Après la ville de Venise en 1610 (« Le serpent ») et la Thaïlande en 1938 (« Le voleur »), le terrain de jeu s’agrandit encore. Pour le Grand jeu, pas de demi-mesure, car la lutte est totale et se joue sur la planète entière. Claire North n’a cessé de monter en gamme, d’imaginer ses récits à des échelles toujours plus grandes et ici, ce n’est rien moins que toute la surface de la Terre qu’elle nous fait visiter dans les pas d’Argent, le narrateur, celui qui a attendu son heure, espérant posséder assez d’influence, de richesse, d’individus sous sa coupe pour vaincre l’adversaire.
La partie se joue très vite, partout, il faut se déplacer sans cesse, observer les moindres détails pour ne pas trahir sa position, sous peine de donner un avantage à l’autre. Chaque action doit être soupesée, planifiée, car avancer un pion revient à l’exposer, donc à le sacrifier. Tous les individus qui sont entrés dans la Maison des Jeux et ont perdu doivent une faveur qui leur est rappelée en cas de besoin. Et là le moment est arrivé ! Au grand dam de certains comprenant le piège, mais ne pouvant s’y dérober. Telle est l’influence de la Maison des Jeux où tout est monnayable : la santé, les années de vie, la vue... ce qui permet à certains de quasi toucher à l’immortalité en défiant les siècles.
Le déroulement se révèle intense, ébouriffant par les moyens mis en œuvre. Les années passent au grand mécontentement des grands joueurs, car la Maison des Jeux est durant ce temps en sommeil. La partie devient toujours plus tendue au fur et à mesure que les ressources diminuent, que le temps joue en défaveur d’un camp. Les victimes collatérales augmentent, sans que les deux n’en tiennent compte, car l’enjeu est supérieur, rien moins que le destin de la Maison des Jeux.
Mais que veut vraiment Argent ? Prendre la tête de la Maison ? Retrouver son vrai nom ? Est-ce si simple ou la soif du jeu explique-t-elle tout ce déchaînement ?
Claire North se montre subtile sur la question et l’issue de la partie s’avère bien moins triviale que l’on pourrait le penser. Les précédents personnages croisés et que personne n’a oubliés reviennent à un moment ou à un autre sur le devant de la scène, montrant comment une partie se prépare déjà bien en amont et qu’aucun acte n’est finalement désintéressé. La Haute Loge ne s’embarrasse par de morale, seule compte la victoire, qu’importe ceux sacrifiés sur l’autel du jeu.

« Le maître » représente le feu d’artifice final, celui qui parachève en beauté la trilogie « La Maison des Jeux », maîtrisée de bout en bout par Claire North. Surprenant tout du long, envoûtant par le ton, les enjeux et les contextes, l’ensemble ne connaît pas de baisse d’intérêt ni d’intensité et nous entraîne dans la spirale infernale du jeu, celui sans limites où seule la victoire est belle, ce qui justifie tous les moyens.
Une trilogie qui ne déçoit à aucun moment et emporte sans faillir l’adhésion.

Titre : Le maître
Série : La Maison des Jeux, tome 3
Auteur : Claire North
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Michel Pagel
Couverture et conception graphique : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Une Heure-Lumière
Numérotation dans la collection : 42
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 160
Format (en cm) : 12 x 18
Dépôt légal : janvier 2023
ISBN : 9782381630731
Prix : 10,90 €

Claire North sur la Yozone :

 « La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur »
 « La Maison des Jeux, tome 1 : Le serpent »
 « 84K »
 « La Soudaine apparition de Hope Arden »
 « Touch »
 « Les Quinze premières vies d’Harry August »

Derniers titres de la collection :
 30. « À dos de crocodile » de Greg Egan
 31. « Toutes les saveurs » de Ken Liu
 32. « Le livre écorné de ma vie » de Lucius Shepard
 33. « Symposium Inc. » de Olivier Caruso
 34. « Sur la route d’Aldébaran » de Adrian Tchaikovsky
 35. « Simulacres martiens » de Eric Brown
 36. « La Maison des Jeux, tome 1 : Le serpent » de Claire North
 37. « Un an dans la « ville-rue » » de Paul Di Filippo
 38. « Opexx » de Laurent Genefort
 39. « La millième nuit » d’Alastair Reynolds
 40. « La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur » de Claire North
 41. « L’Héritage de Molly Southbourne » de Tade Thompson

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