantage la relation entre les deux hommes. Leur passé commun, que ce soit lorsqu’ils étaient dans la police ou pendant la guerre du Vietnam, deux moments clé de leur vie qui les hantent encore. Pourtant, si Dave semble apaisé au fil de ces pages et reprend le contrôle de sa vie. Clete, lui, s’enfonce dans l’alcool, la dépression et la violence. Il y a un côté « Docteur Jekyll et Mr Hyde » dans ce roman qui est très plaisant. Chacun essayant de protéger l’autre dans une Amérique où, visiblement, leurs méthodes et leur obsession de la justice dérangent de plus en plus des autorités qui n’approuvent pas leur méthode de travail.

Avec« Clete », James Lee Burke âgé de 88 ans poursuit une œuvre commencée il y a plus d’un demi-siècle. Une œuvre indissociable de l’histoire de la littérature américaine et du roman noir en général. Une des grandes plumes des États-Unis, pleine de colère et de sensibilité, comme le prouve une nouvelle fois ce roman.

Titre : Clete (Clete, 2025)
Série : Série Dave Robichaux
Auteur : James Lee Burke
Traduction de l’Anglais (Etats-Unis) : Christophe Mercier
Couverture : Jayne Szkely/Arcangel Ilage
Éditeur :Payot/Rivages
Collection : Rivages/Noir
Site Internet : Page du roman (site éditeur)
Pages : 368
Format (en cm) : 15,50 x 22,50 x 2,60 cm
Dépôt légal : Juin 2025
ISBN : 978-2-7436-6711-5
Prix : 22 €

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