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Passé doit mourir (Le)
Katrine Engberg
Fleuve éditions, Fleuve Noir, roman traduit du danois, policier, 400 pages, août 2023, 21,90€

La disparition d’un ado pousse Jeppe Kørner et Anette Werner à enquêter sur le passé de la famille Dreyer-Hoff. Qu’est devenu leur fils Oscar ? A-t-il été enlevé ? Ou a-t-il fugué, empruntant le canot familial qui n’est plus à quai ? Les caches ne manquent pas autour de Copenhague, plusieurs forteresses maritimes aux alentours offrent des solutions idéales pour fuir. Une lettre mystérieuse reprenant un passage du « Portrait de Dorian Gray » corrobore cette théorie. Mais le temps presse, quelle que soit la raison de sa disparition, il faut retrouver rapidement Oscar.



« L’enfant étoile » et « Le papillon de verre » ont permis de se familiariser avec ce duo d’enquêteurs danois basé à Copenhague, une ville où il fait apparemment bon vivre si on ne creuse pas sous la surface. Pour comprendre la raison de la disparition d’Oscar, les deux sont obligés d’interroger la famille et les proches. Des zones d’ombres, des incohérences entre les propos et un meurtre peut-être en lien les poussent à aller toujours plus loin, à déterrer des secrets profondément enfouis qui, plutôt que d’apporter la lumière sur l’affaire en cours, ne font qu’embrouiller l’ensemble. Un tableau toujours plus noir est ainsi dressé, dénonçant bien des travers, des déviations dans ce cercle qui, sous des dehors idylliques, est gangrené par le passé. Aucun adulte ne semble innocent, les soupçons se multiplient et Jeppe et Anette sont obligés de surnager dans ce milieu pour tenter de comprendre.
Le polar scandinave aime s’abreuver du passé pour nourrir le présent. Les serial killers y sont rares, il faut plutôt gratter dans le cercle familial, du moins proche, pour révéler les vieilles rancœurs et expliquer les drames du présent. « Le passé doit mourir » ne fait pas exception, Katrine Engberg en maîtrise parfaitement les codes et décortique l’âme humaine. Même si l’enquête est resserrée, à nouveau elle se déroule sur une semaine car, dans le cas d’une disparition, le temps est le facteur déterminant, Jeppe et Anette ont une vie en-dehors de leur boulot, ce qui occasionne son lot de difficultés. Le premier a noué une relation avec une collègue, mais ses enfants peinent à l’accepter. Comment faire pour gagner leur confiance et que cette liaison aille plus loin ? Même si Anette a repris officiellement le travail, son rôle de mère n’est jamais loin et il lui est difficile de concilier les deux. De plus, sa grossesse l’a changée et les hommes la remarquent davantage, ce qui n’est pas sans occasionner des cas de conscience. Les deux font le boulot, mais la sphère privée n’est jamais loin. Pour le lecteur, il est agréable que leur carapace de policier soit soulevée et que leur existence soit ainsi étalée pour mieux les cerner, révéler leur faiblesses toutes humaines et voir qu’un homme ou une femme se cache derrière le costume.
Bien sûr, ce cahier des charges n’est pas sans lourdeur et il est facile de trop se disperser avec des personnages secondaires qui n’apportent pas grand chose, si ce n’est une dose de normalité dans leur vie. Il faut l’accepter comme des temps morts dans la course d’une enquête où les policiers apparaissent trop souvent comme des surhommes dépassant sans cesse les limites de l’endurance humaine.
Le polar scandinave aime s’inviter dans les maisons, il faut franchir leur seuil pour comprendre.

En trois romans, Katrine Engberg intègre aisément le rang des auteurs scandinaves à suivre. « Le passé doit mourir » remue le passé, mais aussi le présent avec la façon dont on élève ses enfants, la confiance que l’on accorde à ses proches... Jeppe Kørner et Anette Werner sont plaisants à suivre, notamment par leur complicité. Ils ont tendance à en faire chacun à leur tête, à être en désaccord sur le fin mot de l’histoire, mais toujours pour la bonne cause. « Le passé doit mourir » est passionnant et maîtrisé de bout en bout. Ce roman peut se lire indépendamment, mais pour apprécier pleinement les personnages, il est toujours préférable de commencer par le début de la série.
Et pour finir, comment ne pas évoquer l’identité graphique de cette série ? Nicolas Caminade met à chaque fois en avant un élément sur fond noir, le titre est écrit en grand de manière maladroite avec plusieurs passages pour mieux insister dessus et de nombreuses rayures parsèment la couverture et la quatrième de couverture. C’est très réussi, le visuel s’avère à la hauteur du contenu et un titre de la série est ainsi immédiatement identifiable.


Titre : Le passé doit mourir (Dansk udgave, 2019)
Auteur : Katrine Engberg
Traduction du danois : Catherine Renaud
Couverture : Nicolas Caminade
Éditeur : Fleuve éditions
Collection : Fleuve Noir
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 400
Format (en cm) : 14 x 21
Dépôt légal : août 2023
ISBN : 9782265155039
Prix : 21,90 €


De la même auteure sur la Yozone :
- L’enfant étoile
- Le papillon de verre

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
29 septembre 2023


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