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Une friandise délectable
Neverwhere de Neil Gaiman
Délices & Daubes n°31


En voilà un bouquin qu’il est bon : Neverwhere de Neil Gaiman, J’ai Lu fantastique, 1998, 351 pages. Prix Julia Verlanger 1999.

Et qui tombe à point pour me rassurer sur mes goûts. Je viens de dire (D&D 30) que je ne comprenais pas l’enthousiasme unanime pour China Miéville et, en conséquence - sans l’avouer mais mine de rien -, me posais insidieusement questions sur mes aptitudes à la critique, même sous forme de billets d’humeur yozoneux. Et ben me v’là rassuré, il m’arrive d’être d’accord avec les gens : il le mérite son prix, le Neil !

Pourtant, n’y a-t-il pas quelque parenté entre l’univers barré de la Nouvelle-Crobuzon de Miéville et le Londres d’En-Bas déjanté de Gaiman ? Peut-être que si dans la noirceur, le glauque, le triste, le sale et le cruel ? Oui mais non ! Pour deux grandes raisons : le style et la crédibilité.

Dans le Londres d’En-Bas on découvre, on s’étonne, on sourit, on est complètement en phase avec Richard, ce non-héros moyen un peu gauche, aux grands yeux incrédules, à qui il arrive tout l’inimaginable. Alors que l’autre, là, le « scientifique » de Crobuzon, on s’en fout de ce qui lui arrive, dans son monde dingue pour tous sauf pour lui.

C’est peut-être la différence entre « fantasy » et « fantastique ». Dans le fantasique il n’y a rien à expliquer : ainsi est cet univers, tu y rentres ou pas, point à la ligne. Dans le fantastique l’autre monde est là, mais à côté du nôtre, à une station de métro de la réalité. Et n’importe quel quidam lecteur pourrait se retrouver projeté dans cet ailleurs. D’où, pour moi, la possibilité (et l’envie !) d’y croire.

Et l’autre énorme différence entre les deux bouquins c’est le ton, la légereté, l’humour permanent, le décalage plus tendre qu’ironique de Gaiman avec son histoire et ses héros, qu’il nous rend attachants par l’amour qu’il leur porte. Même les super horribles de chez sadique, M.Croup et M.Vandemar, finissent par nous manquer. D’ailleurs tous les personnages de Neverwhere, principaux et secondaires, sont formidables, originaux et sympathiques, parce que fondamentalement humains, quoique certains... Alors que j’ai déjà oublié les noms des protagonistes de Perdido Street Station...

Bon, vous aurez compris, pour moi y a pas photo entre les deux « surdoués de l’imaginaire anglo-saxon d’aujourd’hui ».

Neverwhere est un excellent roman fantastique, original, prenant (« thrillant »), drôle, cohérent. Un pur délice pour le palais. Et -non, je n’ai pas d’idée fixe - qui tient en 350 pages !

J’avais déjà dit le plus grand bien que je pensais d’Anansi Boys (D&D 11 ), sans avoir adoré American Gods (par insuffisance de culture sans doute) ni apprécié Les Bons Présages avec Pratchett (D&D 18). Mais avec deux bouquins de ce niveau, il m’a convaincu le gars, m’en vas m’acheter les autres Gaiman vite fait, moi.


Henri Bademoude
17 décembre 2006


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