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Illisible car incroyable ?
Perdido Street Station de China Miéville
Délices & Daubes n°30


Malgré mes bonnes résolutions, et parce que je l’avais reçu en SP, j’ai entrepris Perdido Street Station de China Miéville. Cet énorme pavé, deux tomes de 435 et 535 pages (Pocket Fantasy) - oui vous avez bien lu, ça fait 970 pages, comme un Goncourt d’aujourd’hui - a reçu moult prix et son auteur est déjà proclamé grand maître de la nouvelle génération d’écrivains de fantasy.

China Miéville invente un univers totalement étranger au nôtre. La ville où se déroule l’histoire, la Nouvelle-Crobuzon, est décrite avec force détails, tous plus sombres, sordides, sales et glauques les uns que les autres. Outre des humains, on y rencontre des non-humains, les Xénians, des êtres à demi insectes, ou sous forme de masses gélatineuses amphibies, des cactacés plein d’épines qui pensent et parlent, ou encore des êtres-oiseaux, etc. Et aussi des Recréés, des humains condamnés par la milice et la justice à vivre avec des cornes ou des tentacules. L’imagination de l’auteur est complètement débridée et délirante sur tous ces aspects anatomo-morphologiques de l’impossible.

L’histoire commence avec un être-oiseau dont on a rogné les ailes. Il demande au héros, un « scientifique » un peu barré qui aime une femme insecte artiste du crachat, de les faire repousser ou de lui en greffer de nouvelles.

On peut avoir envie de se plonger dans cette horrible ville de cet horrible monde au milieu de ces horribles personnages. Les critiques les plus éminents et les plus sérieux (Le Monde, Télérama, Le Cafard Cosmique) ont tous salué cette œuvre comme une immense réussite.

Mais, comme tous les goûts sont dans la nature, et que, comme vous le savez, ô rares lecteurs, les miens sont particuliers, je n’adhère pas à cet enthousiasme unanime.

La lecture est pénible. Les descriptions sont interminables sur la façon de cracher de l’artiste, sur la visite de quartiers dont on ne retient aucun nom, et sur les habitudes et turpitudes physiques et mentales des habitants. La noirceur de ce monde et l’impossibilité d’y croire une seule seconde ne m’ont pas permis de dépasser les 200 premières pages.

L’imagination et l’inventivité sont indéniablement présentes et puissantes, mais pour décrire un monde qui ne peut pas exister, même pas dans un univers parallèle, même pas dans des milliers d’années.

Ce monde est tout simplement impossible biologiquement et logiquement. Et, pour rentrer dans une histoire, il faut qu’elle me soit crédible, à un niveau ou un autre.

Si au moins c’était drôle, si au moins c’était gai, j’aurais peut-être pu aller plus loin.


Henri Bademoude
10 décembre 2006


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