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Montagne Sacrée (La)
Film Mexicain-Américain de Alexandro Jodorowsky (1972)
27 décembre 2006


Genre : Jodorowsky !
Durée : 2h06
Première sortie en salle, France : 16 janvier 1974

Avec la participation de : l’alchimiste-l’initié-le grand maître Alexandro Jodorowsky (lui-même), le voleur-vagabond-Christ (Horacio Salinas), la disciple (Ramona Saunders), Fon (Juan Ferrara), Isla (Adriana Page), Klen (Burt Kleiner), Sel (Valerie Jodorowsky), Berg (Nicky Nichols), Axon (Richard Rutowski), Lut (Luis Loveli), etc.

Un homme qui ressemble au Christ rencontre un initié qui le convainc d’aller déloger les Dieux de la Montagne Sacrée afin de les remplacer. Sept grand maîtres représentant les autres planètes du système solaire les accompagnent...

Si l’on se fie au synopsis, on s’attendrait presque à voir un film normal. En tout cas, sûrement pas l’objet étrange qui va nous tomber dessus. Rien à faire, on a beau tourner le bidulon surréaliste dans tous les sens, ce que l’on voit de plus proche pour donner quelques pistes au spectateur curieux lorgne du côté d’« Un Chien Andalou » (17’, 1927) ou de « L’Âge d’Or » (1h, 1930) de Luis Buñuel. Pas un hasard d’ailleurs, si un tempérament et un fond culturel commun animent les productions de ces deux réalisateurs.
Des œuvres cinématographiques provocantes et irréelles, qui feraient fuir le premier producteur contemporain venu, sont le résultat des deux démarches créatrices assez similaires. Certes, l’anticléricalisme agressif de Buñuel est sans doute plus frappant que le mysticisme flagrant de Jodorowsky, mais au final, l’addition présentée n’est pas si différente.
Soit, Alejandro Jodorowsky est d’origine Chilienne alors que Luis Buñuel est Espagnol. Cependant, l’océan et les continents qui les séparent sont bien peu de choses au regard des accointances qu’ils partagent. Ce sens de la démesure se trouvant finalement dans bien peu de cultures non hispaniques...

Après la ressortie sur les écrans français de son « El Topo », on ne peut que saluer l’arrivée (même en diffusion réduite, peu de copies) de « La Montagne Sacrée » en version restaurée, un film métaphysico-initiatique aux racines profondes.

Durant plus d’une heure, une suite de scènes provocantes, étonnantes, surréalistes, choquantes (transmuter les excréments d’un Jésus bis pour en faire de l’or, rejouer la conquête de l’Amérique du Sud avec des crapauds et des lézards, faire bastonner un clochard par des gamins des rues, etc) percutent l’écran. Cadrages jamais bâclés et intentions graphiques affirmées, illuminent l’imaginaire de n’importe quel spectateur. Une BO qui renvoie à leurs chères études toutes les nouvelles vagues électro-rock actuelles, charpente l’ensemble d’une musicalité quasi hypnotique (pour info, les originaux s’échangent à plus de 100€ !!!).

Ensuite, après l’avalanche ou le déluge, c’est selon votre état mental, la narration reprend un fil conducteur plus logique d’où l’influence d’un Carlos Castaneda n’est pas étrangère :
Des initiés doivent gravir une montagne sacrée pour en déloger les Dieux qui y habitent, mais arrivés à bon port, il n’y a point de Dieux à l’horizon... Déception ? Non ! La “vraie” sensation d’avoir trouvé sa liberté d’agir et de penser est un cadeau bien supérieur à l’acquisition de faux pouvoirs divins !

Tourné sans réels moyens, à l’arrache, avec le soutien financier de John Lennon et de sa compagne Yoko, avec des bouts de ficelles, des comédiens amateurs, une vraie prostituée, sans autorisation, etc, « La Montagne Sacrée » est par-dessus tout un hommage intemporel à la liberté, à la libération de l’esprit et à la transcendance des sentiments.

Dit comme ça, le truc file un peu les chocottes, ce serait oublier qu’un humour dévastateur irrigue en permanence un film résolument iconoclaste, baigné d’un grand éclat de rire géant.

Bloqué depuis des années sous les fourches caudines d’un ancien proche collaborateur des Rolling Stones et des Beatles, le film peut enfin ressortir sur les écrans français fin 2006.
Libérateur, jouïssif, marquant et inoubliable. Vivement les DVD !

PS : la classification « Tous Publics » me paraît néanmoins exagérée, certaines scènes étant à réserver au minimum à des adolescents ayant la tête « bien faite » (ce n’est qu’un avis très personnel, néanmoins).

FICHE TECHNIQUE

Titre original : La Montagna Sagrada
Réalisation, scénario : Alejandro Jodorowski

Producteurs : Alejandro Jodorowsky, Allen Klein, Robert Taicher, Roberto Viskin

Photographie : Rafael Corkidi
Musique : Alejandro Jodorowsky, Ronald Frangipane, Don Cherry
Décors : Alejandro Jodorowsky
Costumes : Alejandro Jodorowsky
Son : Al Steckler
Montage : Alejandro Jodorowsky, Federico Landeros

Production : ABKCO (États-unis), Producciones Zohar (Mexique)
Distribution : Pretty Pictures (France)
Presse : Michel Burstein (Paris, France)


Stéphane Pons
26 décembre 2006



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