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Éversion
Alastair Reynolds
Le Bélial’, roman traduit de l’anglais, science-fiction, 306 pages, février 2023, 23,90€

Médecin à bord du Déméter, le médecin Silas Coade se demande ce qu’il fait là, lui qui n’aime guère la mer, si ce n’est de loin. La goélette remonte les côtes de la Norvège à la recherche d’une fissure qui donnerait accès à une baie dans laquelle se dresserait un mystérieux édifice. La mission n’est pas sans risque et Silas Coade sauve le colonel Ramos, victime d’une hémorragie cérébrale. Corroborant les dires de Topolsky, celui qui a monté l’expédition, la fissure se présente et le navire s’y engage...



Ce qui commence comme un roman maritime d’exploration fin XIXe prend vite une étonnante tournure quand le mât de la goélette cède. Le lecteur comprend alors que cette scène est appelée à se répéter, mais avec des variantes, permettant d’approcher toujours plus près de l’Édifice. Le médecin Silas Coade qui n’est pas du tout à l’aise raconte l’aventure. Il est obligé de se droguer pour tenir le coup, d’abord il absorbe du tabac opiacé, puis s’injecte de l’héroïne, avant d’absorber une solution de radium. Et pour s’occuper, il écrit une histoire d’anticipation, chaque fois en avance sur son temps, comme s’il imaginait l’étape suivante de l’expédition. Tout l’équipage est suspendu à son récit, désireux de connaître la suite, même si la seule femme à bord, Ada Cossile, ne cesse de le critiquer. Une épave hante aussi ce livre, celle de l’Europe, une expédition dont Topolsky tire ses connaissances, alors qu’elle n’est jamais revenue. Comment est-ce possible ? Bien des bizarreries jonchent l’histoire, laissant deviner une réalité sous-jacente, une logique derrière ces histoires toutes orientées vers l’Édifice.
Même si le Déméter abrite une centaine de membres d’équipages, seuls huit personnages pèsent sur l’ensemble, revenant tout du long, notamment Dupin, un mathématicien surmené, englué dans un problème mathématique dont la solution se dérobe. Il faut dire que l’Édifice présente un drôle d’aspect, il est légèrement gauchi, comme si une partie de l’intérieur se retrouvait à l’extérieur, ce qui n’est pas sans rappeler la sphère qui peut mathématiquement être inversée.

Alastair Reynolds joue avec les lecteurs, il brouille les codes, avançant chaque fois un cran dans le futur. Le médecin Silas Coade semble être celui autour duquel tout se passe, mais qui est-il vraiment ? Loin de moi d’idée de livrer les clés de ce récit qui est très prenant et ne s’étire pas outre-mesure. Trois cents pages suffisent à livrer une intrigue serrée, intrigante tout du long et sans temps morts. Nous sommes dans la science-fiction qui fait fi des catégories, car l’auteur les mélange pour le meilleur, pour mieux désorienter les lecteurs avant qu’ils ne comprennent sur la fin ce qui relie l’ensemble.

« Éversion » relève de la bonne science-fiction, celle dans laquelle on aime tant se perdre pour mieux apprécier la mécanique du récit obéissant à une logique qui se dérobe longtemps. Une fois connue, elle offre une nouvelle lecture de tout ce qui précédait. Et la magie est toujours là !
Un vrai plaisir de lecture !


Titre : Éversion (Eversion, 2022)
Auteur : Alastair Reynolds
Couverture : Amir Zand
Traduction de l’anglais : Pierre-Paul Durastanti
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 306
Format (en cm) : 13,9 x 20,4
Dépôt légal : février 2023
ISBN : 9782381630755
Prix : 23,90 €


Alastair Reynolds sur la Yozone :
- « La millième nuit »
- « Mémoire de métal »
- « Vengeresse »
- « Le gouffre de l’absolution »
- « La cité du gouffre »

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
11 mars 2023


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