Comme il ne faut jamais hésiter à élargir ses horizons, j’ai lu, sur les conseils avisés de je-ne-vous-dirai-pas-qui, « Les œufs fatidiques » (Editions L’Age d’Homme, Lausanne, 1971) de Michaïl Boulgakov (mondialement connu pour « Le Maître et Marguerite »). Inspirée par HG Wells, cette longue nouvelle raconte l’histoire de la découverte d’un vieux savant solitaire : un rayon rouge permet d’accélérer la croissance des œufs et des bêtes qui en sortent. Ecrite en 1924, l’histoire se passe en 1928 en Union Soviétique. Un directeur de sovkhoze s’empare du rayon et l’applique à des œufs pour repeupler les poulaillers soviétiques décimés par une peste aviaire. Mais ce sont des serpents et des autruches qui en sortent et qui se multiplient jusqu’à menacer Moscou d’invasion. C’est le prétexte à une satire-dénonciation de l’URSS des années vingt. Sa lecture aujourd’hui présente un intérêt limité. L’histoire n’est pas follement originale. Son traitement l’est certainement plus mais les subtilités et les jeux de mots russes ne passent pas la traduction. Alors bof, vous pouvez la lire pour faire le malin, ou en russe, ça doit être fin et drôle. Mais enfin, c’est une longue nouvelle qui se lit sans problème.
Parce que 568 pages c’est trop long. Combien de fois vais-je me le dire jusqu’à me décider à ne plus acheter de livres qui dépassent 400 pages ? Je ne sais pas.
Celui-là n’est pas mal pourtant, dans le genre thriller d’anticipation, Les diables blancs de Paul Mc Auley (Ailleurs et Demain, Robert Laffont, 2005), mais je m’arrête page 338.
Les catastrophes écologiques et les pandémies ont ravagé le Monde, et particulièrement l’Afrique. Les plantes génétiquement modifiées, puis leur destruction ont éliminé toute culture ou presque, les transnationales sont venues faire du fric avec ce qui reste de la biodiversité, le continent n’est plus que guerres, désordres, crimes et chantages à tous les niveaux.
Le héros, dont les motivations n’apparaissent pas clairement, est un ancien de l’armée britannique reconverti dans l’analyse des cadavres. Et ce n’est pas ce qui manque. Il voit mourir sous ses yeux un nouvel ami, égorgé par des êtres étranges, des diables blancs, hominidés génétiquement et psychiquement modifiés en machines à tuer.
La méchante, une scientifique qui a trempé dans ces bidouillages, veut éliminer toute trace de ces diables. Elle dissimule les preuves de leur existence et fait tuer ceux qui pourraient parler pour garder sa position de chercheur en chef dans la transnationale qui dirige le Congo vert.
Sa fille est anthropologue et découvre que les ancêtres de l’Homme étaient cannibales !! Pourquoi ? Qu’est-ce que ça vient faire là-dedans ? J’en sais rien ! C’est une gentille et c’est l’héroïne.
L’ex-mari de la vilaine, le père de la gentille, a lui aussi bidouillé les hominidés, mais psychiquement, en isolant des « engrammes » qu’il peut implanter. Il est à moitié fou, vit avec des hominidés modifiés gentils et se fait tuer, avec ses drôles de singes, par la méchante.
Après, la gentille va chercher à venger son papa et le héros veut toujours révéler la vérité sur les diables. J’imagine qu’ils vont se rencontrer après la page 338, vivre encore quelques aventures bien glauques, tomber amoureux, et que la vérité éclatera.
Et alors ? Alors rien ! C’est un thriller, écrit au présent pour faire vivant, avec plein de vilains pas beaux, des coups tordus, des meurtres, des paysages magnifiques dans leur désolation, une Afrique de pure horreur. Pourquoi en tartiner près de 600 pages ? J’en sais rien.
La gougle me dit que plein de chroniques sont déjà parues, dont une sur la Yozone