C’est quoi ce jeu ?
Jules Messaud, architecte de formation, invite les joueur.ses à concevoir leur cité idéale. L’enjeu est de construire des villes de l’antique Grèce grâce à des tuiles dodécagonales. À chacun.e de bien concevoir ses plans version casse-tête flirtant avec la technique des dominos, et de gérer avec habileté ses ressources de pierres pour bénéficier des meilleures tuiles au bon moment.
Dans la boîte
L’illustration de couverture créée par Pauline Détraz avec sa vue sur la mer Egée ensoleillée invite au voyage, et pourtant il n’en est jamais question dans le jeu. Cette boîte cache d’autres secrets : celui des bâtisseurs d’empire.
Une bonne surprise à l’ouverture de la boîte se découvre par les tuiles déjà « dépunchées » et rangées dans un insert parfaitement compartimenté. Des tuiles très épaisses et facilement manipulables aux illustrations claires et lisibles, lesquelles, mises les unes à côté des autres induisent une sensation véritable de construction en fin de partie.
Ces tuiles sont aussi imprimées au verso avec des indications permettant de savoir en un instant lesquelles conserver selon la configuration de joueurs.euses (2, 3 ou 4) autour de la table.
Vous aurez également besoin de pierres, cubes gris classiques en bois, et de cartes d’aides de jeu pour le placement des différents bâtiments afin d’optimiser les points.
Le matériel est joli, solide, simple, lisible et permet déjà d’envisager la façon de jouer. Le tout pour un prix raisonnable.
Comment on joue ?
Sobriété et accessibilité ont été les maîtres mots de la création du jeu, tout en maintenant sa profondeur.
Les tuiles sont donc choisies en fonction du nombre de joueur.ses, et placées en 11 piles de 3, 4 ou 5 tuiles, toujours selon le nombre de participant.es. Les tuiles restantes sont disposées en un marché au milieu de la table. Chaque joueuse démarre avec une tuile de départ et un nombre de pierres selon l’ordre du tour de jeu.
À son tour, un joueur.se choisit une tuile sur le marché en sachant que la plus à droite est gratuite et que les suivantes coûtent une pierre, puis 2, puis 3… Il.elle pose ensuite sa tuile en adjacence avec sa tuile de départ en optimisant déjà l’agencement de sa Cité.
La joueuse suivante fait de même, mais les tuiles sont maintenant moins nombreuses et à moindres coûts.
Mais comment marquer des points et optimiser son jeu ?
Il existe 5 types de bâtiments, chacun ayant une couleur spécifique très marquée et parfaitement identifiée, ainsi que les carrières de pierre qui sont blanches.
Chaque bâtiment a ses règles de placement pour scorer : les marchés ne doivent pas jouxter d’autres marchés alors que les habitations cherchent à former le plus grand regroupement possible ; les temples se doivent d’être totalement entourés alors que les casernes se placent en périphérie de votre ville, quant aux jardins, leur présence est toujours bienvenue quels que soient leurs emplacements.
Enfin, pas tout à fait… et ce pour tous les bâtiments.
Car pour qu’ils donnent des points, il vous faudra récupérer les places de même couleur marquées d’étoiles. Ce sont des multiplicateurs indispensables, car une foultitude de bâtiments multipliée par « 0 » étoile donnera… un score au rabais.
Par ailleurs, il est possible d’augmenter la valeur des bâtiments en les construisant en hauteur. Mais il faudra sacrifier les bâtiments recouverts. Et c’est aussi le seul moyen de gagner des pierres, en recouvrant les carrières. C’est d’une logique imparable, la récupération des pierres se réalise dans le sacrifice des constructions initiales.
Il est indispensable de choisir les tuiles qui correspondent à votre projet, les agencer avec intelligence, parier sur l’avenir et aussi observer l’avancée des autres.
On en pense quoi ?
Nous avons testé pour la première fois « Akropolis » au dernier Festival International du Jeu de Cannes. Et la première impression a été très positive. La petite lumière qui scintille et que tous les joueurs connaissent « voilà un jeu qu’il est bon ! » n’a pas tardé à clignoter dans nos esprits.
Les règles vite assimilées sont abordables et accessibles par tous types de joueur.ses. Il est vivement recommandé de regrouper différentes générations et divers niveaux autour de la table. C’est un jeu stratégique et familial qui plaira à tout un chacun. La mécanique de prise de tuile est instinctive et le marché implique un mélange de chance et d’opportunisme qui donnent le frisson. On se retrouve à viser une tuile qui irait à merveille pour scorer un maximum, mais selon son ordre dans le tour, on peut se faire souffler la bonne option. Alors, vite, il faut trouver une orientation intéressante… ou contraignante pour la joueuse suivante.
Rien ne sert de courir il faut partir à point. Il faut aussi maîtriser l’espace. Est-il plus efficace d’étaler sa ville ou de construire en hauteur pour que chaque bâtiment rapporte plus de points ? Le subtil mélange des deux semble inévitable.
Certains reprocheront peut-être la difficulté d’installer une stratégie à long terme puisque le hasard peut aussi bien faire les choses que mal les engager. C’est un jeu très opportuniste, car il est indispensable de s’adapter à chaque tour à la découverte de la rivière de tuiles. Et observer le marché avec acuité pour éviter de laisser de bonnes tuiles tomber aux mains des adversaires.
Car chacun.e construit sa ville devant soi, et l’interaction se situe au niveau du marché. Prendre ou ne pas prendre, telle est la question… quand celle-ci n’est pas tranchée cruellement par un manque de ressources.
Ce mélange de satisfaction et de frustration est permanent tout au long de la partie et donne vraiment du corps au jeu.
En outre, chaque partie sera différente puisque le tirage initial va donner le tempo du jeu et chaque joueur.se va emprunter son propre chemin… qui se modifiera au fil des tours au gré du tirage de tuiles.
Avec sa part de hasard, ses choix permanents, ses règles accessibles, « Akropolis » est un titre familial que l’on peut classer comme jeu passerelle. Il a tous les atouts pour attirer des apprentis ludistes dans l’univers du jeu de société dit moderne, tout en donnant aux joueurs.ses aguerri.es l’occasion de se creuser les méninges.
« Akropolis » est un sans faute. Le type même du jeu parfaitement léché qui peut séduire tout un chacun. C’est un futur classique, à n’en pas douter.
À lire sur la Yozone :
- Entretien avec Jules Messaud, auteur du jeu
Akropolis
Thème : construction de cité pendant la Grèce antique
Mécanique(s) : pose de tuiles, stratégie, optimisation de placement
Âge : 8 ans et +
Nombre de joueurs : 2 à 4
Durée d’une partie : 25 minutes
Auteur(s) : Jules Messaud
Illustrateur(s) : Pauline Détraz
Éditeur : Gigamic
Date de sortie : 8 juillet 2022
Illustrations © Pauline Détraz & Gigamic