Bonjour Yoël. Avant de te découvrir en tant que créateur de jeux, découvrons Yoël le chroniqueur de « First Player ». Comment est née l’idée de cette chaîne Youtube, « First Player » ?
L’idée vient de loin, puisque ça fait un moment que je voulais lancer ça, mais techniquement, je n’y connaissais pas grand chose. Donc ça a traîné pendant un moment avant qu’Arnaud (de la chaîne Youtube « Meeple on Fire », NDLR) me contacte pour qu’on fasse un truc ensemble. Et ça tombait bien, la technique, c’est son truc.
La chaîne a subi des évolutions, la première étant que de 2 présentateurs, il n’en reste plus qu’un. Comment as-tu abordé ce changement de cap à l’époque ?
Je crois que ça a été la plus longue période sans vidéo de la chaîne. Puis comme dit juste avant, techniquement j’étais une bille donc il a fallu apprendre. Mais je suis très content de l’évolution de la chaine depuis !
Aujourd’hui, as-tu trouvé la ligne éditoriale absolue ou y a-t-il des évolutions à venir ?
Ça serait fou de dire que je tiens un truc absolu. J’ai 27 255 idées que j’aimerais explorer, mais je manque de temps ! J’espère pouvoir en dégager bientôt.
Tu es seul face à la caméra. Est-ce plus simple pour exprimer son avis entièrement et clairement ? Ne regrettes-tu pas un format avec justement un contradicteur ou une contradictrice ?
Alors c’est clairement plus simple sur un point : La durée de la vidéo. Parce que même si je n’ai pas de texte écrit, je sais où je vais, comment j’y vais et je maîtrise globalement le tempo de la vidéo. En revanche, oui, avoir quelqu’un avec qui échanger est vraiment agréable ! J’ai reçu pas mal de gens sur des vidéos « On rejoue ou Pas » et c’est cool. Mais de plus en plus souvent Séverine, ma femme, m’accompagne justement sur certaines vidéos. Puis, c’est l’une des seules personnes qui ose me dire de la fermer, donc bon…
Le format que tu utilises le plus est « On rejoue ou pas ? » justement. Tu y pratiques finalement la chronique de jeu sans concessions. Mais es-tu toujours vraiment sans concessions ou te sens-tu parfois obligé d’observer une certaine retenue ?
Alors clairement, j’ai déjà dit à un éditeur que c’était « My Place, My Rules ». Si un éditeur veut envoyer un Service Presse pour apparaître, c’est le deal. J’en dirais vraiment ce que je veux. La seule retenue que je m’impose, parce qu’elle est normale, c’est de ne parler que du produit. Il est hors de question, quand je déglingue un jeu, de parler des gens derrière, de l’auteur ou que sais-je. Ce n’est jamais eux qui sont le cœur de la review, mais vraiment le produit. Et si je n’aime pas, c’est le produit que je n’aime pas. Ça ne dit rien des gens qui en sont à l’origine.
Tu fais des vidéos. On pourrait se dire il pose sa caméra, il se filme rapido, il habille le tout avec des logiciels de plus en plus performants, et hop, c’est bien facile tout ça. Mais qu’est-ce que ça représente comme réel travail pour toi ?
Je kifferais que ça soit comme ça que ça se passe ! Sur le format « On Rejoue Ou Pas », c’est 4 jeux chroniqués par semaine. Ce qui veut donc dire qu’il faut y jouer. Et souvent pas qu’une fois, surtout quand je n’ai pas aimé… Donc je vous laisse déjà imaginer le temps nécessaire pour cela. Sachant aussi que beaucoup de parties ne sont pas faites pour jouer mais bien décortiquer ce que je ressens en y jouant.
Puis vient le temps de la captation. Là, j’ai de la chance, je peux quasiment filmer la vidéo en one shot (même s’il y aura du montage derrière pour supprimer les heuuuuu ou les moments où j’éternue).
Reste le montage pour insérer tous les visuels. Heureusement pour ça, j’ai l’incroyable Dom’ qui m’aide.
Puis une fois la vidéo en ligne, faut assurer le SAV, sur les réseaux, sur discord, en commentaires, répondre aux gens… Et aux éditeurs/auteurs/fans du jeu, si j’en ai dit du mal…
La problématique des médias ludiques est sans doute le temps qu’il faut y consacrer, quel que soit ce média (vidéo, écrit, podcast audio…), pour faire de la qualité, tout en étant non-professionnel puisque l’accès à l’information est gratuit. Comment est-il possible d’être crédible comme média dans ces cas-là ?
La crédibilité, ce n’est pas tant à nous de nous l’attribuer, qu’à nos vieweurs de nous la donner. S’ils estiment qu’on est crédibles, alors on l’est pour eux. Et si d’autres pensent que je ne suis qu’un clown, et bien soit.
La question de l’indépendance des chroniqueurs ludiques, des médias ludiques en général, est très questionnée dans le monde du jeu, peut-être encore plus que dans d’autres milieux médiatiques. Te sens-tu complètement indépendant ? Libre de ta parole ?
Oui !
Lorsque tes premiers jeux seront sortis en boutique, et sans doute jugés par les médias ludiques, te sentiras-tu toujours libre pour parler des autres auteurs ou autrices, en tout cas de leurs créations ?
C’est une vraie question que je me pose. Serais-je encore légitime pour parler des jeux proches en termes de public quand mes jeux seront dispos ? Si oui, comment en parler, quel angle… Je ne sais pas encore. J’ai quelques mois pour réfléchir à la question.
Quel regard portes-tu sur la « concurrence » média ?
La réponse qui a jailli dans ma tête a été : « Balec ! ».
Peux-tu nous donner des noms de médias de tous types que tu préfères et pourquoi ?
Étonnamment, je consomme assez peu de médias ludiques parce que… je n’ai pas le temps !
Vois-tu de réelles possibilités de professionnalisation du milieu des médias ludiques en dehors de contenus payés par les éditeurs qui ne sont plus de la chronique de jeu mais de la présentation commandée ?
Il y a des pistes, j’y réfléchis. Mais ça ne passera pas par un taf de commande de vidéo, clairement. Parce que je ne peux décemment pas donner mon avis librement sur une chronique payée. Même avec la meilleure volonté du monde. Et un taf de présentation des jeux, rien que l’idée me déprime tellement. C’est inintéressant pour moi.
Le milieu des médias des jeux de société est plutôt une niche. Est-il compatible avec de la professionnalisation réelle ?
Je ne pense pas que ça soit viable pour le moment. En tout cas, pas comme media réellement rentable. Mais il y’a d’autres chemins à explorer. Il reste pas mal de choses à découvrir, je trouve ça chouette.
Comment verrais-tu le milieu idéal de la chronique ludique médiatique ?
Je réfléchis à la réponse et je donne ça dès que c’est bon (rires).
N’hésitez pas à suivre les pas de Yoël dans « Voyage Ludique avec Yoël Sayada – Épisode 2 ». Bientôt en ligne sur la Yozone…
À lire sur la Yozone :
Voyage Ludique avec Yoël Sayada – Prologue
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La chaîne « First Player »
Illustrations © D.R.
