La docteure Ha Nguyen, spécialiste des céphalopodes, vient d’être recrutée par DIANIMA, une puissante multinationale spécialisée dans la bio-ingénierie. DIANIMA a acheté l’archipel vietnamien de Côn Dao au large de Hô Chi Minh-Ville après qu’un plongeur soit mort. Depuis, des rumeurs insistantes circulent : quelque chose aurait volé le matériel du plongeur, et pris de panique, il se serait noyé. Cet accident a-t-il un lien avec l’apparition d’une espèce de pieuvre découverte quelque temps auparavant ? La docteur Nguyen doit mener des recherches pour déterminer si des pieuvres ont vraiment attaqué un humain et pourquoi. Elle est accompagnée dans sa mission de l’officier de sécurité Atlantsetseg qui est chargé de sécuriser la zone autour de l’archipel et d’Evrim, un androïde, premier prototype au monde créé par DIANIMA.
Au même moment, quelque part au large de la mer de Chine, le Loup des mers, un navire-usine de pêche contrôlé par une intelligence artificielle, suit au gré des marées « le poisson et le profit ». À son bord, des humains réduits en esclavage travaillent jour et nuit. Parmi eux, le jeune Eiko rêve de s’évader. En Turquie, Rusten, un hacker spécialiste du piratage de réseaux neuronaux d’I.A, se voit confier une mission par une organisation dont il ignore tout.
Dense par les thématiques qu’il développe, fascinant par les questions qu’il soulève pendant la lecture. « La montagne dans la mer » est un roman de Hard Science qui lorgne du côté du techno-thriller. À moins que ce soit l’inverse. Des trois lignes narratives, la plus développée est celle du docteur Ha Nguyen qui est chargée du contact avec les céphalopodes. L’androïde Evrim est extrêmement touchant et bien caractérisé dans sa recherche d’humanité. Quant à l’agent de sécurité Atlantsetseg, elle est, par bien des aspects, beaucoup moins humaine que le robot. Les deux autres lignes narratives, bien que moins développées dans le récit, ont aussi toute leur importance et apportent une intrigue captivante dans un récit plus scientifique.
Avec « La montagne dans la mer », Ray Nayler transpose au fond de l’océan un paradigme de SF : le premier contact avec une autre espèce. En poussant le curseur temporel de quelques années seulement, il questionne le rapport de l’humain à une autre forme d’intelligence, de communication et de langage.
En exergue du récit, on trouve une réflexion passionnante sur l’intelligence artificielle et la conscience comme concept philosophique. Encore une fois, la science-fiction interroge la société contemporaine sur un sujet brûlant d’actualité. Le récit de Ray Nayler est magistral et passionnant de bout en bout. On peut trouver quelques défauts certainement inhérents à un premier roman, quelques longueurs, des dialogues un peu forcés. Mais ne vous y trompez pas, « La montagne dans la mer » n’en demeure pas moins une très bonne lecture qui donne envie de se plonger rapidement dans « Protectorats », et pourquoi pas pour les plus chanceux.ses d’entre nous d’aller écouter Ray Nayler nous parler de science et de science-fiction aux prochaines Utopiales de Nantes. Vivement !
Titre : La Montagne dans la Mer (The Mountain in the Sea, 2022)
Auteur : Ray Nayler
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Henry-Luc Planchat
Couverture : Nicolas Fructus
Éditeur : Le Bélial’
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 448
Format (en cm) : 14 x 3.5 x 20.5
Dépôt légal : septembre 2024
ISBN : 9782381631493
Prix : 24,90 €