Le héros n’a plus de nom, on l’appelle “l’Interne”. Il se posera beaucoup de questions et évoluera de victime passive à acteur engagé de la cause de l’Af-East.
Dans quelques dizaines d’années, les pays riches d’aujourd’hui (Europe, Amérique du Nord essentiellement) se sont lancés à la conquête de l’espace. Les planètes du système solaire et leurs lunes sont colonisées. On projette de terra former Mars et Vénus. L’essentiel des moyens financiers y est consacré. Mais, pendant ce temps, l’Afrique est laissée à l’abandon. Avec le réchauffement climatique, la désertification progresse et les hommes meurent par milliers, de faim et de maladies. Une organisation essaye de parer à l’urgence de cette détresse et emploie tous les moyens, y compris terroristes, pour parvenir à ses fins.
Pendant les trois-quarts du livre, on suit l’évolution psychologique de “l’Interne”. Tout en travaillant dur comme humanitaire, il va détester puis apprécier ceux qui l’ont enlevé, et surtout se poser des questions sur les moyens douteux employés pour défendre une cause juste.
C’est à ce niveau que l’on peut parfois décrocher. Tour à tour révolté contre son sort de victime, puis convaincu par la nécessité et l’urgence d’empêcher ces morts innombrables, il s’échappe par miracle du désert puis travaille pour l’Af-East depuis Genève, détournant moyens et informations, poursuivi par les services spéciaux, utilisé par les rebelles de l’Af-East (dont deux femmes superbes, à la fois gentilles et très méchantes). On ne sait trop s’il fait tout ça contraint ou par choix. Il tient à garder intacte sa conscience et ses principes et conteste les méthodes de ses nouveaux amis.
La fin du roman est un peu confuse. Il tombe amoureux d’une belle Tatiana, informaticienne surdouée prochaine cible d’enlèvement par l’Af-East, s’oppose à ce projet tout en étant poursuivi par les barbouzes européens qui veulent sa mort. Il parvient à sauver Tatiana de ses ravisseurs, puis, enfin décidé, mais par sa seule volonté, il repart avec elle en Af-East pour travailler avec les Africains (définitivement coupés des pays industrialisés) à la “terra formation” du désert en oasis (d’où le titre).
Les démonstrations sur la façon dont l’Afrique a été exploitée puis abandonnée, sur l’absence de scrupules du capitalisme, sur l’horreur de la misère, conséquence directe du mode de fonctionnement des politiques, sont convaincantes sans être didactiques ni pénibles. Elles emportent l’adhésion et nous rendent l’auteur très sympathique.
Cet ouvrage est un roman militant et engagé, mais c’est aussi un “thriller”, facile à lire et qui, malgré sa noirceur, finit sur une note optimiste.
Titre : Demain, une oasis (Grand Prix de l’Imaginaire 1993)
Auteur : Ayerdhal
Éditeur : Au diable vauvert
Site internet de l’éditeur : http://www.audiable.com
Collection : Littérature Générale
Couverture : ? photo Getty
Nombre de pages : 245
Dépôt légal : septembre 06
Format (en cm) : 19,5 x 1,5 x 13 (broché)
EAN : 9782846261173
ISBN : 2-84626-117-2
Prix : 17,50 €